2. LES REACTIONS FACE A LA DESILLUSION

A ces déceptions, chacun réagit selon ses modes habituels de défense :

A. L’acceptation

Si j’accepte l’autre tel qu’il est, je minimise la déception, l’incident, je lui trouve des excuses ; je prête même attention à d’autres attitudes qui viennent compenser ce sentiment. C’est là une réaction dictée par l’amour.

B. La fausse acceptation

Au premier abord, cette façon de réagir revêt la même apparence : je nie mon désappointement, je refoule ma frustration, je fais semblant de ne rien voir, je ne montre rien. Malheureusement une tension accumulée et refoulée finit par se décharger, contre moi-même ou bien à propos d’un incident même futile. La tension prend finalement des proportions inattendues. C’est le phénomène du sentiment élastique.

C. La fuite

Il est aussi possible, consciemment ou non, de refuser d’être déçu. Je m’isole, je me replie sur moi, je cherche en fait à me protéger moi-même. Cet état n’a parfois qu’un caractère passager, mais il risque aussi de se prolonger. Dans ce cas, on aboutit à diverses formes d’oubli, que ce soit dans l’alcool, l’excès de travail, les maladies psychosomatiques, la dépression, etc.

Une femme souffrait de dépression dont personne n’arrivait à trouver la cause. Son enfance avait été heureuse, elle n’avait ni problèmes de couple ni difficultés avec son entourage. Sa seule insatisfaction était la maison que son mari avait choisie : elle ne l’aimait pas. Cependant, elle n’en voulait aucunement à son époux. Elle répétait à qui voulait l’entendre qu’il possédait un jugement sûr, qu’il se montrait attentionné et gentil, et qu’elle lui faisait pleinement confiance.

C’est son mari qui finit par prendre conscience de la situation : incapable d’exprimer son insatisfaction, elle l’avait enterrée et refusait d’avouer qu’elle lui en voulait. Le problème fondamental ne résidait pas dans le fait que le mari avait acheté une maison qui ne plaisait pas à sa femme, même si cela représentait un facteur important. C’étaient les bases de leur relation qui avaient commencé à montrer des signes de faiblesse : il n’y avait ni compréhension ni communication profondes. Elle avait refoulé ses sentiments et, comme cela se produit dans ces cas-là, ils avaient resurgi sous forme de dépression.

D. La recherche active de compensation

Si je suis moins passif, je reporte mon affection sur les enfants, je recherche un succès professionnel ou sentimental ; cela va parfois jusqu’à l’organisation d’une double vie.

E. La rupture du dialogue

Je cohabite dans le silence avec mon partenaire pendant des semaines ou des mois.