LES ASPECTS POSITIFS ET NEGATIFS DES CONFLITS DE COUPLE

© Jacques et Claire Poujol, Conseillers Conjugaux et Familiaux. Pages extraites de leur livre «Vivre à deux – bien communiquer, gérer les conflits», Empreinte Temps Présent, 2012. Disponible sur le site de la librairie 7ici ou par mail.

 

C’est seulement si l’on pense qu’un couple, pour bien fonctionner, doit être exempt de conflits, que l’on va décréter que ceux-ci sont mauvais et anormaux. Mais considérer qu’un couple sans mésententes apparentes est « normal » est une appréciation purement subjective !

Il est important de décider si nous les considérons comme naturels, inhérents à toute relation entre deux personnes, ou comme un élément négatif, nocif, à éliminer à tout prix. L’optique change en effet du tout au tout !

Pensons à certains ménages qui déclarent fièrement ne jamais se disputer. On est tenté de s’exclamer : que c’est beau ! Mais à y regarder de plus près, cette « harmonie » dissimule peut-être le fait que l’un des partenaires a perdu, en tout ou en partie, sa personnalité et s’est soumis aux désirs et aux caprices de l’autre. C’est souvent le cas des épouses qui tirent leur identité du rôle social de leur mari. Leur vie a tendance à être terne, ennuyeuse. Est-elle « normale » ? A notre avis, cela s’apparente plutôt à une relation dominant-dominé.

N’est-elle pas plus passionnante, la vie de ces foyers où chaque époux s’affirme comme différent et garde sa personnalité (cela ne veut pas dire qu’il exprime son mauvais caractère !), ce qui ne manque pas d’occasionner quelques divergences qu’ils s’efforcent de gérer ensemble ?

En réalité, les conflits de couple ne sont ni tout bons ni tout mauvais ; dans leur dynamisme ils sont ambivalents car ils lancent un défi aux partenaires : auront-ils les ressources nécessaires pour surmonter la crise, évoluer et atteindre un nouvel équilibre ou bien sombreront-ils dans la passivité (on n’a plus rien à se dire parce qu’on refuse, par peur, d’affronter l’autre), l’incohérence, la violence, ou la séparation ? Et cette violence est tellement sous-jacente dans toute tension que c’est là que réside le risque.

Une mésentente conjugale, en tant que relation sociale, représente un moment de vérité, une vérification de l’état de cette relation. Elle peut la renforcer ou l’affaiblir, inciter l’homme et la femme à se rapprocher ou à s’éloigner, la rancune au cœur, blessés émotionnellement et animés d’une hostilité difficilement surmontable dans l’avenir.

Un affrontement dans le couple contient d’une part le germe de la destruction, de la violence et de la douleur, mais d’autre part le germe d’une plus profonde unité et d’une meilleure compréhension mutuelle. Comme toute énergie qui se libère, à partir de l’atome, de l’essence ou de la dynamite, il a un aspect négatif et un aspect positif. S’il est mal géré, il est destructeur. Mais s’il est bien compris et bien géré, il va permettre une avancée positive dans la relation, de même que l’essence peut faire exploser une maison ou faire avancer une voiture.