1. Ce qu’est le complexe d’Œdipe
Il consiste en deux tendances interdépendantes, l’attachement érotique de l’enfant pour le parent du sexe opposé et l’hostilité pour le parent de même sexe.
Ce complexe, découvert par Freud, constitue une étape normale dans la croissance psychologique de l’enfant, il n’a rien de pathologique. C’est sa non-résolution qui peut le devenir ; nous verrons ce qui se passe lorsque les conjoints ne se sont pas détachés de leur père ou de leur mère.
Freud l’a appelé complexe d’Œdipe par référence à la mythologie grecque.
Fils de Laïos, roi de Thèbes, et de Jocaste, Œdipe est éloigné du palais paternel dès qu’un oracle apprend à ses parents qu’il tuera son père et épousera sa mère. Fuyant sa patrie pour échapper à la prédiction, il se querelle un jour avec un vieillard inconnu qu’il tue. C’était Laïos, son père. Arrivé à Thèbes, il sait répondre aux énigmes du Sphinx, terreur de la ville. En témoignage de gratitude, les habitants de Thèbes proclament Œdipe roi et Jocaste, sa mère, devient sa femme. Dans la tragédie de Sophocle, intitulée Œdipe roi, Jocaste se pend et Œdipe, fou de douleur, se crève les yeux et part errer sur les routes. Il a donc commis un parricide et l’inceste.
Avant trois-quatre ans, l’enfant vit essentiellement dans un rapport exclusif avec sa mère.
Mais vers la quatrième année, le garçon se prend d’un vif amour pour celle-ci (« Maman, c’est avec toi que je me marierai quand je serai grand ! »), et simultanément éprouve de l’agressivité à l’égard de son père, en qui il voit un rival heureux, et dont il admire et envie les qualités et la puissance. Inconsciemment, il souhaite sa mort, pour prendre sa place. Ce sentiment violent est assorti de la crainte que son père n’éprouve envers lui les mêmes désirs de mort, et d’une forte culpabilité.
Lorsque le conflit œdipien est bien vécu par le petit garçon et par les parents, il se résout de manière heureuse : il permet la découverte de l’identité sexuelle puisque le petit garçon, en rivalisant avec son père, accède à sa masculinité et découvre sa spécificité de petit mâle (possession du pénis comme papa). Il s’identifie au père et devient moins dépendant de sa mère.
La rivalité œdipienne cessera par le refoulement partiel des pulsions incestueuses, en interdisant à jamais la relation duelle avec la mère. Les parents doivent être attentifs à la crise qu’il traverse, et ne pas jouer l’ambivalence. Tout en restant affectueux, ils doivent affirmer que non, jamais, il n’épousera sa mère, que celle-ci est déjà mariée avec papa.
Si le conflit œdipien est mal vécu, le petit garçon reste attaché de manière excessive à sa mère, il demeure en rivalité avec le père et cherche à l’exclure de ses relations avec la mère. Il est fréquent que le père soit jaloux du fils, car il veut conserver sa femme rien qu’à lui tout seul.
On observe une situation symétrique chez la petite fille qui désire inconsciemment séduire son père. Le conflit œdipien lui permet de se découvrir différente de ce dernier ; elle va se rapprocher de sa mère et trouver son identité féminine à être comme maman.
Si le conflit œdipien se résout mal, la petite fille reste attachée de manière excessive à sa mère. Elle demeure en rivalité avec le père et cherche à l’exclure de ses relations avec la mère. Il est fréquent que celle-ci soit jalouse de sa fille et ne supporte pas qu’elle s’attache à une autre personne, même à son père.
En résumé, le complexe d’Œdipe est un rapport de forces affectif et sexuel au sein d’une famille. L’enfant en est à la fois sujet et enjeu. S’il reste prisonnier de l’attachement œdipien, il ne peut grandir et structurer son moi, car il demeure dans l’impossibilité de dépasser une relation duelle et exclusive. Il noue de ce fait une relation névrotique au parent de sexe opposé tout en éliminant le parent de même sexe qui est l’obstacle à sa passion amoureuse.
Une mauvaise résolution de l’Œdipe entraîne que l’enfant n’est plus sujet de son développement, mais un enjeu de séduction, de manipulation, d’autoritarisme ou de démission.