LA JALOUSIE DANS LE COUPLE

© Jacques et Claire Poujol, Conseillers Conjugaux et Familiaux. Pages extraites de leur livre « Vivre à deux – bien communiquer, gérer les conflits », Empreinte Temps Présent, 2012. Disponible sur le site de la librairie 7ici ou par mail.

 

Le « plus grand de tous les maux » selon Stendhal, se résume en une crainte, fondée ou non, que l’être aimé nous abandonne au profit d’un autre. Une jalousie occasionnelle et limitée est normale, et elle est même une marque de l’amour. Mais elle devient pathologique quand elle est obsessionnelle. C’est alors un poison mortel, qui nuit à de nombreux couples.

Elle trouve sans doute son origine dans la tendre enfance : si on a mal supporté l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur, on peut vivre à l’âge adulte dans la crainte que l’amour dont nous sommes l’objet nous soit retiré et soit accordé à un autre.

L’origine de la jalousie est donc la possessivité, celle-ci étant l’extériorisation d’un sentiment d’insécurité  : on est possessif quand on n’est pas sûr de soi, quand on ne s’aime pas soi-même, qu’on a peur d’être abandonné et qu’on a besoin d’être aimé par l’autre pour être convaincu de sa propre valeur.

Aimer un être de manière possessive n’est pas aimer véritablement ; c’est seulement le fait d’avoir besoin de cette personne.

En fait, plus un homme est possessif, moins sa femme est portée à l’aimer ; moins une femme est pathologiquement soupçonneuse, plus son mari est porté à l’aimer. On demande parfois une telle sécurité affective à l’autre, qu’on l’emprisonne pour qu’il ne s’échappe pas. C’est le plus sûr moyen de le voir prendre ses distances, dans un mouvement réflexe de survie psychique !

Dans un couple, parce que la confiance y règne, chacun devrait être laissé libre d’être lui, libre d’aller et venir, sinon c’est la sclérose. Il n’y a alors plus de rencontre de l’autre dans la différence, mais seulement l’emprise sur l’autre comme s’il était une partie de soi.

Il est très important que l’homme et la femme soient séparés, dans le sens d’une séparation psychique, d’une reconnaissance de l’altérité de chacun.

Le jaloux est obsédé par la pensée de l’infidélité sexuelle (réelle ou imaginée) de son partenaire. Il est soupçonneux, accusateur, colérique, jusqu’à s’en rendre malade. Il existe même des « jaloux rétrospectifs » qui sont tourmentés par les liaisons amoureuses antérieures du conjoint… La jalousie n’est pas du tout un critère de fidélité, bien au contraire ! Le jaloux l’est d’autant plus qu’il pense à ses propres infidélités, ou tentations d’infidélité. Sa sexualité se caractérise par l’excès, l’hostilité, le désir de revanche voire le sadisme.

Dans beaucoup de cas, il a conservé dans sa mémoire le souvenir d’un père ou d’une mère infidèle. Le mari jaloux confond donc son épouse avec sa mère infidèle, et la femme jalouse confond son mari avec son père infidèle.

Certaines personnes suscitent exprès l’inquiétude de leur partenaire, pensant ainsi raviver la passion amoureuse : elles sont insaisissables, cultivent leur jardin secret, répondent évasivement aux questions sur leur emploi du temps, etc. Mais ce petit jeu est dangereux.

Le jaloux est difficile à soigner car il ne désire pas vraiment guérir. Il perçoit les risques de sa « maladie », mais ne peut s’en guérir, tout comme un drogué ne peut se défaire de sa drogue. Rien ne sert de le raisonner, puisque ses tourments sont précisément irrationnels.

Si sa jalousie est vraiment obsessionnelle, il peut envisager une psychothérapie visant à en rechercher les facteurs sous-jacents et le personnage de son enfance auquel s’adresse en réalité ce sentiment. Le thérapeute l’aidera aussi à être moins possessif, en subvenant à ses propres besoins d’amour et d’estime  ; il l’aidera à développer sa confiance en lui, sa tolérance à la frustration, et à comprendre que son conjoint est libre, qu’il n’est pas sa chose, son jouet, son esclave, son pansement.