LA SENSIBILITÉ DE L’HOMME ET DE LA FEMME

© Jacques et Claire Poujol, Conseillers Conjugaux et Familiaux. Pages extraites de leur livre « Vivre à deux – bien communiquer, gérer les conflits », Empreinte Temps Présent, 2012. Disponible sur le site de la librairie 7ici ou par mail.

 

Hommes et femmes éprouvent les mêmes sentiments, mais n’utilisent pas le même langage émotionnel, les mêmes codes, pour les manifester. C’est l’un des problèmes essentiels dans les couples.

L’homme supporte mal les douleurs physiques : c’est un « douillet », un « grand enfant », dès qu’il est souffrant. De même les émotions fortes (joie ou tristesse) l’épuisent. La vue de la souffrance lui est intolérable. En temps ordinaire, il est peu impressionnable et plutôt placide. Sa sensibilité nécessite un taux élevé d’intensité de stimulation pour être affectée. Lorsqu’il souffre, il a davantage besoin d’être compris par sa femme que d’être consolé. Dans le domaine du plaisir (sexuel par exemple), il aime des sensations fortes, violentes.

Donc il n’est pas dénué de sensibilité, mais souvent il ne la ressent pas, ou plus. On lui a tellement appris à ne pas montrer ses sentiments ! Cependant, plus un homme s’efforce de dominer ses sentiments, plus ils le dominent. Son impassibilité apparente est sa défense, qui lui permet de paraître invulnérable. Ces mesures protectrices, ces défenses, ont l’inconvénient de le couper de son intériorité, de son ressenti. Il faut souvent l’écoute chaleureuse d’un psychothérapeute pour qu’un homme consente à montrer qu’il souffre. Lorsqu’il va mal, il déclare : « Ce n’est rien, ça va passer. » Il s’agite, plonge dans l’hyperactivité pour oublier ses soucis. Si cela ne suffit pas, il somatise, fait un ulcère, etc.

La sensibilité de la femme (que les hommes qualifient de… sensiblerie) est tout autre. Le taux de stimulation est ici nettement inférieur. Une femme pleure sans honte, n’hésite pas à se laisser aller, même en public. Elle ressent une riche palette de sentiments. C’est ce qui la rend si sensible à la qualité de la relation interpersonnelle, et par conséquent si dépendante.

La psychologie féminine est souvent pour l’homme une grande inconnue, sa complexité l’effraie. Il conclut parfois que la femme est simplement un être bizarre, et devant des comportements qui le désorientent, il dira seulement : «  Que voulez-vous, c’est une femme ! »

On a dit que la femme est une « spécialiste socio-émotionnelle » : elle fait preuve d’un intérêt marqué, prioritaire, pour les personnes et pour les sentiments. Cela explique sa plus grande facilité que l’homme à écouter Dieu et à ressentir sa présence. Par ailleurs, lorsqu’un couple va mal, c’est le plus souvent la femme qui prend l’initiative de rechercher de l’aide.

Face à son conjoint, la femme hésite parfois à raconter tout ce qu’elle éprouve. Lorsqu’elle souffre, elle a moins besoin d’être comprise que d’être consolée par celui qu’elle aime, de se blottir dans ses bras.

Nous illustrerons les différences de sensibilité chez l’homme et la femme par le regard que ceux-ci portent sur une personne de sexe opposé et par la manière de donner et de recevoir des cadeaux.

Tout homme normalement constitué aime regarder une jolie femme et apprécie son apparence physique. Contempler une belle silhouette, des jambes fines, lui procure une certaine satisfaction. Cela n’entraîne aucune déloyauté envers sa femme, mais le fait de s’être marié ne l’a pas rendu aveugle !

Une femme regarde plus rarement un autre homme aussi franchement, mais établit bien plus souvent des comparaisons. En société, elle est très capable de prendre part à une conversation animée et de laisser son regard se poser sur un homme en se demandant quel genre de partenaire il ferait. S’il a une certaine prestance et semble cultivé, la gaucherie de son mari lui paraîtra encore plus évidente. S’il est attentionné, le manque d’égards de son époux lui sera encore plus flagrant. Ce processus est parfois conscient, le plus souvent inconscient.

Une autre différence, encore plus subtile : lorsqu’elle pénètre dans une pièce, la femme jette un coup d’œil rapide sur les autres femmes présentes. Il s’agit d’un inventaire instantané, très rapide, qui prend en compte les vêtements, le visage, la silhouette et la personnalité. Même si elle-même est belle et pleine de charme, elle éprouve malgré tout le besoin de se comparer avec les autres femmes présentes. Cette manière de faire est universelle et si peu consciente que la majorité des femmes ne se rendent pas compte que c’est un véritable automatisme.

Un homme qui pénètre dans une pièce ne commence pas par regarder les hommes. Son regard se pose automatiquement sur les femmes qui sont là. Il ne se demande pas ce que les autres hommes vont penser de lui, mais bien plutôt quelle impression il va produire sur les jolies femmes de l’endroit.

La manière de donner et de recevoir des cadeaux illustre bien les différences de sensibilité. Quelle que soit la valeur d’un cadeau, il a pour les deux sexes une connotation différente. Une attention de ce genre touche beaucoup la femme, et elle l’accepte non comme un objet de valeur, mais plutôt comme un signe de reconnaissance de sa personne, une expression d’affection.

Elle s’imagine souvent que l’homme y attache autant d’importance qu’elle et qu’il a la même signification pour lui, ce qui est rarement vrai. Si la femme a choisi elle-même ou suggéré son cadeau, son plaisir en est diminué. Son sentiment, c’est « qu’il aurait pu y penser lui-même ». De son côté, l’homme qui aura été critiqué, rabaissé ou défié d’une façon quelconque par sa femme ne verra aucune raison de lui faire plaisir.