3. Les structures familiales
A. Le système, les sous-systèmes
La famille est une organisation vivante qui a ses lois propres, cherchant toujours à maintenir un équilibre à la fois interne et externe (avec le monde qui l’entoure). Ce système a aussi ses sous-systèmes différenciés, tels ceux des parents, des grands-parents ou des enfants. Lorsqu’il y a confusion entre les générations, l’enfant peut vouloir remplir un rôle qui n’est pas le sien, être le parent de l’un de ses parents. De même, un parent frustré par son conjoint peut développer une alliance illégitime (petite femme, petit mari) avec son enfant. Cette relation est alors qualifiée d’incestuelle (à ne pas confondre avec l’acte d’inceste, bien que pouvant y conduire).
B. Les frontières et les règles
Les frontières (ou limites) peuvent être considérées comme des règles invisibles qui régissent les relations entre les membres de la famille. Elles peuvent être rigides dans un système familial fermé où l’un des parents contrôle tout, où la peur du monde extérieur règne. Elles peuvent être floues (ou diffuses), et n’offrir qu’insécurité et manque de structure, chez d’autres. Dans certains cas, la recherche d’un système extérieur (personne autoritaire, communauté légaliste, secte fermée, etc.) remplace le système familial défaillant.
Les règles doivent être claires pour que les frontières puissent être comprises.
Par exemple :
- qui a le droit de participer à quoi ?
- qui a le droit de parler à qui ? à quel sujet ?
- quelles émotions peuvent être exprimées ? envers qui ? et de quelle manière ?
- de quelle manière prend-t-on des décisions ? comment résout-on les conflits ?
- comment les enfants peuvent-ils se désengager de leur famille ? etc.
C. Les rôles
Qu’il me suffise de mentionner le triangle dramatique de Karpman, bien connu, selon lequel chaque être humain entre dans l’un ou l’autre des rôles « Sauveteur-Persécuteur-Victime ». Qu’il soit le héros de la famille, le bouc émissaire ou le créateur d’ambiance, cela ne change rien au fait qu’il n’est pas libre. Il a souvent été désigné dans ce rôle, et il doit y consentir pour que la famille maintienne son équilibre. Parfois, il choisit lui-même son rôle en fonction du contexte familial, et entre ainsi de plein gré dans un conditionnement qui ne lui permettra pas d’être sujet.
D. La triangulation
Il s’agit d’une construction émotive entre trois personnes. Quand l’angoisse entre deux personnes augmente, celle qui est en difficulté va en solliciter une troisième pour partager son fardeau. Grâce à elle, l’angoisse diminue et se dilue.
Prenons un exemple. Une épouse n’est pas satisfaite de sa vie de couple. Son mari, de profession scientifique, fuit dans son travail. Frustrée, elle reporte son besoin affectif sur son fils cadet qui, plein de sensibilité, le lui rend bien. La famille répète pendant des années ce jeu de la triangulation, où chacun tient son rôle, afin d’assurer un certain équilibre familial. A l’entrée de l’âge adulte, au moment de quitter la maison pour des raisons professionnelles, ce jeune homme présente cependant des signes d’angoisses et de dépression…
E. Les héritages générationnels
Un enfant devenu adulte peut être porteur d’un héritage reçu de ses parents ou grands-parents, sans le savoir. Il peut s’agir d’une culpabilité, d’une angoisse (d’abandon, de mort), d’une peur de manquer, etc.
Par exemple, un homme croit qu’il porte en lui une faute, tout en ressentant confusément qu’elle ne lui appartient pas. Il en sera délivré lorsqu’il fera le lien, en thérapie, avec une culpabilité refoulée de son père qui avait pris sur lui la mort accidentelle de son frère, alors qu’ils étaient encore jeunes enfants.