La juste place à développer avec des parents toxiques

LA JUSTE PLACE À DÉVELOPPER AVEC DES PARENTS TOXIQUES

 

Idéalement le bon parent syntonise les besoins de son enfant par sa présence et son empathie.

Par contre, si le parent est en détresse ou absent, il ne sera pas disponible pour répondre adéquatement à son enfant. Celui-ci développe alors l’habitude de tourner sa vitalité vers l’extérieur de lui dans l’espoir de maintenir à tout prix le lien avec son parent. Sinon, sans cet amour l’enfant meurt.

L’enfant, en voulant se protéger de l’absence, du vide, de la froideur, se coupe du même coup de son excitation vitale. Il centre son attention sur les exigences et les désirs parentaux, peu importe à quel point ses demandes sont irrationnelles et destructrices pour lui. L’enfant apprend à stabiliser son parent. Il tente ainsi d’éviter sa propre douleur d’être abandonné.

Je ne suis peut-être pas dépendant de l’alcool, des drogues ou du sexe, mais je recherche mon bien-être par procuration quand je porte la responsabilité de la vie, de l’humeur, du bien-être de mon parent, de mon client, de mon conjoint, etc.

Quand je suis si concentré à arranger l’autre, je ne suis plus présent à moi et par conséquent, je ne suis plus vraiment disponible à l’autre. Ce qui occupe mon esprit est ce contrat. Je suis en lien avec ce que je crois que l’autre a besoin. Je suis dans le faire et non dans l’être. Ceci n’est pas bon, je perds ma vitalité. Je me sens anxieux, tendu, et épuisé, je perds ma libido. Je me donne des contrats unilatéraux, c’est-à-dire que l’autre n’est pas au courant de ce que je veux arranger chez lui.

Si ça ne vient pas, je suis frustré, contrarié, fâché…

Je ne suis pas une mauvaise personne quand je fais cela, cela m’a permis enfant de m’identifier, de me sentir aimable, utile, apprécié, mais ce n’est pas mon véritable moi, « ma juste place ».

On peut heureusement choisir de ne pas se laisser tomber pour obtenir l’amour.

Changer de comportement ne peut suffire, car c’est un réflexe beaucoup trop ancré dans ton corps.

Dis-toi et écris : « Tu n’étais pas mauvais enfant, de ne pas avoir rendu papa ou maman (ou une autre cible) heureux, sobre et en bonne santé, etc. » C’est beaucoup trop pour un petit garçon ou une petite fille.

Redis-toi : « Je n’ai rien fait de mal. Je mérite de me sentir bien. je ne suis pas mauvais et égoïste quand je prends soin de moi ».

Je ne suis pas égoïste quand je pense à moi, quand je respecte mes besoins, ou quand j’agis en ma faveur. J’ai une identité propre. J’ai le droit d’exprimer ce que je pense ou de demander ce que je veux.

Exprimer mes sentiments et mes besoins de manière appropriée est un geste de respect pour moi et pour les autres. Pour être aimé et respecté, je n’ai pas à taire mes sentiments ou mes besoins réels.

Je n’ai ni le pouvoir, ni le contrôle, ni la responsabilité de la vie des autres.

J’aimerais ajouter qu’en fin de compte si j’ai développé un réflexe de m’abandonner pour être en lien avec l’autre, je peux très bien le changer. C’est-à-dire, même en m’occupant des autres j’apprends à ne pas m’oublier moi (je tiens compte des mes propres besoins et j’arrête aussi d’en prendre trop large en responsabilités de la vie des autres). Je retrouve ainsi ma propre frontière et je délimite celle de l’autre.

De toute façon, on le ressent. Si on s’oublie trop en relation d’aide, ou devant un parent adulte qui a été et qui peut être encore dysfonctionnel, on peut se sentir vidé, frustré.

A nous de retrouver notre  juste place.

Abby

Psychothérapeute (Québec)