2. Les interactions familiales

Nous pouvons distinguer deux types d’interactions : les familles enchevêtrées, très fréquentes chez les chrétiens, et les familles désengagées.

A. Familles enchevêtrées

Dans les familles enchevêtrées (ou fusionnelles), l’unité et l’harmonie (où l’absence de conflit est la règle absolue) sont considérées comme la source majeure de gratification (et de bénédiction !). Le système tolère peu les différences individuelles, et les membres ne sont pas encouragés à se différencier ou à devenir indépendants. Quitter sa famille peut devenir difficile et angoissant. Cela ne peut se faire que selon des normes strictes, où chacun doit rester attaché à sa famille d’origine. Certains enfants devenus adultes, homme ou femme, restent célibataires ou n’ont pas encore quitté leurs parents à 40 ans. Des filles passent d’un état d’enfant à celui de mère, sans avoir atteint la maturité de femme adulte (au mieux, elles restent « femme soumise »). Des garçons cherchent (et trouvent !) chez leur épouse la reproduction du modèle « mère-fils ».

Les problèmes sous-jacents qui en découlent sont :

  • La tendance à la dépendance (qui peut être mutuelle !) et à l’infantilisation par une survalorisation de la relation parents–enfants. Il est donc difficile de devenir autonome.
  • La peur de la désintégration. La personnalité de l’enfant ayant été envahie par ses parents, il a des frontières personnelles mal définies parce que non construites. Il ne sait pas comment assurer sa propre protection sans les autres.

B. Familles désengagées

Dans les familles désengagées, à l’inverse des familles enchevêtrées, la tendance est l’expulsion des membres vers l’extérieur, par rejet affectif. La plupart des sentiments et des besoins des enfants ne sont jamais reconnus, ce qui leur fait croire que leur ressenti est inadéquat. Les membres tendent à se différencier les uns des autres, et à avoir des relations distantes. Dans ces familles, les rôles parentaux ne sont pas stables. Les règles familiales sont incohérentes, avec des modes de communication chaotiques et inconsistants. C’est le cas en particulier des familles d’alcooliques, et celles où règne la violence sous une forme ou sous une autre.

Les symptômes de ces familles sont conditionnés par le rejet. Elles ont des difficultés à se lier et à créer des liens. Les enfants n’ayant pas pu construire de relations satisfaisantes à l’intérieur de la famille, ils sont de même incapables de le faire ailleurs.