2. Le conjoint trompé

  • Lorsqu’il apprend son malheur, il doit d’abord se donner la permission de laisser s’exprimer la violence de ses émotions (colère, jalousie, déception, tristesse, désespoir), sans les minimiser ni les sublimer, car elles sont normales.

Celui qui réalise qu’il a été trompé ressent une terrible souffrance, un coup de poignard au cœur. C’est l’un des traumatismes les plus éprouvants qui soit. C’est comme si l’autre retirait d’un coup le pansement que l’amour conjugal avait posé sur ses blessures existentielles. La trahison met à nu et réactive toutes ses douleurs passées, ses peurs profondes d’être délaissé, abandonné, trahi, sa terreur de ne plus être aimé.

  • Il doit ensuite s’efforcer de réfléchir, seul ou avec l’aide d’un conseiller, ne surtout pas mettre au courant les enfants, les parents, les beaux-parents, ni les amis.
  • Il ne devrait pas remettre d’emblée en question l’existence de son couple. L’adultère est un péché grave, mais qu’on peut pardonner, et une souffrance intense, mais que l’on peut surmonter. Il faut penser aux enfants, au bonheur conjugal que l’on a essayé de construire jusqu’ici, éviter si possible le divorce.
  • Si l’autre a fauté, on peut se demander pourquoi. Il ne trouvait peut-être pas chez lui ce qu’il a cherché ailleurs. Que le conjoint trompé, sans pour autant se sentir coupable (même s’il se reconnaît une part de responsabilité dans ce qui est arrivé), évite donc de se poser uniquement en victime, mais reprenne la situation en main en étant acteur de l’avenir de son couple.
  • Ne pas soumettre le coupable à un questionnement policier ni prononcer des paroles définitives que l’on regrettera plus tard (« Je ne t’ai jamais aimé(e) », « je n’aurais jamais dû t’épouser », « je ne te pardonnerai jamais », etc.).
  • Evaluer la situation : est-ce une aventure sans lendemain, une passade sans investissement affectif ou bien une liaison prolongée et très investie amoureusement ? Ce point est essentiel.
  • Rechercher les causes profondes de cette crise, avec l’aide d’un conseiller conjugal. Le choc créé par l’adultère peut conduire à une salutaire clarification des besoins cachés de chacun (de plus de tendresse, de davantage de dialogue, d’une sexualité plus épanouissante, etc.) et à un redémarrage du couple. Mais ceci exigera beaucoup de tolérance, de compréhension et d’indulgence, des deux côtés.

Le pardon, qui n’est pas à confondre avec l’oubli (Dieu nous ayant pourvus de mémoire, nous ne pouvons oublier) est le gage d’une réintégration, et il est nécessaire, même s’il est très difficile à accorder (Robin Casarjian, Comment peut-on pardonner ?, Le jour). C’est la seule solution pour éviter que le ressentiment et la haine s’installent dans le foyer.

Mais celui qui a fauté doit comprendre qu’il a infligé une extrême souffrance à son conjoint, et que ce dernier aura besoin de beaucoup de temps pour lui témoigner à nouveau pleine confiance. « On peut pardonner une infidélité, mais on n’oublie jamais », a dit Simone de Beauvoir.

  • Les époux éviteront les allusions, les comparaisons, surtout sexuelles, les questions indiscrètes ; ils ne tomberont pas dans le piège malsain de prier pour l’ex-amant ou l’ex-maîtresse, car ce serait le ou la réintroduire dans le couple. Laissez Dieu s’en occuper.
  • Il reste un dernier problème : comment le coupable peut-il se pardonner à lui-même d’avoir fauté ? Le premier pas est d’avoir l’assurance d’être pardonné par Dieu, puis de recevoir le pardon que lui accorde son conjoint. Ensuite, s’il a des difficultés à se pardonner à lui-même, nous conseillons qu’il s’en ouvre à un pasteur ou un conseiller qui l’aideront à briser son cercle de solitude et de culpabilité.