1. Un ensemble disparate de méthodes de communication
A. L’approche théorique
La psychologie est une jeune science et ses applications psychothérapeutiques ont moins de 100 ans. Le nombre d’approches psychothérapeutiques différentes qui se sont développées ces 50 dernières années montrent que cette nouvelle discipline n’est pas encore arrivée à une maturité qui permettrait d’en comprendre rigoureusement toutes les articulations théoriques.
L´ambition initiale de la P.N.L. au début des années 70 était de développer un langage de description qui permettrait de décrire la structure des approches psychothérapeutiques existantes – béhavioristes, cognitives, approches centrées sur la personne, analytiques, transpersonnelles, etc. – dont les présupposés, les techniques et les modalités opératoires diffèrent de manière importante. Formant une sorte de « méta-modèle » ce langage permettrait de cartographier l´ensemble des modèles thérapeutiques existants afin de donner aux praticiens de ces différentes approches les moyens de reconnaître, au-delà des différences de surfaces, les structures communes à la base de leur efficacité, car toutes peuvent attester de résultats avec certaines personnes.
Au niveau théorique, la P.N.L. n’a donc rien de radicalement originale puisqu’elle aspire à unifier les apports de l’ensemble des praticiens de la psychologie. Elle s’inscrit cependant dans ce mouvement, développé par des scientifiques – principalement allemands et français – qui, au début du XX siècle, eurent besoin de modéliser le réel pour découvrir des solutions à de nouveaux problèmes. Ses concepts centraux ont donc logiquement souvent été empruntés à d’autres disciplines. Au cours de son développement la P.N.L. a toutefois élaboré des concepts et des distinctions théoriques spécifiques et à son tour développé un jargon spécialisé qui permet la discussion technique entre spécialistes, comme c’est le cas de toute approche nouvelle de forger un vocabulaire qui apparaît comme ésotérique au profane.
Sa nouveauté vient toutefois de son « orientation vers la solution ». Elle s’efforce essentiellement de trouver des constantes dans ce qui fonctionne, ce qui produit un résultat recherché, plutôt que d’expliquer pourquoi cela ne fonctionne pas. Cette différence, en apparence anodine, est néanmoins à la base d’une rupture conceptuelle avec d’autres approches psychologiques essentiellement issues du monde médical, trop souvent basé sur l’étude de la pathologie. En caricaturant on pourrait dire que, si vous débarquiez de Mars avec comme mission de comprendre le fonctionnement d’une voiture terrienne, vous auriez sûrement plus de chance d’y arriver en étudiant une voiture neuve en bon état de marche plutôt que de faire une étude archéologique parmi les épaves d’une décharge. La première finalité de cette approche est donc de rationaliser les pratiques grâce à une meilleure compréhension de leurs qualités opératoires afin de diminuer le temps passé et la souffrance vécue par les patients.
Elle est donc moins une approche de théorie fondamentale et plus, par essence, pratique et pragmatique. Elle intéresse aujourd’hui, outre les psychologues, psychothérapeutes et praticiens de la relation d¹aide en générale, les chercheurs scientifiques qui ont besoin de comprendre l’impact de l’expérience subjective du sujet sur le champ observé (autour de feu Francisco Varela, directeur de recherches au CNRS) ainsi que des praticiens d’autres domaines (travailleurs sociaux, pédagogues, etc.).
B. Critères de validation des modèles pragmatiques
La P.N.L. s’occupant de psychologie et non de physique, de réalités subjectives et non de faits matériels, il revient donc de considérer ses critères de validation en fonction de son champ d’étude. Si en physique, (champ d’étude des phénomènes externes) nous pouvons raisonnablement vérifier si une assertion est vraie ou fausse, en psychologie (champ d’étude des phénomènes intérieurs) et à fortiori dans l’intimité d’un cabinet de consultation, nous ne savons pas ce qui est vrai mais nous pouvons néanmoins déterminer ce qui fait sens pour le client et ce qui est efficace dans la démarche du praticien.
Les critères de validation qui s’appliquent à la P.N.L. se doivent donc d’être essentiellement pratiques et pragmatiques. En simplifiant, on peut dire que, confronté à la pratique, la mesure pertinente de la vérité est, dans ce cas, l’efficacité du résultat obtenu. Ceux qui sont intéressés par les résultats pratiques, préfèreront toujours un modèle approximatif qui fonctionne à une théorie complète et exhaustive mais qui ne débouche sur aucun résultat pratique.
C. Travaux de recherches et publications
Contrairement à ce que prétendent ses détracteurs, il existe une pratique de validation scientifique de la P.N.L. Vous trouverez à la fin du présent document une liste d’une soixantaine d’études menées dans le cadre d’universités ainsi qu’une liste non exhaustive de publications scientifiques dans des journaux professionnels spécialisés. Le fait que celles-ci soient en anglais ou en allemand ne suffit plus de nos jours pour clamer partout qu’elles n’existent pas.
Ces publications ne sont pas encore aussi nombreuses qu’on le désirerait car les développeurs de la P.N.L., toujours pratiques, se sont plus souciés jusqu’à présent de publier les détails de processus permettant d’augmenter l’efficacité qu’ils ont mis au point au cours de leurs recherches, plutôt que de se focaliser sur la validation de leurs principes de base. Même si certaines de ces publications présentent un degré de précision suffisante pour être exploitées, elles ne répondent toutefois pas toujours à l’ensemble des critères qui permettent de les accepter sans discussion par les praticiens de la recherche fondamentale (groupe contrôle, expérience en double aveugle, etc). L’Association Européenne des Psychothérapeutes P.N.L. (EANPt) étant consciente de ce fait, est actuellement en train de sponsoriser des travaux de recherches qui satisfont les critères scientifiques de manière rigoureuse. Ces travaux seront disponibles dans les prochaines années.
Des ouvrages rigoureux sur le sujet sont également apparus ces dernières années. Pour ne citer qu’un exemple les 1.600 pages de l’«Encyclopedia of Systemic Neuro-Linguistic Programming and NLP New Coding» de Dilts et DeLozier, paru en 2000, font référence dans ce domaine. Ces publications sont toutefois presque exclusivement en anglais, raison probable pour laquelle elles ont été largement ignorées en France jusqu’à présent et ont, par conséquent, échappé à un examen moins exhaustif qu’il n’aurait pu l’être. Encore une fois ce n’est pas une raison suffisante pour affirmer qu’elles n’existent pas.
Il est toutefois étonnant de constater à cet égard que ce reproche de manque de validation scientifique s’adresse à la P.N.L. et non à d’autres approches psychologiques : psychanalyse, gestalt, etc. De manière paradoxale, la P.N.L. a produit plus d’études rigoureuses que nombre d’autres approches pourtant communément acceptées dans nos sociétés.
D. Validation par l’expérience
L’enseignement de la P.N.L., lorsque celui-ci est conduit de manière sérieuse par des formateurs expérimentés qui en manifestent l’ensemble des présupposés, se base sur un principe de vérification par l’expérience, puisque chaque notion sera expérimentée pratiquement selon trois points de vue différents par l’étudiant (le rôle du praticien, le rôle du client et le rôle de l’observateur) afin de pouvoir en vérifier sa pertinence avant de l’adopter. Rien n’est donc affirmé de manière autoritaire mais, bien au contraire, chaque distinction ne sera adoptée qu’après la vérification pratique de son efficacité. Il s’agit d’une application pratique concrète d’une démarche scientifique. En effet une démarche scientifique est classiquement basée sur 4 actions majeures :
- une hypothèse
- la conception d’une expérience pratique
- le recueil de données
- le partage avec la communauté des pairs.
Lorsqu’une formation en P.N.L. est bien menée, elle applique ce principe de manière récursive afin d’en tirer les enseignements.
E. Validation par les pairs
Une pratique constante d’une approche scientifique consiste à soumettre ses hypothèses et découvertes à l’examen de ses pairs. Par pairs il faut alors entendre la communauté des personnes connaissant suffisamment le champ d’étude pour savoir élaborer une critique fondée sur des arguments objectifs. Ce sont en général les spécialistes du même domaine, ou de domaines connexes, et qui appliquent les critères de validations qui sont cohérent avec le champ d’étude.
L’EAP, Association Européenne des Psychothérapeutes, a considéré, après examens des études, publications et arguments fournis par l’EANLPt, que la spécialisation de la P.N.L. appliquée à la thérapie (communément appelée NLPt) constituait une approche valable présentant les qualités scientifiques et éthiques requises pour être acceptée en son sein. Cette reconnaissance n’est pas anodine puisqu’elle est délivrée par des spécialistes d’autres approches thérapeutiques (behavioristes, analystes freudiens, etc) qui ne partagent pas nécessairement certains des présupposés de la P.N.L., et sont donc peu enclins à avoir des faiblesses coupables à son égard. La candidature de la P.N.L.t n’en fut examinée qu’avec plus de rigueur. L’honnêteté intellectuelle et la rigueur scientifique ont étés les facteurs clés de cette acceptation.
F. Un ensemble disparate de techniques…
Tout comme les mathématiques sont un langage permettant de développer des applications concrètes, l´approche structurelle de la P.N.L. a permis de développer de nouvelles techniques, qui sont des applications particulières de principes thérapeutiques.
Ainsi, par exemple, la technique de “réimprinting”, mise au point par Robert Dilts, est une nouvelle manière de mettre en action des principes théoriques freudiens combinés avec les découvertes plus récentes de la psychologie cognitive et de l´éthologie.
Toutefois l’efficacité de ce processus de modélisation a également amené un développement exponentiel de nouvelles techniques et applications dans d´autres champs de l´expérience subjective humaine: vente, management, enseignement, etc. ce qui pourrait parfois occasionner dans l’esprit de certains une confusion entre l’approche scientifique et ses applications pratiques, un peu comme si nous confondions les mathématiques avec « un ensemble disparate constitué d´une voiture, d´un ordinateur et d´un baladeur ». Ceux-ci ne sauraient exister sans l´existence des mathématiques, mais les mathématiques elles-mêmes ne se réduisent pas à l´ensemble disparate des objets qu´elles ont permis de produire.
Comme la théorie des champs unifiés d’Einstein, l´ambition de la P.N.L. est d´arriver à produire une synthèse cohérente du champ de l´expérience subjective. Le modèle anthropologique original qu’elle propose est toutefois totalement méconnu ou même déformé par ses détracteurs qui, de ce faisant, manquent de la rigueur scientifique la plus élémentaire.