3. Un mouvement sectaire

A. La carte n’est pas le territoire

La P.N.L., lorsqu’on en comprend vraiment ses principes, est un antidote naturel au sectarisme. En effet la P.N.L. est une approche du monde qui se définit par ses présupposés fondamentaux. Le plus important à notre sens est celui qui affirme que « La carte n’est pas le territoire ». Cela veut dire que notre perception est essentiellement subjective. Nous ne percevons le monde qu’au travers des modèles que nous fabriquons. Toute personne qui applique réellement ce présupposé ne peut dès lors absolument plus soutenir qu’il connaît « La Vérité » et que les autres sont dans l’erreur. C’est en quelque sorte la source d’un respect des différences inhérent à la P.N.L. Quand bien même vous utiliseriez certains des outils que la P.N.L. a développés, si vous n’agissez pas à partir de ce présupposé, ce que vous faites n’est plus de la P.N.L.

Une des difficultés possibles du public vient du fait que trop de personnes confondent encore la P.N.L. – qui est une approche cherchant à décoder la diversité de l’expérience et du génie humain – avec ses artéfacts, ce qu’elle a développé comme techniques spécifiques de changement. Ces techniques sont des outils extraordinairement puissants pour modifier le monde intérieur de quelqu’un qui en souffre et désire changer. Ces outils permettent de réorganiser sa perception du monde d’une manière qui lui donne plus de choix. Si ces outils d’influence sont utilisés pour réduire les choix d’un individu, diminuer sa liberté, cela ne manifeste plus alors les présupposés fondateurs de la P.N.L.

B. Sa pratique pédagogique est secticide

La P.N.L. est, pour une large part, basée sur un principe pédagogique. Elle s’inscrit dans le champ des psychologies développementales. En gros, elle vise à vous apprendre à mieux réfléchir et à mieux penser par vous-mêmes, à éclaircir ce qui est important pour vous afin de pouvoir faire des choix plus conscients. Elle ne vous donne pas de contenus tels que quoi penser ou quoi croire, mais vous offre des processus, des manières de penser plus efficacement. Elle vous permet également de prendre conscience des croyances inconscientes qui vous pilotent et éventuellement d’en modifier certaines limites.

L’apprentissage du méta-modèle linguistique permet ainsi à toute personne l’ayant acquis de repérer les tentatives de manipulations auxquelles ont tenterait de la soumettre à son détriment. L’apprentissage de la définition d’objectif l’utilisation de modèle TOTE, etc constituent tous des outils destinés à développer de l’indépendance et de la liberté d’esprit. Les contrats explicites, tant au niveau des formations dont la durée et le prix sont connus dès le départ, que dans le cadre thérapeutique, constituent une anti-thèse des pratiques des mouvements sectaires.

C. Absence d’organisation pyramidale

Un des gros problèmes de la P.N.L. c’est son absence de représentation sociale due à son manque d’organisation. En caricaturant, on pourrait presque dire qu’il y autant de P.N.L. différentes que d’individus qui la pratiquent. Les fondateurs historiques (Bandler et Grinder) échouèrent en ce qui concerne la structuration communautaire et cela fait déjà un moment que leur modèle initial est considéré comme dépassé et obsolète par les praticiens européens. Le seul réel « leader » est probablement Robert Dilts qui est unanimement respecté par la qualité humaine, le respect et la tolérance de son approche. Il a toutefois toujours décliné la proposition de prendre une quelconque responsabilité sociale ou politique dans l’organisation de la P.N.L. en tant que mouvement social.

La vérité est qu’il n’y a pas de leader aux commandes du monde de la P.N.L. Il n’y a pas d’organisation centrale mais bien un réseau informel de personnes qui partagent une communauté d’intérêt pour le développement d’une discipline. Il n’existe donc aucun dogme ni aucune autorité définissant le dogme, les P.N.L.istes étant bien trop indépendants pour cela. Les difficultés rencontrées pour rassembler les P.N.L.istes dans une association en France en sont un bel exemple, les « sages » de la communauté étant assez peu intéressés par le niveau d’organisation d’un pouvoir politique.

D. Critères de la MILS

Si l’on considère les 10 critères édictés par la MILS pour considérer un mouvement comme sectaire à savoir :

  1. la déstabilisation mentale
  2. le caractère exorbitant des exigences financières
  3. la rupture induite avec l’environnement d’origine
  4. les atteintes à l’intégrité physique
  5. l’embrigadement des enfants
  6. le discours plus ou moins anti-social
  7. les troubles à l’ordre public
  8. l’importance des démêlés judiciaires
  9. l’éventuel détournement des circuits économiques traditionnels
  10. les tentatives d’infiltration des pouvoirs publics,

force est de constater que la P.N.L. ne répond en aucun cas à ces critères.

En effet :

  1. La déstabilisation mentale, si et pour autant qu’elle se produise, n’est qu’un phénomène bref, transitoire dans une dynamique plus vaste de changement d’un client qui vient consulter avec une demande de changement. De tels phénomènes ne sont pas spécifiques à la P.N.L., mais peuvent se produire occasionnellement dans toute démarche de changement ou de formation, quelque en soit la méthode. On pourrait dire que tout changement contient une proportion de déstabilisation mentale sans laquelle il ne pourrait avoir lieu. L’efficacité d’un processus de changement tient à la bonne gestion de cette déstabilisation afin qu’elle aille dans la direction souhaitée par le client.
  2. Les prix pratiqués tant pour les formations que pour les séances de thérapies sont dans la moyenne des prestations de même nature disponibles dans d’autres méthodes. Ils font l’objet d’un contrat explicite.
  3. Il n’existe pas de monastère, de temple, d’ashram ou de lieux de retraite ou de vie « P.N.L. ». Si certaines formations sont proposées sur des périodes de 4 à 5 jours avec une possibilité résidentielle, cette possibilité, quand elle est formulée, n’est jamais obligatoire. Elle est conçue comme une facilité disponible pour les participants venant de loin et est en général assurée par un service extérieur – hôtel, auberge de jeunesse, maison d’association, etc. n’ayant rien à voir avec la P.N.L. Encore une fois ceci est banal dans la pratique de la formation.
  4. La P.N.L. ne faisant pas partie du champ des thérapies corporelles, les contacts physiques, s’ils ont lieu, sont restreint aux zones « publiques » telle que la main ou l’avant bras ce qui ne diffèrent guère d’un contact social normal. Il ne peut dès lors y avoir d’atteinte à l’intégrité physique.
  5. Il n’y a pas d’enfants dans les formations de P.N.L., sauf formations aux techniques d’apprentissage spécifiques données dans un cadre scolaire.
  6. La P.N.L. n’a pas de discours social ni à fortiori anti-social. Son action éducative s’inscrit philosophiquement à l’idée du développement du potentiel humain. Ses praticiens se reconnaissent implicitement dans la phrase d’Abraham Lincoln : « Si vous pensez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance ».
  7. Aucun des instituts de formation et des formateurs P.N.L. sérieux n’ont fait l’objet de plaintes pour trouble à l’ordre social. L’existence de possibles provocateurs qui pourraient parfois se réclamer de la P.N.L., ne saurait être généralisé à l’ensemble d’une profession.
  8. Aucun des grands instituts de formations et des formateurs reconnus par leurs pairs n’ont fait l’objet de poursuites judiciaires…
  9. … et ils sont normalement contrôlés fiscalement comme n’importe quel autre acteur économique.
  10. Enfin il n’existe à aucun niveau de plan d’infiltration des pouvoirs publics, ce qui ne veut pas dire pour autant que certaines administrations ne fassent pas appel aux services de formateurs P.N.L. pour assurer une mission spécifique ou n’envoient certains de ses cadres se former auprès de formateurs reconnus pour leurs compétence.

Il n’y a donc strictement rien de comparable entre la communauté des P.N.L.istes et un mouvement tel que la scientologie à laquelle elle a parfois erronément été associée. Pas d’église, pas de gourou, pas de royalties, pas de services internes de police, pas d’action concertée d’invasion, etc. comme le prétendent certains esprits mal informés. Si la P.N.L. se développe malgré cette absence d’organisation, c’est essentiellement parce que ses clients en retirent un bénéfice pour leur vie, qu’ils en parlent autour d’eux et que les changements positifs qu’ils manifestent comportementalement donnent envie à d’autres de faire la même chose. La pérennité au travers du temps de certains instituts de formation est essentiellement basée sur la satisfaction de leurs clients.