3. Les causes de l’angoisse

Elles sont très nombreuses, mais souvent difficiles à repérer car le motif est rarement apparent. Parfois, seule une psychothérapie menée à son terme permet de découvrir toutes les origines de l’angoisse et par là même de la faire baisser puis cesser totalement.

A. Une origine physique

Il faut d’abord savoir que certaines maladies provoquent des symptômes ressemblant à ceux de l’angoisse, par exemple l’angine de poitrine ou l’hyperthyroïdie. Une consultation médicale s’impose donc.

B. Une interrogation existentielle

Des philosophes comme par exemple Heidegger ou Sören Kierkegaard ont beaucoup écrit à ce sujet. Ce type d’angoisse nous semble relever d’un accompagnement plus spirituel que psychologique.

Le philosophe chrétien Jean Brun écrit à ce sujet : « L’angoisse est précisément l’expérience naissant de l’inadéquation entre les questions que chaque homme pose au monde, quant à sa propre origine et à sa destinée, et les réponses que ce même monde peut donner. Dans l’angoisse, ce n’est pas tellement nous qui questionnons le monde, que nous‑mêmes qui nous trouvons mis en question. »

Et Jean Brun de conclure : « Le problème de l’angoisse nous conduit au seuil d’un problème essentiel : l’homme est‑il à lui‑même sa propre solution ? (…) L’homme est‑il le créateur du sens, ou se situe‑t‑il à l’intérieur d’un sens qu’il a toujours à reprendre, sans jamais pouvoir le saisir dans la totalité, tout en restant à son écoute ? »

Il semble que l’inquiétude existentielle soit surtout ressentie par les personnes qui n’ont pas encore trouvé le sens de leur vie sur terre et s’interrogent sur leur destinée après la mort.

Cette angoisse disparaît lorsque l’on découvre au travers de la Bible que Dieu existe, qu’il a créé l’humanité et dirige l’Histoire, lorsque l’on est chrétien, que l’on se sait aimé, sauvé et gardé par Jésus‑Christ et que la promesse de la vie éternelle enlève l’effroi de la mort.

C. Une origine psychologique

L’angoisse peut être apprise, par identification à des parents toujours anxieux.

Elle peut être liée à l’impossibilité de trouver un lien qui relie le passé, le présent et l’avenir de notre existence : le passé et ses tristesses, le présent avec ses injustices et ses insatisfactions, l’avenir et ses incertitudes.

Parfois une personne a vécu dans son enfance des expériences déstabilisantes qu’elle a refoulées dans son inconscient ; à l’occasion d’un traumatisme ou d’un choc émotionnel à l’âge adulte, toute l’angoisse emmagasinée risque de refaire brusquement surface.

Freud s’est beaucoup penché sur le problème de l’angoisse et sa pensée a évolué avec le temps.

En 1905, dans les Trois théories sur la sexualité, il affirme que la libido (la traduction psychique de la pulsion sexuelle) devient angoisse si la pulsion ne peut obtenir satisfaction : « Il s’agit d’une accumulation de libido dont le cours normal est entravé. On ne voit pas tout d’abord comment l’angoisse naît de la libido ; on constate seulement que la libido est absente et que sa place est prise par l’angoisse. »

La sexualité refoulée serait donc source de l’angoisse. Mais pourquoi celle‑ci naît‑elle de la libido ? Françoise Dolto répond ainsi : « Une fois déclenchée, la vie ne s’arrête que par la mort. De même la libido ne se laisse ni annuler ni amoindrir. »

Or cette libido peut ne pas trouver à se fixer ; la pulsion rencontre un obstacle (des impressions issues de l’enfance, d’expériences passées, de traumatismes divers, ou bien la situation actuelle, bloquée, du sujet, ressentie comme une impasse). Le désir stagne dans le Moi et y provoque l’angoisse.

En 1926, dans Inhibition, symptôme et angoisse, Freud reprend et enrichit sa théorie.

Le Moi (instance centrale entre le Ca et le Surmoi) est le véritable siège de l’angoisse. Celle‑ci permet au Moi d’anticiper le danger provoqué par la manifestation d’une pulsion. Elle joue le rôle d’un signal d’alarme qui avertit le Moi d’une menace. Ce dernier rejette alors ce qui risque de le mettre en péril, ce qui peut déplaire au Surmoi, à la morale.