LES SCENARIOS PSYCHOLOGIQUES

 © Jacques et Claire Poujol. Pages extraites de leur livre « L’accompagnement psychologique et spirituel », Empreinte Temps Présent, 2007. Disponible sur le site de la librairie 7ici ou par mail.

 

Introduction

Le scénario de vie, ou le plan de vie, qui me dit, et me dicte, ce que je dois faire et être, est un outil important de l’analyse transactionnelle.

Comme le scénario d’un film ou d’une pièce de théâtre, le scénario de vie donne la trame de celle-ci, la fin, et les options possibles. Il permet de comprendre mon comportement et de le modifier.

Le scénario se construit dans l’état du Moi Enfant de l’enfant en réponse à trois questions que celui-ci doit résoudre avec sa perception d’enfant au niveau de l’affect :

  1. Qui suis-je, quelle est ma valeur ?
  2. Qu’est-ce que je fais sur terre, y ai-je une place ?
  3. Qui sont les autres pour moi ?

Une fois les réponses trouvées à ces trois questions fondamentales, le scénario est formé, et rien ne peut le changer, sinon une redécision à l’âge adulte. Comme l’a dit quelqu’un, « on est de son enfance comme on est d’un pays ».

Le temps qui passe ne fait que renforcer le scénario, exactement comme une rigole formée par la pluie.

Les messages reçus par l’enfant sont donc très importants. Inexistant au départ et peu solide plus tard, son Adulte est encore peu solide et ne lui permet pas de vérifier la validité des messages qu’il entend. Par exemple, si sa mère lui dit de ne pas toucher le fer à repasser parce que celui-ci brûle, et que malgré tout il le touche, il va effectivement se brûler et en conclure : « Un fer à repasser brûle. » Or la réalité, qu’il découvrira plus tard, est qu’il ne brûle que s’il est branché.

On le voit, nous nous construisons sur de nombreuses conclusions erronées.

Avant six ans, l’enfant se forge une conception de sa propre valeur et porte un jugement sur la valeur des autres. Il en tire les leçons et décide des rôles qu’il joue déjà dans sa famille, à l’école, avec ses amis et qu’il jouera plus tard dans son couple, à l’église ou à son travail.

Bien sûr, à cet âge ces jugements sont injustes et souvent déformés, mais ils sont la base des décisions adultes, des jeux psychologiques négatifs et des rôles du scénario.

C’est souvent dans l’enfance que l’on prononce des vœux tragiques dans des moments de détresse intense : vœu que l’on sera toujours malheureux, qu’on ne se mariera jamais, qu’on mourra à tel âge, qu’on se suicidera un jour, qu’on n’aimera personne, etc.

Le scénario est répétitif, donc négatif. Même si les acteurs changent, le scénario reste toujours identique, comme si c’était toujours le même film qui était projeté. Je suis esclave de mon scénario, il me pré‑programme.

Le scénario est en quelque sorte comme des rails de chemin de fer. Le train suit les rails et m’en sortira jamais sauf si par une intervention extérieure, en changeant l’aiguillage, le train a la possibilité de changer de direction. Nous saisissons tout le drame de ceux qui ont un scénario négatif ou destructeur.

Le scénario est :

  • Fondé sur des décisions prises dans l’enfance face à des situations que nous avons vécues.
  • Renforcé par nos parents, leur attitude et leurs discours qui ont formé notre P.A.E.
  • Justifié par les événements ultérieurs, vérifié et verrouillé par ceux-ci. Tout au long de notre vie, nous cherchons des partenaires qui joueront avec nous dans notre scénario. Par exemple, le second rôle sera souvent attribué à notre conjoint.

Du fait qu’un rôle a toujours un « contre‑rôle » qui confirme le rôle, nous cherchons des personnes à qui nous attribuons un rôle qui confirme et renforce notre propre rôle.

En grandissant, les enfants apprennent à jouer les rôles de leur scénario (héros-traître-victime-sauveteur), d’où l’importance des contes de fée et des histoires qu’ils entendent ou lisent.

Inconsciemment ils recherchent des partenaires pour tenir des rôles complémentaires qui leur permet de jouer leur rôle. Adultes, ils jouent toujours ces rôles dans la société ou en famille. Shakespeare écrivait : « Le monde est une scène. Tous, hommes et femmes, n’y sont que de simples acteurs. Ils font leurs entrées et leurs sorties, et chacun, sa vie durant, y joue plusieurs rôles. »