E. LES AUTEURS D’ABUS

1. Qui sont-ils ?

En très grande majorité ce sont des jeunes gens ou des hommes, provenant de toutes les classes de la société et de tous les milieux, chrétiens y compris. Même si cela nous répugne et nous dérange, il serait temps que nous admettions que ce grave problème existe aussi au sein de l’Eglise.

Souvent, ils font partie de l’entourage de la victime : un camarade, un voisin, un chef scout ou un animateur de jeunes, un baby-sitter, un enseignant, un patron, un collègue de travail, un pasteur ou un prêtre, un responsable spirituel, etc.

Ce sont aussi très souvent des membres de la famille : le père, l’oncle, le grand-père, le grand-oncle, le beau-père (de plus en plus fréquemment du fait de l’augmentation des remariages et des familles recomposées), le frère, le demi-frère ou le quasi frère, le beau-frère, le cousin, la mère, la grand-mère, la sœur, la tante, etc. On parle alors d’inceste ou d’abus sexuel intra-familial.

Il s’agit, plus rarement, d’une personne inconnue de la victime.

Il est à noter que 80% des agresseurs ont été eux-mêmes victimes d’abus dans le passé, ce qui ne les excuse nullement, mais peut expliquer en partie leur comportement.

2. Le dévoilement

Une victime a beaucoup de mal à dénoncer son agresseur ; elle révèlera plus facilement l’abus lui-même. Pourtant, cette dénonciation a une grande portée thérapeutique et il faut l’encourager à rompre le silence. Une fois dite à un autre, la parole devient inter-dite et non plus interdite, comme le voulait le pervers.

Mais cette dénonciation est souvent mal acceptée par la société. Tant qu’une personne sexuellement abusée ne dénonce pas le coupable, elle est considérée comme victime. Mais le jour où elle décide d’en référer à la Justice, elle cesse d’être considérée comme victime, et le crime commis envers elle va être nié.

C’est pourquoi par exemple la grande majorité des femmes violées se résignent à rester des victimes à vie et donc à se taire, par peur d’être en fin de compte accusées du crime qu’elles dénoncent. Or, elles ne devraient jamais hésiter à rendre le poids du crime à celui à qui il appartient : le violeur.

Il faut néanmoins savoir que, si porter plainte a une portée thérapeutique, le processus judiciaire est long, pénible et coûteux. Les interrogatoires répétés, le manque de respect et de tact de certaines personnes , la honte de dévoiler son histoire devant tout le monde, l’impression de ne pas être crue, entraînent ce que l’on appelle une victimisation secondaire. A chaque fois qu’elle relate le viol, la femme se sent à nouveau violée.

Le soutien, matériel et psychologique, d’organismes spécialisés dans l’aide aux victimes d’abus sexuels, est précieux dans ce genre de démarche, d’autant plus que le jugement prononcé sur le coupable, souvent trop clément, semble décevant et injuste à la victime et ravive sa douleur.

Si vous êtes mis au courant d’un cas d’abus sexuel, la première chose à faire est d’éloigner la victime de l’abuseur, afin d’éviter que ce dernier ne recommence.

Dans le cas particulier d’abus sexuel sur mineur, la deuxième démarche est d’informer les autorités compétentes (services sociaux et police).

La loi vous fait obligation de ce dévoilement, et vous devez dans ce cas-là rompre le secret professionnel, sinon vous risquez d’être considéré par la loi comme complice. Cette dénonciation vise à protéger la victime et les autres victimes potentielles, et à obliger le coupable à arrêter ses agissements.

3. Les réactions des abuseurs à leur dévoilement

Un récent Colloque européen sur les violences sexuelles a établi que 82% des abuseurs n’admettent pas leur responsabilité (53% nient même totalement les faits). Seuls 18% d’entre eux admettent les faits, et encore parce qu’ils y sont obligés après confrontation avec les victimes, et non sans les accuser de les avoir «provoqués».

Cette négation des faits leur permet de persévérer dans leur perversion, et donc de ne pas être privés de leur jouissance, qui seule compte pour eux.

Quand ils ne peuvent plus nier les faits, ils les admettent en minimisant ou en niant les conséquences désastreuses sur les victimes, surtout si l’abus a été exempt de violence physique. S’ils ont du remords ou du regret, ce n’est jamais de leurs crimes, mais de s’être fait prendre et de devoir cesser.

Si un conseiller se montre indulgent envers un pervers (au nom d’une «charité» bien mal comprise), parce qu’il désire régler rapidement une situation qui le dépasse ou le dégoûte, il risque d’être manipulé par l’abuseur qui fera preuve d’un «repentir» à bon marché pour continuer en paix ses activités vicieuses cachées. Il se fait ainsi son complice, ce qui est grave.

Une réaction possible du coupable d’abus est la suivante : il salit et s’allie. Il salit les victimes ou d’autres personnes innocentes en les accusant du mal que lui-même commet ; ce faisant, il soulage ainsi sa culpabilité. Par ailleurs, il s’allie ceux qui peuvent devenir ses alliés et ses défenseurs (un père incestueux s’allie sa femme pour qu’elle le laisse abuser de leur fille).

Un pervers qui est dévoilé et qui refuse de se repentir peut tomber dans la panique, la dépression, l’alcool ou le suicide ; plus souvent il s’endurcit et continue de manière accrue ses pratiques.

4. La voie du repentir

Il est très rare qu’un délinquant sexuel se repente réellement, (tout au plus exprimera-t-il quelques vagues «regrets»), mais il faut toujours lui en donner l’occasion.

Un véritable repentir se manifestera par plusieurs démarches :

  • Reconnaître tous les faits, un à un, en assumer l’entière responsabilité en renonçant aux «C’est elle qui l’a cherché» ou «Il n’avait qu’à dire non», «Elle avait l’air d’aimer ça», «Je voulais l’aider à être plus à l’aise avec son corps», etc.
  • Reconnaître les dégâts qu’il a provoqués chez ses victimes, sans les minimiser : «Ce n’est pas si grave qu’elle le dit» ou «Elle grossit les faits hors de proportion», «Il n’y a pas de quoi en faire une histoire».
  • Se mettre en règle avec la loi, avec la Justice, en se soumettant au jugement qui sera prononcé, même s’il doit aller en prison.
  • Eprouver la vraie tristesse selon Dieu qui caractérise une réelle repentance. Se mettre en règle avec Dieu et accepter la discipline de son Eglise, quand il est chrétien.
  • Montrer de la bonne volonté pour réparer dans la mesure du possible.
  • S’engager dans un processus de psychothérapie sérieux.

Si ces conditions ne sont pas toutes remplies, le soi-disant remords de l’abuseur n’est que de la poudre aux yeux et n’a rien à voir avec la vraie repentance comme la décrit la Bible ; et c’est la victime qui souffre une fois de plus.

Nous avons trop constaté les ravages produits par l’incompétence de soi-disant conseillers pour ne pas le dire clairement. Tout pasteur, prêtre ou conseiller devrait avoir à cœur de se former dans ce domaine si particulier, s’il veut s’occuper de personnes ayant souffert de ce drame.

5. Le pardon est-il possible ?

Dieu ordonne de pardonner au coupable s’il se repent (Luc 17 : 3,4). Dans la réalité, la grande majorité des délinquants sexuels ne demandant jamais pardon à leurs victimes, il ne saurait donc être question d’un rétablissement des relations, car il pourrait y avoir récidive.

Si le coupable produit du fruit digne de la repentance (Matthieu 3 : 8), la victime peut alors demander à Dieu la force pour lui pardonner. Pardonner un inceste ou un viol semble humainement impossible, mais c’est surnaturellement possible.

Dieu a un message d’espérance et de réconfort pour tous ceux qui ont souffert d’abus :

    L’Eternel guérit ceux qui ont le cœur brisé,

    Et il panse leurs blessures

    (Psaume 147 : 3)

Il nous invite à collaborer avec Lui pour que cette promesse se réalise pour les victimes.