LE CHEMIN DU PARDON

Deux prédications de Robin Reeve, pasteur à Nyon (Suisse)

Matthieu 18.15-18, 21-22

Le pardon est une dimension très importante de la vie chrétienne.

Il est au cœur de l’œuvre du Christ. Comme l’a prêché Pierre : « Tous les prophètes lui rendent ce témoignage : quiconque met sa foi en lui reçoit par son nom le pardon des péchés. » (Actes 10.43)

Paul, de même, affirme aux Juifs d’Antioche de Pisidie : « C’est par lui que le pardon des péchés vous est annoncé ; de tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, de tout cela, en lui, quiconque croit est justifié. » (Actes 13.38-39)

Pardon de Dieu, offert en Jésus-Christ.

Pardon, aussi, entre les hommes, à l’image de celui de Dieu : « Comme le Seigneur vous a fait grâce, vous aussi, faites de même. » (Colossiens 3.13)

Jésus a donné plusieurs enseignements sur le pardon, et celui que nous venons de lire est parmi les plus développés.

J’ai eu à cœur de prendre le temps de méditer avec vous la question du pardon, parce qu’elle est l’objet de plusieurs mauvaises compréhensions dans le peuple de Dieu.

Il nous est nécessaire de bien discerner ce qu’est le pardon, selon la parole de notre Seigneur, la seule norme valable sur la question.

Ni tel livre à succès, rempli de témoignages émouvants, ni telle expérience personnelle n’ont autorité sur la vérité. Même si ces récits et vécus prétendent apporter le bonheur ou le succès.

Avant d’aborder le texte de l’Évangile de Matthieu, je trouve donc nécessaire de poser certaines bases à notre compréhension du pardon.

a) Le pardon est une démarche d’ordre « légal ». Il est le règlement d’une dette entre deux parties en conflit – l’offenseur et l’offensé, la victime et le coupable.

Il ne faut donc pas confondre cette démarche avec les problèmes émotionnels de rancune, de blessure intérieure, de peur, etc.

b) Le pardon n’est donc pas une « thérapie », censée guérir l’âme de l’offensé ou de l’offenseur. Un livre sur le sujet titre : « Le pardon, une puissance qui libère »… Mais où est-il écrit que le pardon est une « puissance » ? Le pardon n’est ni une incantation, ni un rituel magique qui résoudrait les problèmes entre les gens.

Dieu veut certainement nous libérer de la haine, de la rancune et des ravages psychologiques qu’engendrent certains conflits. Mais c’est un autre sujet que celui du pardon…

c) Le pardon est une démarche envers l’offenseur : c’est lui qui a un problème, pas l’offensé ! On a trop souvent, au nom d’exigences non bibliques, enfermé les victimes d’offenses dans la culpabilité, au lieu de vraiment prendre en mains le cas de l’offenseur.

d) Le pardon n’est pas la négation de la faute

Est-ce qu’on pardonne, si quelqu’un vient s’excuser et qu’on lui répond que « ce n’était rien » ? Parfois, c’est vrai : les gens se croient fautifs quand ils ne le sont pas – ils n’ont donc pas besoin de pardon, mais de réconfort … mais s’ils ont péché, le pardon doit souligner qu’en effet il y a eu faute.

Pardonner à quelqu’un qui ne demande pas ce pardon est aussi une absurdité – bien que si souvent on propose cette démarche : est-ce aider le coupable que de ne pas l’engager à reconnaître sa faute ?

Dieu agit-il ainsi avec nous ?

C’est ici que nous devons absolument prendre pour modèle notre Seigneur !

Les étapes du pardon que nous pouvons recevoir de Dieu sont les suivantes :

  • Nous péchons
  • Dieu nous rend conscients de notre faute
  • En Jésus, par sa mort à la croix, il nous offre le pardon
  • Nous demandons pardon et nous engageons à changer
  • Il nous pardonne

En appui aux affirmations que nous avons faites auparavant, notons que :

  • Dieu est parfaitement juste et bon : quand il nous pardonne, il ne s’accorde pas une thérapie !
  • Dieu ne pardonne pas à tout le monde : seuls ceux qui acceptent son offre ont accès à son pardon – mais il y aura des impénitents qui, pour l’éternité, ne seront pas pardonnés par le Dieu d’amour !

Je crois que ce qui pollue notre perception du pardon, c’est une lecture partiale de certains textes, qui nous appellent à pardonner, mélangée à une quête très égocentrique de paix intérieure.

Dans biens des cas où j’entends parler de prétendues démarches de pardon, c’est l’offensé qui est au centre, se guérissant de son amertume et cherchant à ne pas être puni pour « non pardon ».

En ajout à cette manière de faire, on voit très souvent la victime d’une offense être traitée en coupable – parce qu’elle ne pardonne pas – alors que l’offenseur ne se repent pas du mal qu’il a commis…

On s’appuie sur des textes, telle la prière de notre Seigneur : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » et les explications qui suivent, où le Seigneur conditionne le pardon divin à notre exercice du pardon (Mt 6.12, 14-15).

À partir de là, on pense qu’il faut remettre les fautes de ceux qui nous offensent, même si ceux-ci ne le demandent pas…

Mais si le pardon est ainsi accordé sans que la repentance du coupable soit nécessaire, pourquoi le demander à Dieu ? Et pourquoi Dieu nous sanctionnerait-il, si nous ne pardonnons pas, puisque le pardon serait donné même à celui qui ne le demande pas ?

Maintenant, pour clarifier certaines des idées reçues sur le pardon, je nous propose de découvrir les richesses de l’enseignement de Jésus sur la question, notamment avec ce passage de Mt 18…