LA SEXUALITÉ DES SÉNIORS
Janie-Claude Saint-Charles
La sexualité des seniors reste l’un des derniers tabous difficiles à briser à cause de notre éducation. Il y a encore peu de temps, la sexualité des seniors était reléguée loin derrière notre préoccupation de santé, et le souci du maintien de la qualité de vie. Mais aujourd’hui cette mentalité semble évoluer. Est-ce l’allongement de notre vie ?
Nous avons le vieillissement du corps dû à la maladie, la chute des hormones sexuelles, les obstacles à la réalisation d’une activité régulière. Le 3ème ou le 4ème âge a dû inventer une sexualité libérée, sans contraintes de reproduction, et surtout assumer leurs besoins sexuels légitimes et naturels.
L’affranchissement d’avec la reproduction est-il pour autant un frein à notre épanouissement sexuel, doit-on faire pour autant le deuil de sa sexualité dès qu’apparaissent les premières rides?
Jusqu’à quel âge pouvons-nous avoir du désir sexuel ? Contrairement aux idées reçues, le désir ne s’éteint pas avec l’âge.
La vie sexuelle doit être vécue harmonieusement, elle sauvegarde l’équilibre et le dynamisme du couple. Selon l’étude du professeur Gérard Ribes, 64% des hommes et 37% des femmes pensent que la sexualité reste un centre d’intérêt très important.
La carence hormonale peut entraîner des troubles psychologiques chez l’homme et la femme:
- De l’anxiété
- La peur
- L’angoisse
- La dépression
- La perte de confiance en soi
- L’Alzheimer
Des troubles physiques chez la femme :
- l’ablation des seins
- le cancer de l’utérus
- les douleurs liées à l’arthrose
Quel est le principal trouble que rencontre l’homme à sa sexualité ? C’est le trouble de l’érection dit « panne sexuelle ». C’est l’incapacité d’obtenir ou de maintenir une érection suffisante pour l’accomplissement d’un acte sexuel.
Certains hommes pensent que leur compagne se réjouit de leurs difficultés, car cela prouve qu’il vieillit aussi comme elle.
Il faut anticiper sur les troubles avec une activité physique.
C’est une épreuve difficile pour certains hommes de prendre des comprimées de Viagra qui peuvent avoir des complications sur leur santé :
- L’accident cardio-vasculaire
- la dépression
- les problèmes de la prostate qui entraînent la baisse de la libido
Mais le trouble de l’érection reste le dysfonctionnement le plus fréquent chez l’homme. Dans la globalité des cas, lors des troubles sexuels un délai d’au moins 2 ans se passe avant que le partenaire ose en parler à un médecin ou à un proche. La panne sexuelle peut être aussi l’envie d’y aller et aussi la peur de ne pas pouvoir assumer.
Dès l’instant que vous avez un doute sur votre sexualité, il faut le dire à votre partenaire. Vous renforcerez une complicité qui vous permettra de trouver ensemble de nouveaux ajustements à votre vie sexuelle et amoureuse.
On note plusieurs comportements des conjointes à ce sujet :
- Elles se sentent fautives suite à la ménopause, qui entraîne la sécheresse vaginale.
- Elles s’inquiètent en s’imaginant qu’il a une autre femme dans sa vie.
- Les résignées sont soulagées de ne plus accomplir l’acte sexuel.
Au-delà de 50 ans, une vie sexuelle harmonieuse est associée à une vie de couple réussie, bien que l’envie de faire l’amour s’étire à mesure que les années passent.
L’activité sexuelle diminue mais ne disparaît pas. Elle s’enrichit en qualité.
Il faut s’adapter au changement. L’homme et la femme doivent modifier leur pratique sexuelle. Il ne faut pas faire une révolution mais adopter calmement et sans précipitation de nouvelles orientations qui vous permettront de vivre ensemble cette relation de partage et de complicité. Il faut se redécouvrir, accorder du temps aux préliminaires, aux caresses car la pénétration n’est pas le seul moyen d’exprimer sa sensualité et son amour pour l’autre.
Il faut jouer sur la séduction et la créativité sans cesse renouvelées, jouer de son charme, favoriser les moments de complicité et de tendresse.
Les seniors autonomes ont la chance de pouvoir conserver leur liberté de faire ou non l’amour. Par contre ceux qui sont en institution renoncent très rapidement à ce plaisir sexuel, car ils se sentent inutiles à la société, ils ne revendiquent pas une quelconque activité sexuelle.
Quelques facteurs à surmonter au sein du couple :
- L’usure de la relation, une mésentente, la routine : avec le temps les rapports sont plus espacés.
- Il y a le doute. Suis-je encore capable de séduire mon partenaire ?
- La peur de la panne sexuelle.
- Le manque de confiance en soi, d’assurance.
- Le poids des idées reçues : cela ne se fait plus à notre âge !
Cette affirmation pourrait résumer l’attitude de beaucoup d’entre nous face à notre sexualité.
L’idée de rapport sexuel se limite à la procréation, à fonder une famille. Le sexe s’arrête quand on ne peut plus faire d’enfants.
Conclusion
Avancer en âge c’est d’abord accepter le vieillissement de son corps, et celui de son partenaire. Il faut faire le deuil de son corps d’antan et du même coup de sa sexualité.
Nous passons d’une sexualité pulsionnelle à une sexualité plus axée sur la complicité où le temps ne nous est pas compté.
Il est de coutume que l’homme prenne l’initiative des ébats amoureux, mais si la femme observe que la relation perd de son intensité, elle doit prendre discrètement ou ouvertement des initiatives car il en va de l’équilibre du couple.
Nous devons redonner à notre sexualité sa vraie place dans le couple. L’homme reste sensible aux stimulations tactiles, il est heureux de se sentir désiré. Il ne faut jamais abandonner le contact physique.
La retraite est le temps de la satisfaction sexuelle. Vous devez toujours séduire votre partenaire par votre tenue vestimentaire, le désir de lui plaire, de reconquérir sa dulcinée ou son homme. La relation sexuelle est un facteur de maintien en bonne santé, car c’est un sport. Votre sexualité est une des clefs du vieillissement.
On peut se poser une grande question : jusqu’à quel âge peut-on faire l’amour ?
Si je déduis que la relation sexuelle n’a pas d’âge pour se clôturer alors je vous réponds : jusqu’à votre dernier souffle et que vos yeux se fermeront pour toujours.
Car vieillir ne signifie pas pour autant renoncer aux plaisirs charnels.