3. Les sentiments substitués : Les « rackets » ou « parasites »
Le racket est un sentiment que l’on utilise tout le temps et qui remplace les autres parce que c’est le seul que l’on ose se permettre.
Je n’ose pas m’avouer que j’ai peur, alors je me mets en colère, sentiment qui semble plus adapté à mon rôle social. Le racket est répétitif. Les autres le repèrent en disant : « Ah ! Voilà qu’il montre encore son mauvais caractère. »
Ce sentiment est appelé racket parce qu’il me permet d’obtenir des autres des signes de reconnaissance négatifs qui me renforcent dans mon scénario. Si je suis souvent triste au lieu de montrer ma colère, les autres me consolent. Si je suis souvent jaloux à l’excès au lieu de dire ma peur, mon conjoint va me montrer de la tendresse.
Celui qui rackette montre donc qu’il quémande des signes de reconnaissance, qu’il en manque. Mais le racket agace souvent les autres, et provoque la méfiance et le rejet.
Ce sentiment est aussi appelé parasite car il est présent presque tout le temps et perturbe la communication entre les personnes, les sentiments authentiques n’étant plus exprimés et étant remplacés par un seul sentiment passe-partout.
A. Comment se constituent ces sentiments rackets ?
- L’enfant imite d’abord les sentiments rackets de ses parents. S’il voit que son père s’interdit toujours de pleurer, il se refusera, plus tard, à exprimer sa tristesse.
- Puis les parents lui donnent des injonctions verbales explicites sur les sentiments qu’il ne doit pas exprimer, et ceux qu’au contraire il doit ressentir.
Par exemple les parents de Philippe le grondent parce qu’il a peur dans sa chambre, le soir. Il choisit d’exprimer plutôt sa tristesse, parce qu’alors ses parents le consolent. L’enfant en conclut : je suis mieux aimé en étant triste qu’en ayant peur. A l’âge adulte il s’interdira la peur, et la tristesse sera son sentiment racket pour obtenir l’attention des autres.
A l’opposé, les parents de Micheline ont décidé qu’elle devait être toujours gaie et l’appellent leur « petit rayon de soleil ». Adulte, même lorsqu’elle ne se sent pas d’humeur à rire, elle cache sa tristesse et arbore un éternel sourire de façade, croyant que la tristesse l’éloignera des autres.
B. Les sentiments rackets suivants sont fréquents :
- La colère ou la tristesse sont interdits et remplacés par la culpabilité ou la souffrance.
A Sylviane qui pleure, la mère dit : « Tu fatigues ton père », ce qui la culpabilise d’exprimer sa tristesse.
Une personne victime d’abus sexuels à qui l’on a toujours interdit d’exprimer la colère et la tristesse, aura un sentiment racket de culpabilité.
- Le plaisir, la joie, sont interdits et remplacés par la culpabilité ou la peur.
Le plaisir que procure à un enfant l’exploration de son corps lui est interdit. On lui dit : « Ne touche pas, tu n’as pas honte, c’est sale ! » Devenu adulte, il ressentira de la honte, de l’anxiété, de la culpabilité ou de la peur face à la jouissance sexuelle et même aux plaisirs de la vie.
- Les compliments sont interdits et remplacés par l’humour noir, la dévalorisation.
Au lieu de partager la joie d’Aurélien qui vient de réussir un examen important, on lui dit : « Maintenant tu vas pouvoir t’inscrire comme chômeur. »
Beaucoup de phobies, perversions ou manies, la boulimie, l’anorexie, peuvent être diagnostiquées comme des sentiments parasites.
C. Que peut faire un client avec ses sentiments rackets ?
Il doit déparasiter, c’est-à-dire :
- Découvrir son sentiment racket passe-partout, et les avantages négatifs qu’il lui procure.
- Chercher ce qui l’a déclenché dans son enfance.
- Augmenter sa dose de signes de reconnaissance positifs.
- Cultiver des sentiments appropriés (se mettre en colère quand il le faut, pleurer quand il est triste).
- Ici aussi, repérer ses convictions erronées qui font qu’il se sent obligé de ressentir ces sentiments parasites.