LA JOIE

 

Je considère mon présent comme agréable, me procurant ce que j’attends de bon ou alors, je pense à l’avenir comme porteur de plaisir pour moi. Je ressens du bien-être et le désir que cela continue. Je pense : « C’est une réussite, c’est bien », et je me sens joyeux. Mon désir est de conserver cette réussite et de partager ma joie avec les autres.

Au niveau instinctif, la joie se traduit par une ouverture vers les autres, un partage avec spontanéité. Au niveau social, la personne joyeuse cherche à organiser le partage de cette joie. Au niveau de la philosophie personnelle, de la sublimation, la personne accepte la frustration que tout le monde ne peut pas partager sa joie.

La joie dans la Bible

Souvent dans les milieux chrétiens, il y a une confusion : la joie est comprise comme un état permanent, une quasi nécessité. Or dans le Nouveau Testament, le sentiment de satisfaction et de plénitude, d’espérance, de bien-être qu’on appelle la joie s’exprime à l’aide de trois termes à connotations diverses :

  • euphrainô, euphrosynè, qui désigne le sentiment d’être bien à sa place avec les autres, autour par exemple d’un bon repas.

Exemples:

Luc 12. 19 : et je dirai à mon âme : mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années; repose-toi, mange, bois, et réjouis-toi.

Luc 15. 23 : Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous.

  • khara, khairô est utilisé pour la salutation de deux êtres qui s’apprécient et se rencontrent. Ce terme exprime aussi par extension la joie provenant de la rencontre avec le Seigneur et de la salutation à l’avance de son retour.

Exemples :

Actes 15.23 : Ils les chargèrent d’une lettre ainsi conçue: Les apôtres, les anciens, et les frères, aux frères d’entre les païens, qui sont à Antioche, en Syrie, et en Cilicie, salut!

2 Corinthiens 6. 10 : étant regardés  comme attristés, et nous sommes toujours joyeux;

  • agalliasis, agalliaomai exprime la jubilation, l’exultation, le fait d’être heureux, joyeux. C’est un sentiment créé par une situation agréable. C’est le sentiment dont il a été question dans ce paragraphe, la joie comme réaction à un événement heureux.

Exemples :

Luc 1. 14 : Il sera pour toi un sujet de joie et d’allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance.

Actes 2. 26 : Aussi mon coeur est dans la joie, et ma langue dans l’allégresse.

Certains versets bibliques souvent mentionnés pour parler de la joie, mal compris, peuvent poser des problèmes et être très culpabilisants parce qu’on ne fait pas la différence entre les mots traduits par joie. Parmi ceux-là citons particulièrement :

  • Philippiens 4. 4 : Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez-vous.
  • Jean 17. 13 : Et maintenant je vais à toi, et je dis ces choses dans le monde, afin qu’ils aient en eux ma joie parfaite.
  • Galates 5. 22 : Le fruit de l’Esprit, c’est… la joie.

Dans ces versets, c’est le deuxième terme, khara qui est employé. Ces textes évoquent donc une joie correspondant, non à une exultation permanente mais à la certitude de la présence et de l’espérance du Christ dans notre vie.

Ce serait une erreur à partir de ces versets de demander à chacun d’être dans la joie agalliasis, (joie face à l’événement) comme état permanent. Ce serait un contre sens du texte biblique. Ces textes bibliques ont souvent été mis en avant et faussement interprétés pour obliger à refouler les autres sentiments.