2. La prévention

La prévention primaire de la dépression postnatale consisterait à dépister les mères à risque dès la grossesse et à développer à leur égard une stratégie appropriée.

Les études anglo-saxonnes ont permis d’identifier les facteurs de risque suivants :

  • Antécédents personnels ou familiaux de dépression ou d’autres affections psychiatriques,
  • Mauvaise qualité de la relation avec la mère,
  • Problèmes de couple,
  • Etat dépressif pendant la grossesse caractérisé par une anxiété excessive chez la future mère (présent chez 15% des futures mères) et surtout chez le futur père (présent chez 50% d’entre eux),
  • Evénements de vie stressants contemporains de la grossesse,
  • Manque de soutien social,
  • Césarienne pratiquée en urgence.

L’étude Québécoise de Saucier a permis d’identifier quatre groupes de variables dont la valeur prédictive de dépression postnatale serait de 64% :

  • La lenteur physiologique du processus d’enfantement mesurée par le temps mis à concevoir (12,2 mois versus 6,7 mois) et par le gain pondéral moindre depuis la conception.
  • L’ambivalence à l’endroit de l’enfant désiré indiquée par la difficulté à croire au diagnostic de grossesse.
  • L’hyper-réactivité somatique à la grossesse dénotée par la plus grande durée des nausées et des vomissements et par la demande anticipée d’analgésiques pour l’accouchement.
  • Un contexte psychosociologique moins favorable à l’accueil de l’enfant: milieu socio-économique défavorisé, réseau de soutien insuffisant, importance plus grande donnée à la vie sociale active, haute fréquence d’événements stressants avant la grossesse, climat psychologique dépressif, anxiété élevée à l’approche de l’accouchement.

La stratégie préconisée par les anglo-saxons à l’égard des mères à risque comporte les points suivants :

  • leur offrir une éducation anténatale et un soutien psychologique pour les préparer de manière pratique aux tâches qu’elles vont devoir assumer après la naissance,
  • susciter autour d’elles un soutien familial et social suffisant,
  • informer le compagnon de l’existence de facteurs de risque et lui proposer une aide psychologique,
  • conseiller d’éviter l’accumulation d’événements stressants comme changement de travail, déménagement,
  • organiser un « debriefing » de l’accouchement dans les suites de couches immédiates par l’obstétricien et/ou l’accoucheuse qui y ont assisté car le vécu traumatisant de la naissance peut constituer un facteur déclenchant de la dépression postnatale,
  • prescrire du lithium ou un antidépresseur aux mères à haut risque qui ne donnent pas le sein.

Comme on le voit, il n’existe pas de méthode facile de prévention primaire de la dépression postnatale. La prévention secondaire est, quant à elle, beaucoup plus accessible. Il existe en effet un outil de dépistage simple et efficace, l’Edinburgh Postnatal Depression Scale (EPDS), mis au point par Cox et coll. pour les agents de santé primaires dispensateurs de soins périnataux, obstétriciens, travailleurs médico-sociaux, médecins généralistes. Il doit être rempli par la mère qui répond aux 10 questions en soulignant la réponse appropriée parmi les quatre qui lui sont proposées.

Devant la difficulté de poser un diagnostic suffisamment certain en consultation postnatale (voir plus haut), l’EDPS a été utilisé avec succès dans les consultations de nourrissons du North Staffordshire. Ce questionnaire a été récemment traduit en français et validé auprès de jeunes mères de la région Parisienne. Essayé depuis peu par l’auteur de cet article dans ses consultations postnatales, il se révèle bien accueilli par les mères et d’utilisation facile et rapide (moins de 5 minutes).

L’auteur du questionnaire insiste sur le fait qu’il ne s’agit que d’un instrument de dépistage. Lorsqu’un score élevé est atteint, le diagnostic de dépression postnatale doit encore être posé par un médecin qualifié.