1. LA « BONNE » COLERE ET LA « MAUVAISE » COLERE DANS LA BIBLE

On trouve environ 600 références bibliques concernant les mots : colère, courroux, fureur, indignation, rage. Un tiers parle de la colère de l’homme, deux tiers de la colère de Dieu !

Il y a plusieurs mots en grec dans le Nouveau Testament pour la « colère ». Les deux principaux, orgè et thymos, nous éclairent sur la signification des différentes colères possibles, bien qu’il y ait des variantes.

Le dictionnaire encyclopédique de la Bible de A. Westphal (entre autres références) indique :

A. Orgè

Orgè signifie de manière générale la colère-émotion, l’expression normale de l’injustice, la « bonne colère », par exemple :

  • la colère que Dieu éprouve face aux hommes : « nous étions par nature voués à la colère (orgè)» (Ephésiens 2 : 3).
  • « Il y aura une grande détresse dans le pays, et de la colère (orgè) contre le peuple » (Luc 21 : 23).
  • la colère de Jésus après une guérison un jour de sabbat : « promenant ses regards sur eux avec indignation (orgè)» (Marc 3 : 5).
  • Luc 14 : 21 « le serviteur de retour, rapporta ces choses à son maître. Alors le maître de la maison, irrité (orgè), dit à son serviteur : va promptement sur les places. »
  • Actes 17 : 16 : « comme Paul les attendait à Athènes, il sentait au dedans de lui son esprit s’irriter (orgè) à la vue de cette ville pleine d’idoles.
  • C’est aussi la colère que Paul nous demande d’avoir : dans le grec « Mettez-vous en colère » et non « Si vous vous mettez en colère », c’est un impératif présent (Ephésiens 4 : 25-28).

Rappelons-nous que ce texte est en relation avec la marche dans la vérité avec son prochain.

Plus loin : « que le soleil ne se couche pas sur votre colère », c’est la colère qui couve, celle qui n’est pas exprimée. Ici déjà le mot orgè est devenu parorgismos, de même dans Ephésiens 6 : 4 : « Pères, n’irritez pas vos enfants. »

B. Thymos

Thymos est un type de colère violente, agressive, où on s’emporte, parfois avec fureur, la « mauvaise colère ».

Notons toutefois que ce terme est parfois employé pour la colère de Dieu face aux iniquités des hommes (neuf fois dans Apocalypse et dans Romains 2 : 8 : « aux âmes rebelles… la colère et l’indignation »).

Le plus souvent le mot indique la colère qu’il nous faut éviter, la colère négative par ses réactions inconsidérées : Hérode, pris d’une grande colère (thymos), envoie tuer les nouveaux-nés (Matthieu 2 : 16) ; les habitants de Nazareth sont remplis de fureur (thymos) face à Jésus (Luc 4 : 28).

C’est cette colère que Paul évoque en Galates 5 : 20 où la colère thymos est l’œuvre de la chair opposée au fruit de l’Esprit.

Le fruit de l’Esprit dans Galates 5 : 22 (lent à la colère, traduit par patient) est makrothumia qui signifie une colère longue à exploser. Pour qu’elle soit longue à exploser, il faut qu’elle soit là, ce qui sous-entend qu’il ne nous est pas demandé de ne pas avoir de colère, mais de la gérer avant qu’elle ne devienne « longue » à exploser. Le fruit de l’Esprit ne consiste pas à ne pas éprouver de la colère, mais à la dire convenablement.

Ce n’est pas seulement dans la façon d’exprimer la colère qu’est la différence, mais aussi dans l’origine de cette colère, dans la relation à l’autre. Jésus n’a pas fait de mal à Hérode, pourtant celui-ci est en colère contre lui.