L’INDIVIDUATION
© Jacques et Claire Poujol. Pages extraites de leur livre « L’accompagnement psychologique et spirituel : guide de relation d’aide », Empreinte Temps Présent, 2007. Disponible sur le site de la librairie 7ici ou par mail
Idéalement un accompagnement peut être considéré comme fini et réussi si non seulement la souffrance du client s’est atténuée, mais encore si celui‑ci a le désir de commencer ou de poursuivre son processus d’individuation.
L’individuation est l’accomplissement de la vie humaine, la réalisation du projet de vie d’un être humain, du vécu d’un sens individuel. Pendant toute notre existence nous nous rapprochons et nous nous éloignons du cœur de notre être, dans un va et vient permanent. L’individuation n’est donc pas un état, mais un processus consistant pour quelqu’un à :
- Naître de lui‑même (comme un jour il est né de sa mère), c’est‑à‑dire accepter de vivre, d’exister, de faire sienne cette vie qui lui a été donnée ; non plus subir son existence mais décider de vivre pleinement.
- Accepter la réalité telle qu’elle est, adhérer à la volonté de Dieu, à ce qui lui arrive après qu’il ait fait tout ce qu’il a pu pour s’en sortir. Il y a des choses qu’il ne peut changer, mais il va y adhérer du plus profond de son être. C’est un lâcher prise qui mène à une « liberté d’indifférence ».
- Accepter ses manques, ses besoins non comblés dont il va devoir faire le deuil.
- Parvenir à mettre en mots son désir, qui le fait SUJET, qui le fait passer du ON (ou NOUS) au JE, car l’homme est un sujet désirant, un être de désir.
- Sortir du rapport de force dans lequel il est habitué à vivre pour entrer dans un rapport d’amour (de lui‑même et des autres).
- Se dépouiller de ce qui est de l’ordre de l’avoir à l’égard des objets pour entrer dans l’ordre de l’être, sujet de son désir, pour exister dans son identité propre jamais achevée ni atteinte. L’individuation est un processus continu. On n’est jamais complètement SUJET, mais on tend vers puisque ce qui caractérise le sujet c’est le désir.
- Donner et surtout se donner, et cela, sans se perdre. Cela s’appelle sortir du stade oral pour entrer dans le « génital », c’est‑à‑dire un stade de l’ordre de la création, qui procure sérénité et joie même dans la souffrance.
On appelle aussi cela « l’accession à la fonction sentiment », pas le sentimental mais l’amour authentique, qui rend l’homme heureux selon Matthieu 5.1 à 11.