L’ACCOMPAGNEMENT DE L’ALCOOLIQUE PAR SON ENTOURAGE
Le chemin vers une autre vie (Amitié La Poste Orange)
Ce n’est pas par hasard que le Dr. RAINAUT adopte le terme « d’accompagnant » pour qualifier celui ou celle qui va intervenir avec succès auprès du buveur pour réussir à l’apprivoiser.
L’accompagnant n’est pas celui qui menace, ni celui qui s’impose, ni celui qui moralise, ni même celui qui donne des conseils : c’est celui qui informe, se propose, marche à côté de celui auprès duquel il intervient, qui réussit à vivre avec lui pendant un certain temps, et sait s’effacer lorsqu’il s’aperçoit que sa compagnie n’est plus souhaitée. L’accompagnant ne pourra réussir que dans la mesure ou il aura su inspirer confiance à son interlocuteur.
- Il lui faut tout d’abord accepter le fait que quelqu’un soit alcoolique comme on accepte le fait que quelqu’un d’autre soit atteint de telle ou telle affection.
- Il lui faut ensuite rétablir la communication qui manquait, en parlant à l’alcoolique de ce qu’il ressent, et non pas de ce qu’il doit faire ou ne pas faire.
- La confiance acquise, il lui faut laisser I’alcoolique parler de lui, en ayant la patience de l’écouter sans porter de jugement de valeur, et surtout en l’écoutant d’une oreille alcoologique, c’est-à-dire d’une oreille qui ne soit ni médicale, ni psychiatrique, ni de bonnes œuvres, ni moraliste.
- Il lui faudra, dans un second temps, amener l’alcoolique à concevoir l’abstinence totale et définitive non comme une fin en soi, mais comme le seul moyen de se couper de l’alcool.
- Parallèlement, il lui faudra agir sur l’entourage pour l’amener, par l’apport de l’information, à réviser son jugement et à modifier son attitude, afin de faciliter la réinsertion de l’alcoolique soigné dans son milieu.
- Enfin, il lui faudra, après soins, continuer à accompagner l’alcoolique en lui laissant toute sa liberté, y compris celle de retourner vers l’alcool.
Or, l’expérience prouve qu’il n’est pas nécessaire d’être psychiatre, thérapeute ou psychologue pour tenir ce râle d’accompagnant. Elle prouve même que les meilleurs accompagnants peuvent se trouver parmi les anciens buveurs.
Qui, mieux qu’un ancien buveur, peut accepter le fait que l’on puisse être alcoolique ? Qui, mieux qu’un ancien buveur, peut pour l’avoir vécu, parler à un buveur de ce qu’il ressent ?
Qui, mieux qu’un ancien buveur, peut, d’une oreille alcoologique, écouter un buveur parler de lui-même lorsqu’il se décide à communiquer ?
Qui, mieux qu’un ancien buveur, peut apporter au buveur la preuve vivante de la possibilité de se sortir du piège de l’alcool ?
Qui, mieux qu’un ancien buveur, peut convaincre l’entourage d’abandonner ses préventions contre le buveur, et l’aider à se réinsérer, au lieu de continuer à le marginaliser ?
Qui, mieux qu’un ancien buveur, pourra connaître les étapes qui mènent au relèvement, et guider celui qu’il accompagne ?
Il est difficile de savoir comment l’ancien buveur procède pour mener à bien sa mission, car cela tient au caractère et à la tournure d’esprit de chacun des protagonistes, et il n’est pas deux buveurs semblables.
Il est tout de même possible d’établir un schéma des étapes de cette longue route qui mène le buveur à sa libération. Grosso modo, ces étapes peuvent être définies de la façon suivante :