LA BIBLE ET LE MAL

© Jacques Poujol. Pages extraites de son livre « L’accompagnement psychologique et spirituel, guide de relation », Empreinte Temps Présent, 2007. Disponible sur le site de la librairie 7ici ou par mail.

 

La Bible affirme haut et fort que :

  • Le mal est toujours mauvais
  • Dieu est souverain
  • Dieu est bon, ainsi que sa création

1. Le mal est toujours mauvais

La Bible ne laisse aucun doute sur la réalité mauvaise du mal, de la Genèse à l’Apocalypse. Chaque page le dénonce comme étant radicalement mauvais : la loi le révèle, la grâce le domine. Il est opposé au bien, et malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal ! (Esaïe 5 : 20). Paul recommande d’avoir le mal en horreur.

Ce qui démontre le mieux la réalité mauvaise du mal, c’est la colère de Dieu contre lui.

Jésus qui disait : Celui qui m’a vu a vu le Père, n’a jamais fait souffrir quelqu’un, ni dit à un malade de prendre son mal en patience. Il n’a jamais fait de grandes théories sur le mal, mais il a considéré la souffrance physique, psychique et spirituelle comme un adversaire et il l’a combattue de toutes ses forces, en guérissant, en libérant et même en ressuscitant les morts. Il n’a rien expliqué, mais il s’est impliqué.

Il a lui-même connu la souffrance, étant homme comme nous ; il l’a évitée lorsqu’il le pouvait, mais l’a assumée avec courage quand il le fallait, et en demandant l’aide de ses amis quand l’épreuve était trop forte : Mon âme est triste jusqu’à la mort ; restez ici et veillez avec moi.

2. Dieu est souverain

Malgré l’œuvre de Jésus accomplie à la croix, la persistance du mal sur notre terre pose encore le problème de la souveraineté divine. La Bible affirme sans cesse que Dieu est souverain, non seulement dans l’infiniment grand mais aussi dans l’infiniment petit. Il est le Premier et le Dernier et il règne, même si nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient soumises. (Hébreux 2 : 8) Reconnaissons ce paradoxe que son Royaume est déjà là, et pourtant pas encore là.

3. Dieu est bon, sa création est bonne

L’Ecriture rejette, comme un blasphème, le soupçon que Dieu serait complice du mal. Il est radicalement bon. La grande tentation, c’est de douter qu’Il est amour et bonté. Paul se réjouissait à la fin de sa vie d’avoir gardé la foi en un Dieu bon, même s’il n’avait pas compris toutes les épreuves qu’il avait subies.

Peut-on concilier le mal, et un Dieu souverain et bon ?

Cela semble inconcevable pour notre raison humaine limitée puisque comprendre (= prendre avec), c’est unir. Comprendre le mal serait donc l’intégrer dans l’harmonie issue de Dieu, ce qui est impossible.

Le mal est a-normal, il ne devrait pas être, il est injustifiable, incompréhensible. Mais nous pouvons comprendre que nous ne pouvons pas comprendre le mal. Nous avons seulement à le combattre.

Est-ce faire preuve de faiblesse intellectuelle que d’avouer notre incapacité à le comprendre ? Est-ce une démission de notre raison ? Nous ne le croyons pas. Constater que le mal existe, et qu’il est injustifiable reste un mystère, acceptons-le humblement.

En disant clairement que le mal est une réalité, mais que Dieu est souverain, et que de plus il est bon, nous parlons par la foi, et cette foi glorifie Dieu.

C’est à la croix où Jésus meurt crucifié que nous retrouvons ces trois grandes vérités bibliques : la réalité abominable du mal, la souveraineté divine, car tout cela est arrivé selon le conseil arrêté et la prescience de Dieu, et sa bonté infinie pour tous les hommes.

« A la croix, le mal est vaincu par l’extrême de l’amour dans l’accomplissement de la justice », dit Henri Blocher.

 « VOUS SEREZ COMME DES DIEUX, CONNAISSANT LE BIEN ET LE MAL »

Lorsque je souffre, cette tentation, à laquelle ont succombé Adam et Eve (voir Genèse 3.5), m’éprouve d’une manière plus aiguë qu’à l’ordinaire. Combien j’aimerais pénétrer dans les secrets divins, élucider les mystères cachés, connaître le sens du mal, surtout de celui qui m’atteint ! Car le mal est du domaine de l’obscur : le mot grec melas signifie : sombre, noir, profond, méchant, difficile à savoir.

Mais ceux qui prennent l’avion ne sont pas autorisés à entrer dans la tour de contrôle de l’aéroport, là où les aiguilleurs du ciel guident les mouvements des avions. Un voyageur ne sait pas pourquoi, quand et comment les avions sont dirigés là ou ailleurs. De même, nous les humains, nous ne sommes pas admis dans la tour de contrôle de Dieu.

Le roi Salomon, un homme mûr, ayant acquis une longue expérience, écrit que la véritable sagesse c’est de reconnaître que mon existence, et celle des autres, constitue une énigme : J’ai vu toute l’œuvre de Dieu, j’ai vu que l’homme ne peut pas trouver ce qui se fait sous le soleil, il a beau se fatiguer à chercher, il ne trouve pas, et même si le sage veut connaître, il ne peut pas trouver. (Ecclésiaste 8 : 17)

Les événements se produisant sous le soleil, famines, guerres, maladies, deuils, ne témoignent pas de l’existence d’un Dieu juste et bon. Ce sont le chaos, l’oppression et l’arbitraire qui règnent, et non la justice. Si l’on cherche à comprendre ces malheurs incompréhensibles, à pénétrer dans la tour de contrôle, on arrive à ce constat révoltant : Vanité des vanités, tout est vanité.

L’Ecclésiaste rejoint dans ses conclusions un homme durement éprouvé, Job. Pour ce juste la fournaise de la souffrance a été chauffée à l’extrême et il est resté longtemps au fond de l’abîme du désespoir.

Après que Dieu lui ait dressé un tableau de sa puissance au travers de sa création, Job admet que le créateur le dépasse et, renonçant à toute conception de Dieu, il entre dans un dialogue avec lui.

Job ne reçoit aucune explication de ses malheurs, aucune justification de la part de Dieu. Sans même avoir saisi la raison de ses épreuves, acceptant de ne pas être admis dans la tour de contrôle de Dieu, il s’engage dans une communion intime, une relation gratuite, basée sur l’amour et la liberté, avec ce Dieu transcendant et incompréhensible : Mon oreille avait entendu parler de toi, mais maintenant mon oeil t’a vu. C’est pourquoi je me repens sur la poussière et sur la cendre.

Josy Eisenberg et Elie Wiesel, dans leur livre Job ou Dieu dans la tempête, signalent que « je me repens » peut aussi se traduire « je suis consolé ». Job sait qu’il est mortel, mais maintenant qu’il a vu Dieu, il est consolé et il assume.

Lorsque je souffre, Dieu veut me faire la grâce, comme à Job, de garder confiance en sa justice et en son amour. Je ne recevrai peut-être pas de réponse, mais je serai consolé. Le seul soutien pour ma foi est alors de regarder à Jésus-Christ crucifié. Ce Dieu impénétrable, indéchiffrable, dont je ne comprends pas les voies, est le même qui sur la croix, en Jésus-Christ, se révèle comme juste et bon.

Dieu me fera don de sa paix qui surpasse toute intelligence. Je renonce à comprendre, à connaître le bien et le mal, et je regarde à ce que Dieu est plus qu’à ce qu’il permet, et dont la raison m’échappe. J’accepte de ne pas être admis dans la tour de contrôle, je reconnais qu’il peut tout, et en même temps je continue à croire qu’Il est un Dieu d’amour, seul sage et parfaitement digne de ma confiance.