EMPRISE PSYCHOLOGIQUE ET SPIRITUELLE – DISCERNER, AIDER
Conclusion par Denis Guillaume
de la 6e Université d’été de la relation d’aide / 25-27 août 2017
En conclusion de cette 6e université d’été de la relation d’aide, je relève qu’il nous a fallu un certain courage pour aborder et traiter cette question réellement sensible, délicate, difficile : l’emprise psychologique et spirituelle. Certaines organisations et certains responsables chrétiens n’ont pas été épargnés.
Cela nous a fait parfois très mal d’entendre ce qui nous a été dit par les uns et les autres. Nous avons accepté d’affronter un « tabou », de briser nos béquilles, de bousculer nos sécurités.
Il faut bien le reconnaître : ce qui était censé nous protéger, parfois, nous a détruits : relations toxiques, communautés toxiques…
Mais il nous faut absolument procéder à un aggiornamento, comme Pascal Zivi nous l’a suggéré : soyons « prophètes ». Je me risque donc à l’être : il me semble que nous allons, dans ce domaine de l’emprise, vers des temps plus difficiles encore. Nous voyons émerger des communautés qui, tout en se réclamant de « la Bible » et de la foi chrétienne ne sont rien d’autre que des entreprises de spectacle. Vient le temps des « animateurs-producteurs » qui offrent de magnifiques prestations scéniques (parole et musique) parfaitement anesthésiantes et lénifiantes et qui ensuite, bien entendu, passent à la caisse.
Nous avons sans doute un peu souffert pendant ces 3 jours mais nous nous sommes aussi armés pour veiller, pour agir, pour reconstruire.
Je retiendrai notamment trois points très positifs :
- L’importance de faire droit à une recherche authentique de sens, dans et hors des institutions qui sont en charge de dire ce sens ultime de l’existence (ce n’est pas rien).
- L’importance de garder et de cultiver son quant-à-soi face à la tentation de tel responsable, telle institution de s’approprier Dieu pour en gérer les biens. Nul n’est autorisé à privatiser Dieu : il s’agit de notre bien commun.
- L’importance de la centralité de l’homme Jésus qui révèle ce que nous pouvons connaître de Dieu. Ce Dieu qui établit la primauté de l’humain. «Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n’avez pas fait ces choses à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne les avez pas faites.»
C’est pourquoi :
- N’hésitons pas à remettre le dogmatisme en question quand il nous assèche et nous éloigne de notre humanité et de toute progression vers un développement tant personnel que communautaire.
- Continuons à dénoncer tout abus, toute emprise, accompagnons les victimes comme nous l’a expliqué Pascal Zivi et comme l’a magnifiquement théorisé Cosette Fébrissy.
- Poursuivons notre quête personnelle, courageusement, honnêtement, authentiquement et librement.
- Défendons la singularité de chacune et de chacun contre le conformisme, le nivellement. Au « consensus » opposons le « dissensus » qui ouvre à la mise en question.
- Abordons notre existence personnelle et celle de chaque autre comme on aborde une terre sainte. Déchaussons nos gros sabots, chargés de certitudes et de discours convenus, veillons à ne pas piétiner les magnifiques jardins (paradis) que constituent les corps et les âmes de nos semblables.
- Je terminerai par cette citation de John Shelby Spong : « Il nous faut alors emprunter la voie du Christ, ce qui signifie recevoir le pouvoir de marcher à l’extérieur et au-delà de ces différents systèmes humains de sécurité. […] Cela signifie aussi admirer la plénitude et l’épanouissement de l’humanité de Jésus, et y voir la présence divine. «Dieu était en Christ»: c’est une proclamation de la présence qui mène à la plénitude, à une nouvelle création, à une nouvelle humanité et à une nouvelle façon de vivre.»