4. La position des Eglises protestantes évangéliques (non membres de la Fédération Protestante)
Les phrases ci-dessous sont des extraits du livre Mariage, divorce, remariage, Commission théologique des CAEF (Communautés et Assemblées Évangéliques de France), 2004, Excelcis. Nous conseillons la lecture de ce livre.
Le mariage est une institution créationnelle, c’est-à-dire de l’ordre de la création. C’est pour cette raison qu’on peut trouver la trace de ces valeurs et de ces caractéristiques fondamentales dans l’ensemble des cultures de tous les temps.
Les trois verbes quitter, s’attacher, devenir, décrivent l’ensemble des changement physiques, affectifs et sociaux qui s’opèrent normalement dans ces trois étapes menant au mariage.
Dans le Nouveau Testament, la métaphore du mariage est appliquée à la relation entre Jésus-Christ et l’Eglise : celle-ci est la fiancée ou l’épouse du Christ.
Même si à la lumière de la révélation du Nouveau Testament, on peut y voir une image de l’union du Christ avec son Eglise, le mariage ne peut être considéré pour autant comme un sacrement, car il ne relève pas de l’ordre du salut mais de celui de la création.
La première mention biblique explicite du divorce se trouve dans un passage de la loi de Moise (Deutéronome 24.1-4). Ce texte capital de l’Ancien Testament est le seul à contenir une réglementation précise du divorce appelé répudiation. Ce texte n’a pas toujours été bien compris. En effet, son intention n’est pas d’apporter un jugement sur le divorce en lui-même, mais, partant d’un état de fait, peut-être assez courant, d’en écarter plutôt certains effets pervers.
Les textes bibliques semblent indiquer que le divorce fut permis parce que la vie conjugale pouvait devenir impossible dans certaines circonstances. Cette issue était une concession faite par Dieu à l’homme à cause de la dureté du cœur de ce dernier. Dans le Nouveau Testament, dans le sermon sur la montagne et dans sa réponse à la question des pharisiens (Matthieu 5.31 et 19.3) notre Seigneur remet en perspective les données et les limites du divorce. Il rappelle ce qu’était le mariage au commencement et le commandement général de Dieu de ne pas séparer ce qu’Il a uni.
Il précise toutefois que c’est à cause de la dureté du cœur que la possibilité du divorce était admise. Jésus dénonce énergiquement la confusion de ces détracteurs entre laxisme et rigorisme. Il n’admet pas qu’un homme puisse répudier sa femme pour n’importe quelle motif mise à part une exception, la porneia. Ce mot grec, généralement traduit par infidélité ou impudicité, parfois par adultère (dans le Nouveau Testament le mot courant pour désigner l’adultère est moicheia) signifiait à l’époque toute anomalie ou immoralité sexuelle.
A noter que ce terme porneia a en effet un sens très large : il couvre la convoitise tout autant que la prostitution, la fornication, l’adultère, l’homosexualité, toute déviance sexuelle en action ou en pensée. Rappelons-nous la phrase de Jésus qui assimile un regard de convoitise à un adultère.
Pour Jésus, une porneia pouvait être une cause de rupture de l’alliance du mariage.
Dans l’Eglise naissante le divorce entre époux chrétiens était à priori réprouvé, mais une situation nouvelle à surgi du fait de l’existence des conjoints restés non croyants voulant rompre le mariage. (1 Corinthiens 7.14) Il importe avant tout de vivre dans la paix et ne pas se laisser envahir par l’inquiétude. A l’autorisation par Jésus du divorce et du remariage en cas de porneia, Paul ajoute l’autorisation en cas d’abandon d’un conjoint non croyant. Selon les uns ces deux cas sont les seuls qui permettent le divorce dans l’Ecriture ; selon les autres Paul a définit l’exception de l’abandon du conjoint croyant en appliquant de manière analogique, l’enseignement de Jésus à une situation inédite, ce qui suggère que l’on pourrait faire de même pour d’autres situations dramatiques. (Note de la Bible d’étude du Semeur sur 1 Corinthiens 7)
Les auteurs de cette Commission théologique se rangent à cette seconde approche tout en mesurant l’importance de considérer chaque cas en cohérence avec l’ensemble de la parole de Dieu.
En dehors des points particuliers qui ont été développés, d’autres situations peuvent rendre invivable la vie conjugale. A l’exemple de Moïse et de Jésus, il nous est alors demandé de tenir compte, cas par cas, de ce que la parole de Dieu qualifie d’inconvenant et que la société elle-même réprouve (violences de tout nature, atteinte à la vie du conjoint ou des enfants, découverte de délits graves, occultisme…)
Ces faits peuvent entraîner la rupture du mariage. Si le mariage peut se définir suivant les trois axes essentiels de Genèse 2.24 (les trois verbes vus plus haut) le refus, avéré, durable et irréversible, de l’un ou de plusieurs d’entre eux peut être considéré comme une remise en question de l’union conjugale et être un motif de divorce avéré.
Nous signalons que d’autres Eglises de la mouvance évangélique se rapprochent de cette position des CAEF, mais, contactées, elles ont déclaré n’avoir pas de position « officielle » et ne souhaitent pas être citées ici.