3. La position des Eglises de la Fédération Protestante de France

Pour les églises membres de la Fédération Protestante de France, la rupture d’un mariage ne met pas en cause un sacrement d’indissolubilité. Le mariage est d’ordre civil, le divorce aussi. Pour la théologie protestante, l’amour et la sexualité sont des grâces accordées par Dieu à un homme et une femme invités à vivre cette relation dans la durée et dans la fidélité avec l’aide de sa bénédiction. Mais cette relation conjugale est une affaire pleinement humaine (ein weltlich Ding, disait Martin Luther) où se jouent la responsabilité, mais aussi la fragilité et la faiblesse des créatures de Dieu.

Lorsque, malgré le sérieux de l’engagement du mariage, la discorde s’installe dans un couple, l’Eglise protestante propose aide et soutien aux époux en vue d’obtenir leur réconciliation. C’est ainsi, qu’ils peuvent, s’ils le souhaitent, s’engager dans une démarche pastorale, participer à une thérapie de couple ou encore rencontrer un conseiller conjugal.

Lorsqu’un couple en arrive à un point de rupture et qu’il a honnêtement tenté d’éviter la cassure, lorsque la situation familiale a atteint une tension insupportable pour tous, alors il vaut sans doute mieux se résoudre au divorce, même s’il y a des enfants. Mais une union qui se brise ne laisse pas indifférente l’Eglise qui reste attentive, dans l’écoute et l’accompagnement pastoral, à la souffrance et au devenir des personnes divorcées et de leur famille.

Parce que la communauté des chrétiens vit du pardon de Dieu, les Eglises protestantes acceptent, le moment venu, la possibilité de bénir une nouvelle union. Elles croient que le “oui” de Dieu est plus fort que son “non”, et que donc les divorcés ne sont ni jugés, ni condamnés, ni exclus. Parce qu’un remariage de divorcés ne doit en aucun cas séparer ces personnes de la communion de Jésus-Christ, mais leur ouvrir de nouvelles perspectives de vie et d’espérance, l’Eglise protestante propose des entretiens qui rendent attentifs aux enfants qui vivront dans cette famille recomposée et au devenir du nouveau couple. L’Evangile est d’abord Parole de grâce et il vaut aussi pour les divorcés, qu’ils se remarient ou non ; sa puissance peut leur ouvrir un avenir béni et la possibilité d’un nouvel amour.

C’est ainsi que l’Eglise protestante accepte la possibilité de bénir une nouvelle union.

Certes, cette seconde bénédiction n’a rien d’automatique ni de systématique. Chaque Union d’églises ou chaque église, membre de la Fédération Protestante de France, a son propre fonctionnement et peut accepter ou refuser cette demande d’une seconde bénédiction.

Tout en affirmant le sérieux de l’engagement du mariage, la confession protestante adopte une position assez souple et équilibrée à l’égard des divorcés et des remariés.