CE QUE LA BIBLE DIT DE L’HOMME
© Jacques Poujol. Pages extraites de leur livre « L’accompagnement psychologique et spirituel, guide de relation d’aide », Empreinte Temps Présent, 2007. Ouvrage disponible sur le site de la librairie 7ici ou par mail.
1. Les trois fractures de la Chute
Le chapitre 3 de la Genèse nous montre Adam et Eve désobéissant à leur Créateur et mangeant le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Tous les hommes après eux ont subi les conséquences de leur désobéissance, car par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché. (Romains 5 : 12)
A la Chute l’homme a perdu :
- Le sentiment d’appartenance (l’être) : Dès ce moment il va éprouver l’angoisse et l’insécurité face aux autres et à Dieu.
- La perte de l’estime de soi (le connaître) : L’homme aura une image faussée de lui-même, il manquera de repères pour lui dire qui il est. Il développera la culpabilité, la honte, les complexes, l’orgueil. Il se construira un moi idéal et essaiera de le rejoindre.
- La perte de l’assurance et de la confiance en soi (le faire) : L’homme va développer le désir de puissance, de domination, de tyrannie ou la faiblesse, l’impuissance, la dépression.
Ainsi l’homme est atteint dans trois domaines : l’être, le connaître, le faire.
2. « Qu’est-ce que l’homme ? »
Cette question est posée à trois reprises dans l’Ancien Testament, et chaque fois dans un contexte différent :
- Psaume 8 : 4-5 Quand je contemple les cieux, ouvrage de tes mains, la lune et les étoiles que tu as créés, qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui, et le fils de l’homme, pour que tu prennes garde à lui ?
Ce verset parle de la majesté de Dieu et de sa création, et du contraste existant entre la petite place que tient l’homme dans la création et l’attitude bienveillante de Dieu envers sa créature. Ce verset, qui est repris dans Hébreux 2 pour nous présenter Jésus, nous parle de l’appartenance.
- Psaume 144.3-4 Eternel, qu’est-ce que l’homme pour que tu le connaisses, le fils de l’homme pour que tu prennes garde à lui ? L’homme est semblable à un souffle, ses jours sont comme l’ombre qui passe.
Ici le contexte est différent. L’homme rappelle que son secours, son salut, son aide, c’est Dieu. La question rappelle la faiblesse de l’homme qui doit et peut compter sur Dieu son rocher. Ce verset nous parle de la confiance.
- Job 7.17 à 19 Qu’est-ce que l’homme pour que tu l’éprouves à tous les instants ? Quand cesseras-tu d’avoir le regard sur moi ?
Au-delà de sa souffrance, Job s’interroge sur la manière dont Dieu tient l’homme pour responsable de ses actes. Il ne comprend pas que Dieu accorde tant d’importance aux actes de l’homme. Ce verset nous parle du faire en rapport avec l’être.
3. Ce que la Bible dit de l’homme
- L’homme est un existant historique
Il n’a pas choisi de venir sur cette terre. Il devra assumer ce choix que d’autres ont fait pour lui et accepter qu’il est là, à sa place, de par la volonté de Dieu. C’est à lui de décider ce qu’il va faire de ce temps et de cet amour, de cette existence, de cette historicité que Dieu lui donne.
Cette notion de temps dramatise sa vie, puisque ses choix détermineront son identité et son éternité. Il existe, et par ses choix, devient maître de son histoire. Il n’est ni victime ni spectateur, il est acteur de sa vie (Deutéronome 30 : 19, 20). L’homme est un existant historique capable de choisir sa destinée terrestre et éternelle.
- L’homme est fils de l’homme, prochain de l’autre, c’est-à-dire pas seulement individu mais « être en relation », être social, être communautaire, au niveau génétique, spirituel, psychologique, social. C’est pour cela que Dieu se révèle dans la Bible comme un Dieu personnel et communautaire.
- L’homme est l’âme de son corps, c’est-à-dire être extérieur autant qu’être intérieur. Mon moi se constitue autant à partir de mon rapport à mon corps que de mon rapport à ma psyché. Je n’ai pas un corps, je suis un corps. Il est important de voir quelle image j’ai de mon corps, comment j’en parle.
En relation d’aide on rencontre souvent des personnes qui ont des problèmes d’image de leur corps. On remarque aussi que le corps est souvent le dernier endroit où les symptômes continuent à se manifester. Lorsque après un travail sur lui-même, l’esprit et l’âme du client (son homme intérieur) vont mieux, il souffre encore parfois dans son corps, dans l’homme extérieur, par exemple de migraine, de mal au dos, etc.
Mon corps est le lieu privilégié où demeure le mystère de ma personne, et le mystère de Dieu. L’homme est une terre sainte. Le Fils de Dieu lui-même a voulu habiter un corps et s’y est incarné. Mon corps est le temple du Saint-Esprit (1 Corinthiens 6 : 19). Je suis appelé à l’habiter, à y être présent, à ne pas le mépriser mais à l’écouter (mes émotions, mes maladies sont le langage de mon corps).
Mais Paul dit ensuite dans la même épître que mon corps est une tente. Après avoir reconnu que mon corps est un temple, je découvre qu’il est une tente, une demeure provisoire que je quitterai un jour (2 Corinthiens 5 : 1).
- L’homme est créé à l’image de Dieu, c’est-à-dire qu’il ne se comprend et ne se construit que s’il est en relation avec celui qui lui a donné son image.
- L’homme est perdu et il est spirituellement mort, ce qui affecte toutes ses relations. Cependant il peut être sauvé et renaître : Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ (c’est par grâce que vous êtes sauvés). (Ephésiens 2 : 4, 5)