VOTRE PERSONNALITÉ INFLUE SUR VOTRE SPIRITUALITÉ !
© Jacques Poujol et Valérie Duval-Poujol. Pages extraites de leur livre « 10 clés pour la vie chrétienne », Empreinte Temps Présent, 2011. Disponible sur le site de la librairie 7ici ou par mail.
1. L’ATTITUDE GÉNÉRALE : INTROVERSION ET EXTRAVERSION
L’humanité se divise en deux groupes principaux : les introvertis et les extravertis.
La personne introvertie est davantage portée sur la méditation, la réflexion sur soi. Elle retire un grand plaisir de sa vie intérieure. C’est pourquoi elle n’a pas de mal à cultiver sa vie de prière. De nombreuses personnes ayant un don d’intercession se retrouvent parmi les introvertis. L’introverti réfléchit et agit ensuite. Il est souvent réservé, silencieux et plus difficile à connaître. Il a aussi tendance à refouler ses sentiments.
L’extraverti qui préfère les gens et les choses à son univers intérieur, favorise l’action à la méditation. Il puise son énergie au contact des autres. Il agit puis réfléchit ensuite. Il aura plus de mal à avoir une vie régulière de prière. En revanche, il sera plus à même de mettre en œuvre des projets, d’évangéliser par son témoignage, car il est souvent sympathique, bavard, facile à connaître. Il n’a pas de peine à exprimer ses sentiments à Dieu.
L’un n’est pas « meilleur » que l’autre, les deux attitudes sont tout aussi chrétiennes. Les extravertis peuvent sembler superficiels aux introvertis tandis que ceux-ci peuvent sembler renfermés aux extravertis. Mais chacun doit apprendre à s’accepter et accepter les différences des autres. Un introverti ne doit pas se culpabiliser s’il trouve plus difficile d’aller vers les autres que de prier. De même l’extraverti ne doit pas se sentir coupable et se forcer à imiter une attitude d’introverti. Dieu invite chacun à le servir selon son tempérament, tempérament d’ailleurs donné par lui-même ! Bien sûr qu’un minimum des deux est nécessaire pour un équilibre.
2. LES FONCTIONS PSYCHIQUES
Afin de s’adapter au monde extérieur et à nous-mêmes, nous disposons chacun de quatre fonctions principales : la pensée, le sentiment, la sensation et l’intuition.
A. La pensée
Pour les personnes ayant la pensée comme fonction dominante, toute situation est envisagée à la lumière de la raison et la logique est la règle d’or.
Ceci a des conséquences sur sa vie spirituelle. Résumons celle-ci par « méditer la Bible ne me coûte pas, mais prier m’est difficile ».
Il aime penser sa foi, la réfléchir sans pour cela être forcément un intellectuel. Il vit sa foi avec rigueur, selon un esprit logique, dans un souci d’objectivité et de recul. Pour lui, la prière est plus difficile car elle est l’expression d’une relation. Or le relationnel n’est pas son point fort. La prière n’est donc pas pour lui un acte spontané mais un processus analytique, voire pensant. Il préfère méditer que prier. Il s’approche de Dieu avec une mentalité rationnelle. Le philosophe Pascal était ce genre de personnes, en quête de sens.
L’important n’est pas de « sentir » Dieu mais plutôt ce qu’il connaît de lui et d’enrichir le trésor d’idées nouvelles qui lui viennent quand il prie. Pour lui, Dieu est plus Créateur que Père. Il peut toutefois être un bon intercesseur car il est méthodique et logique. Sa vie spirituelle est organisée, disciplinée. Il aime noter, classer. Il tient volontiers un cahier de notes y rapportant sa liste de requêtes et les réponses reçues. Il est partisan de « la Bible en un an ». Il n’a aucune peine non plus à procéder à un examen de conscience. Les moments de prières communes qu’il apprécie sont des moments ordonnés. De même, il aime les cantiques structurés, les chemins de prière (étude du Notre Père…). En bref, c’est un dogmaticien rationaliste.
Ce type de tempérament présente toutefois un danger. L’appréhension de la réalité par la pensée peut conduire ce chrétien à une sécheresse relationnelle. Oubliant le cœur, la vie, il peut devenir dogmatique et rigide, ignorant trop les sentiments, étant même intolérant et condescendant avec ceux qui font trop « sentimentaux », selon lui.
Lui-même étant maladroit à capter les nuances du cœur, des émotions, ou des états d’âmes des autres, il peut sombrer dans la froideur et l’agressivité, la compétition excessive. Mais ce genre de tempérament apporte aussi énormément aux autres car il possède une remarquable capacité d’autocritique, et un souci pour la vérité et la justice.
S’il est introverti, il gardera pour lui ses nombreuses richesses intérieures mais s’il est extraverti, il saura partager cette richesse. Pour progresser et garder l’équilibre, ce genre de personnes doit maintenir l’équilibre entre vérité et vie, ainsi que celui entre loi et grâce.
B. Le sentiment
Le critère d’évaluation pour la personne dont le sentiment est la fonction dominante est : est-ce que j’aime ou est-ce que je n’aime pas ? Sa vie spirituelle aura toutes les caractéristiques d’une relation affective. Ce qui compte pour elle, c’est que Dieu est amour. Elle est sensible à la belle louange, a une vie spirituelle plutôt sentimentalisée et veut surtout être « intime » avec Jésus. Elle n’a pas de peine à ressentir la vie de Dieu, son amour, sa miséricorde, sa présence. Elle aime les psaumes et l’Evangile de Jean.
Sa vie de prière est de type affectueux, compatissant, enthousiaste. Son désir d’intimité avec le Seigneur, sa sensibilité en font un chrétien plutôt mystique, surtout s’il est introverti. S’il est extraverti, il peut se culpabiliser de ne pas être un bon chrétien, assez à l’écoute de Dieu car il s’exprime plus que ce qu’il écoute.
Ce tempérament présente une faiblesse : la subjectivité, qui peut conduire à un manque de rigueur logique, des excès de considérations personnelles et une difficulté à prendre du recul. Ce genre de chrétien risque d’être trop à l’écoute de ses sentiments et confond des fois son ressenti avec l’Esprit. De plus, il ne comprend pas toujours ceux qui sont dans la fonction pensée car il les trouve qu’ils réfléchissent trop. Mais cette faiblesse peut aussi représenter une réelle force et le subjectivisme de sa foi et de son écoute devenir un formidable enrichissement pour sa vie spirituelle. Ces personnes apportent alors un sens des valeurs, une compréhension des personnes avec de l’écoute, de l’empathie et une grande fidélité à l’éthique et à ses valeurs.
C. La sensation perçoit l’information au moyen des cinq sens
Pour le chrétien ayant la sensation comme fonction dominante, Dieu est immédiat. Il n’a pas de peine à parler à Dieu, il aime les prières informelles, il lui parle comme un ami, avec beaucoup de spontanéité. Il remercie pour ce qu’il voit, ce qu’il a. Il est très stimulé par les choses extérieures, par exemple il sera sensible à un coucher du soleil, une lumière du printemps qui l’inciteront à louer le Seigneur.
Les méthodes et une discipline de prière lui coûtent. Mais il a le sens ancré du devoir. Il aime ses habitudes, ce qui peut l’amener à une certaine rigidité rituelle. Les prières formelles lui semblent absurdes voire suspectes de mort spirituelle. Le danger de ce tempérament est d’être trop dans l’immédiat et non dans la continuité. Il a du mal à se concentrer. Il n’aime pas le structuré, et risque d’être inconstant.
Puisqu’il vit dans le présent, comme un enfant, il dépend beaucoup du milieu ambiant et peut connaître facilement des hauts et des bas. Par exemple, s’il a un conflit le dimanche matin, son culte est gâché. Le risque par conséquent est que son tempérament devienne un frein au changement et qu’il procède à une exacerbation des détails. S’il est extraverti, il a de la peine à témoigner car il est à l’écoute de sa propre perception et non de celle de l’autre. S’il est introverti, sa vie de louange se vit par à-coups, avec des fluctuations permanentes. En revanche ce tempérament représente une force par son incroyable disposition pour la prière spontanée.
D. L’intuition
La personne ayant l’intuition comme fonction principale privilégie « le sixième sens ». Elle voit au-delà des apparences, elle est visionnaire, anticipe et suit son inspiration.
Elle a tendance à être pionnière, innovatrice car elle lance des idées et des actions. Elle voit les possibilités d’une personne ou d’une situation au-delà de ce qui existe déjà. Elle est attirée par l’inconnu, par la nouveauté, elle s’intéresse au futur, elle est curieuse. Elle aime le changement et la variété. En revanche, elle a peu d’intérêt pour le présent qui l’ennuie et des instructions par étapes la rebutent.
Les projets l’enthousiasment, elle est l’étincelle qui allume le feu. Si elle est introvertie, elle aura tendance à devenir mystique. Si elle est extravertie, c’est un télévangéliste ! Le danger de ce tempérament est d’être trop la tête dans les nuages, de ne plus avoir les pieds sur terre car elle préfère l’abstraction, la contemplation.
Du coup, elle trouve difficile de prier pour le quotidien, les nécessités immédiates de l’église locale car elle trouve que c’est un manque de foi, de souffle. Elle méprise l’intendance et a des difficultés pour passer à l’action. Elle fuit les méthodes, les trucs, elle est naturelle. Ses discours sont abstraits voire fumeux. Elle peut aussi apparaître inconstante, irréaliste.
Le danger réel est de confondre son enthousiasme naturel avec la foi chrétienne, l’œuvre de l’Esprit de Dieu. Elle peut même alors tomber dans une fausse spiritualité car elle voyage dans son âme. En fait, ces personnes ont presque, à l’extrême, un Dieu intériorisé. Or la pensée positive n’est pas la foi chrétienne.
La personne dont l’intuition est la fonction dominante a besoin qu’on le ramène dans le concret de l’ici et maintenant de la foi chrétienne. Mais canalisé, ce tempérament apporte de nombreuses choses. En effet, la force de cette personne est sa spiritualité spontanée. Elle entre très vite en présence de Dieu, contrairement au tempérament pensée à qui il faut une liturgie. La personne de type intuition apporte la capacité de vision à long terme, le sens du global, l’imagination, la compréhension des relations, et surtout, la sensibilité innée aux choses spirituelles.