Table ronde « Que font les cultes ? » : intervention de Valérie Duval-Poujol, vice-présidente de la Fédération Protestante de France, invitée à parler au nom du Protestantisme.

Rencontre de la Conférence des responsables de culte en France (CRCF) sur le thème :

« Violences sexuelles : que font les cultes ? » du 19 septembre 2023

 

Cette première table ronde tout à l’heure nous a rappelé que les violences sexuelles, intrafamiliales, conjugales, comme le rappelle “Une place pour elles” ou d’un responsable de culte sur un fidèle, existent depuis toujours dans tous les milieux, y compris donc en Protestantisme. Les Églises, les œuvres du Protestantisme dans toute sa diversité sont concernées.

Quel est donc l’engagement des protestants contre ce drame ? Je vais développer ma réponse en deux temps.

D’abord, la réponse institutionnelle de la Fédération protestante de France, et puis celle des Églises et œuvres protestantes.

Cette réponse institutionnelle, c’est la commission “Éthique et société” de la Fédération protestante qui a produit ce rapport “Les violences sexuelles et spirituelles dans le protestantisme”. Ce rapport contient des témoignages de victimes, des définitions pour mieux comprendre de quoi on parle et des recommandations pour les églises et œuvres. Ce rapport a été adopté à l’Assemblée générale de la Fédération protestante, à la dernière, en janvier dernier, à une quasi-unanimité, accompagné d’un texte d’engagement pour tous les membres de la Fédération protestante. Engagement à diffuser ce rapport à tous les membres afin de sensibiliser au sujet à travailler à la création d’une instance indépendante d’écoute des victimes, à élaborer un code de déontologie pastoral, à encourager les formations, vous voyez qu’ont rejoint ce qu’on a partagé aussi tout à l’heure.

À ces engagements sur lesquels nous travaillons, s’ajoute aussi l’élaboration d’un protocole que nous allons proposer aux Églises membres lorsqu’un pasteur, un ministre du culte, est lui-même l’objet d’une plainte pour violences sexuelles.

La réponse des Églises et œuvres protestantes : elles sont de plus en plus nombreuses à prendre la mesure du drame et à agir. Partager leurs initiatives avec vous, ce matin, c’est dire ce que fait le culte protestant, surtout qu’en protestantisme le culte n’est pas très centralisé.

Donc on a plusieurs axes.

D’abord, l’accompagnement des victimes. Les associations, les Églises protestantes gèrent de nombreux lieux d’accueil de victimes. J’en citerai seulement quelques-uns, comme le CHRS, le “Home” à Strasbourg, le projet d’accueil de l’association baptiste pour l’entraide et la jeunesse à Lille, qui accueille particulièrement des femmes de la rue, où 100 % des femmes de la rue qu’elles accueillent ont été victimes de violences sexuelles. Évidemment, si les associations sont protestantes, les victimes sont de tous horizons.

Il y a aussi des lignes d’écoute spécialement dédiée aux victimes. Je les nomme sans en faire l’évaluation. Une affiche mise dans toutes les paroisses des Églises protestantes unies de France pour annoncer un dispositif d’écoute.

C’est depuis juin dernier le dispositif “Stop abus” mis en place par le Conseil national des évangéliques de France, depuis 2021, avec un service d’écoute. Et les responsables sont parmi nous.

La cellule “Violences sexistes et sexuelles” des Éclaireurs et Éclaireuses unionistes de France, donc le scoutisme et la cellule de veille de l’UEPAL en Alsace avec des personnes ressources et une paroisse “point-écoute”.

Il y a aussi l’accompagnement des auteurs de violences et là, c’est la fondation de l’Armée du salut qui accompagne, en particulier à Belfort et Mulhouse, des hommes ayant eu des comportements violents dans le cercle familial.

Et puis, l’axe de la formation, de l’éducation est un axe fondamental et je cite en particulier, “Empreinte Formations” dont vous avez entendu tout à l’heure le président honoraire qui propose du coup pour les responsables des formations en particulier aussi au niveau universitaire.

Puis il y a eu un grand nombre d’ouvrages qui ont permis la sensibilisation, la formation, des ouvrages grand public, mais aussi pour les publics d’Église :

On peut aussi sensibiliser parce que du coup c’est en prévention. Comment est-ce qu’on peut sensibiliser et parler de ces sujets à tous les âges ? Il y a par exemple la campagne des Jeudis en noir, qui est une campagne pour toutes les Églises du Conseil Œcuménique des Églises. Aussi l’association Une place pour elle, que je préside et que j’ai créée et qui nous permet du coup, dans n’importe n’importe quel lieu de culte, mais aussi un lieu non cultuel, de parler du sujet.

Et plusieurs chartes d’engagements aussi, qui ont été affichés dans des lieux de culte signés par le conseil : une charte d’engagement contre les violences conjugales, par exemple, de la Fédération baptiste ou récemment la charte aussi de l’UEPAL. On pourrait aussi mentionner du coup celle des Éclaireurs ou du CNEF “Stop Abus”.

J’arrive à la conclusion pour les six minutes.

Donc dans ce très bref, trop bref panorama, j’ai parlé des initiatives explicitement protestantes, mais il y a aussi des protestants engagés dans des œuvres non protestantes. Je pense au Planning familial ou au Collectif féministe contre le viol, fondé par des protestants, mais qui sont plus larges.

Le bilan à tirer, c’est qu’il y a de nets progrès. Il faut voir d’où on partait, mais on peut encore mieux faire et on pourrait conclure, permettez à la Baptiste que je suis de conclure avec Martin Luther King, prix Nobel de la paix, non pas son célèbre discours “I have a dream”, qui a 60 ans cette semaine, mais lorsqu’il disait : “Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants, c’est l’indifférence des bons.”

Et je remercie vraiment cette initiative de nous avoir permis de faire reculer l’indifférence dans nos communautés, de mettre au centre les victimes pour qu’ensemble nous puissions lutter contre les violences sexuelles.