QUAND JÉSUS RENCONTRE SIMON, FILS DE JEAN
Cosette Fébrissy, article paru dans la Newsletter d’Empreinte Formations de janvier 2016
« André, frère de Simon Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu Jean et qui avaient suivi Jésus. Il conduisit Pierre à Jésus. Jésus le regarda et dit: Toi, tu es Simon, fils de Jean; eh bien tu seras appelé Céphas – ce qui se traduit : Pierre. (Jean 1:40-42)
Jean pose en termes précis la question de l’identité de Pierre.
« Toi, tu es Simon, fils de Jean »
A cette époque le fait de donner un nom à un enfant avait une signification pour les parents. Simon signifie en hébreu « qui entend ». Le nom Simon exprimait quelque chose pour ses parents : un souvenir, une expérience, un projet, ou autre chose. De plus, Simon porte le surnom de « fils de Jean » bien qu’il soit âgé de trente ans environs. Ainsi, malgré son âge et son mariage, il est toujours désigné comme le fils de Jean. Or, on ne désigne ainsi un adulte que dans la mesure où il demeure encore quelque peu dépendant de son père. Simon, est donc encore lié à la maison paternelle d’une manière ou d’une autre.
La société de cette époque fonctionnait encore selon de mode patriarcal. En restant le fils de Jean, Pierre bénéficie d’un gain d’autorité puisque cela lui confèrera le rôle de patriarche. Comment peut-il accéder à sa véritable identité ? C’est peut-être pour pointer du doigt cette réalité que Jésus lui parle ainsi : « Tu es Simon fils de Jean, tu seras appelé Céphas (c’est-à-dire Pierre) »
La déclaration de Jésus nous laisse entrevoir la façon dont il considère la famille. Il ne nie pas sa nécessité mais y voit malgré tout des limites.
Que fait Jésus ici ? Il ne discute pas les règles qui régissent la société de cette époque. Mais en partant de ce cas particulier, il réaffirme l’identité de Pierre en dehors de son statut dans la famille. Il nous montre que maintenir la pérennité du système patriarcal est loin d’être utile. Dans d’autres épisodes de sa propre existence, il exprimera une même pensée. Ici, il agit en libérateur de l’enfermement et de la pression du système familial et patriarcal. « Tu es fils de Jean, aujourd’hui, mais vient le moment où n’étant plus assujetti et dépendant de l’autorité paternelle, tu ne seras plus déterminé par elle, tu seras Céphas, c’est-à-dire Pierre ».
En entrant dans le champ de son histoire Jésus donne une autre dimension à la vie de Simon. C’est alors comme un véritable affranchissement, fruit d’une libération et d’une restructuration, parce que Jésus lui parle ici au futur, il lui annonce l’action d’un processus personnel qui permettra au « fils de Jean » de devenir Pierre.