LES CARACTERISTIQUES DE TOUT PROCESSUS DE CHANGEMENT
1. Quelles sont les caractéristiques de tout processus de changement ?
- Tout changement et toute croissance passent par la différenciation, l’individuation. Le changement s’opère par une séparation et une découverte du Sujet. Il s’agit, lorsque quelqu’un change, de se détacher de ce qu’il était tout en restant entier, c’est-à-dire de grandir sans s’amputer, ce qui est un paradoxe.
- Un changement est une perte et s’accompagne donc d’un travail de deuil au sujet de ce qui a changé.
- Toute évolution s’accompagne d’abord d’une régression. Cela rejoint le proverbe « reculer pour mieux sauter ». La personne en processus de changement ressemble à l’adolescent qui, poussé vers la vie d’adulte, régresse par moment dans des comportements enfantins.
- Le changement comporte une prise de conscience de ses limites, de sa finitude. Avant de voir de nouveaux horizons, la personne se croit toute-puissante dans le territoire qu’elle connaît. Avec le changement, elle réalise qu’elle ne maîtrise pas les nouveaux espaces qu’elle découvre. Ainsi le très jeune enfant a une image de sa mère toute-puissante et du coup, une image de lui-même tout-puissant parce qu’il est un avec sa mère. En grandissant, il passe à une image de sa mère qui est un individu limité donc mortel, qui lui fait comprendre sa propre finitude. De même, pour la personne, le changement se traduit par un passage de la toute puissance vers le sentiment de sa finitude.
- Toute évolution amène à se soumettre à de nouvelles lois, de nouvelles règles. Par exemple, l’adolescent en grandissant découvre les règles du monde adulte.
- La créativité et l’accueil de la nouveauté sont fortement liés au sentiment de sécurité. La personne n’a donc la possibilité de changer que si elle se sent en sécurité.
2. La prise de conscience
C’est l’un des éléments clefs de tout changement. La prise de conscience désigne le passage d’un phénomène inconscient dans le champ du conscient, lorsqu’il est pris en charge, intégré par le Moi[1]. C’est un trait de lumière, un moment de vérité sur soi, un insight[2]. La personne perçoit alors le pourquoi réel de ses troubles. Elle cesse de transférer ou de projeter, elle comprend ses conflits internes, et elle dirige son énergie psychique vers des actions dynamiques pour avancer dans la solution de son problème.
Le processus des prises de conscience
Elles sont soit progressives, soit subites et rapides, comme un flash. Une prise de conscience n’est pas au niveau de l’intellect mais du vécu, du ressenti. On prend conscience avec son ressenti. La prise de conscience met en liaison des éléments ou des faits disjoints, c’est la découverte soudaine de la solution d’un problème, le dénouement d’une situation. La prise de conscience modifie l’expérience personnelle, le vécu, et l’analyse qui en est faite, la signification qui lui est donnée.
Les prises de conscience commencent par les choses les moins importantes vers les plus importantes. Le mieux-être psychologique dépend de prises de conscience de plus en plus profondes. L’inconscient ne révélera au conscient que ce que celui-ci est capable de gérer, comme s’il possédait un verrou de sécurité. Les prises de conscience amènent une cohérence, une vérité du Sujet.
[1] Le Moi : une des trois structures psychiques (les deux autres étant le Ca et le Surmoi) qui constituent la personnalité selon la théorie psychanalytique. Le Moi se développe dans la première année de vie quand l’enfant réalise qu’il doit tenir compte de la réalité pour satisfaire ses pulsions. Le Moi est la structure psychique qui dirige la personnalité car il décide des actions qui conviennent en tenant compte des pulsions du Ca et des restrictions imposées par le Surmoi.
[2] Insight : compréhension que la personne possède de son état, d’elle-même, de ses lacunes et de ses ressources; c’est sa capacité à réaliser ses difficultés et à en concevoir une explication valable. C’est une illumination, une prise de conscience subite, à partir d’une expérience interne forte : « Ca y est, j’ai compris ! »