L’ATTAQUE DE PANIQUE
Christophe André, Psychiatre cognitivo-comportementaliste
1. Qu’est-ce qu’une attaque de panique ?
L’attaque de panique est une crise d’angoisse qui apparaît très brutalement et peut survenir à tout instant. La durée de la crise n’excède pas deux heures et dure en général un quart d’heure.
Elle démarre souvent à la suite d’une activité physique intense, comme monter rapidement un escalier, faire la queue dans un magasin surchauffé et bondé, après une mauvaise nuit, etc. Et subitement, en quelques secondes, tout bascule : la personne a une sensation physique bizarre qui peut se traduire par ces signes : vertiges, sensation d’étouffement, palpitations, étourdissements, tremblements, troubles de la vue et de l’ouïe, douleur au ventre, transpiration, sensation d’être étranglé, nausée, étrangeté, irréalité de soi-même ou du monde extérieur, engourdissement, picotements, douleur ou gêne thoracique, peur de mourir, peur de devenir fou ou de commettre un acte incontrôlé, etc.
Si on constate l’apparition simultanée de plus de quatre symptômes sur une quinzaine recensés, il s’agit bien d’une attaque de panique.
Lorsqu’elle est suivie d’autres crises, on parle alors de trouble panique. Le sujet atteint, le « paniqueur », en est si perturbé qu’il réorganise sa vie de façon à éviter toute situation pouvant redéclencher une crise : il arrête de faire du sport, évite les magasins, n’ose plus prendre sa voiture…
2. Quelles sont les personnes les plus exposées ?
Dans deux cas sur trois, les paniqueurs sont des femmes, une proportion que l’on retrouve dans tous les troubles anxieux ; et on estime que 4 % de la population française – soit quelques centaines de milliers de personnes – connaît ce type de troubles au moins une fois dans son existence. On s’est aperçu que les sujets à risques développent dans leur enfance une anxiété de la séparation – aller à l’école, en colonie de vacances – doublée bien souvent d’une fragilité familiale héréditaire – des parents eux-mêmes anxieux. Par ailleurs, ce sont souvent des personnes qui ont une incapacité à exprimer des émotions hostiles et se laissent dominer par leur entourage, se maintiennent dans une dépendance aux autres. Souvent, les paniqueurs auraient aussi un petit défaut de l’oreille interne qui les rendraient plus sensibles aux vertiges.
3. Qu’est-ce qui différencie l’hypocondriaque du paniqueur ?
Le paniqueur a peur de ses réactions physiques et une crainte irraisonnée d’une maladie qui le ferait mourir en quelques secondes. A la différence de l’hypocondriaque, un obsessionnel qui ressasse son improbable maladie et sa peur de mourir à petit feu, il va éviter de penser et de parler de ses troubles, car c’est justement ce qui déclenche son angoisse.
4. Comment se soigner ?
Cette pathologie reste malheureusement assez mal connue, c’est ainsi que dans bien des cas, comme le montrent ces témoignages, elle n’est pas diagnostiquée. Ainsi, ce qu’on appelle la spasmophilie n’est en fait qu’une forme débutante d’attaque de panique, à l’intensité limitée. Quant à l’agoraphobie, elle est une complication du trouble panique : l’agoraphobe évite les lieux où il risquerait de subir une attaque de panique. Comme on le voit, l’information reste à faire pour vraiment prendre en compte un trouble qui peut considérablement entraver la vie de celui qui en souffre, s’il n’est pas soigné. Actuellement, on obtient d’excellents résultats avec les thérapies comportementales et cognitives.
Notre première démarche – prescription d’antidépresseurs ou bien d’anxiolytiques – permet d’espacer les attaques, donc de diminuer l’angoisse. Ensuite, on réapprend au patient à affronter les situations qu’il redoute, afin qu’il comprenne qu’il ne va pas mourir ou devenir schizophrène. On l’aide à mieux contrôler son « scénario catastrophe », l’enchaînement de pensées qui le plonge dans l’angoisse. La thérapie travaille sur deux niveaux : une approche comportementale – exercices et accompagnement du patient, mises en scène de ses scénarios – et une approche cognitive – le patient note ce qui lui vient en tête lors d’une attaque. La thérapie peut prendre entre trois mois et deux ans, en fonction de la personnalité du patient et aussi selon les troubles associés à sa pathologie (déprime, dépendance aux tranquillisants, alcoolisme, etc.).