DAVID SERAIT-IL UN ENFANT ADULTERIN ?

 

André Chouraqui traduit Psaume 51. 7 ainsi  : « Voilà, dans le tort j’ai été conçu  ; ma mère m’a enfiévré de faute », traduction confirmée par les deux éminents exégètes Alphonse Maillot et André Lelièvre (in Les Psaumes, Labor et Fides)  : « Voici, je fus enfanté lors d’une faute et ma mère m’a conçu lors d’un transport coupable. »

Page 13, les auteurs commentent ce verset  : « Mot à mot  : ‘Dans un péché ma mère a été en rut de moi.’ Le verbe n’est employé que pour les animaux (Genèse 30.38 s) ; il est tout simplement grossier, et déclarer comme Calès que ‘le psalmiste l’emploie sans doute par humilité’ est vraiment gratuit. Le sens de ce verset est qu’il y a eu péché à la naissance et à la conception du psalmiste. A partir de là les interprétations divergent  : amorce de la doctrine du péché originel, ou adultère. »

Page 21, Maillot et Lelièvre réfutent l’allusion au péché originel, évoquant « les psaumes de louange qu’entonnent les mères de l’Ancienne Alliance qui vraiment n’avaient guère l’impression d’avoir péché ou d’avoir transmis une tare. La femme enceinte est bénie. Jamais, au grand jamais, le fait de concevoir, dans les liens du mariage ( souligné par les auteurs), n’a été considéré comme une faute, ou comme un transfert de faute. »

Page 22, les auteurs concluent  : « Ce Psaume est parfaitement clair à ce sujet (à la seule condition de le traduire honnêtement). ‘Dans un transport coupable, ma mère m’a conçu’, mot à mot  : ‘Dans un péché, ma mère s’échauffa de moi.’ Pour un esprit non prévenu par des millénaires d’exégèse, le sens est clair  : notre Psalmiste est un enfant naturel ou un enfant adultérin. La faute est attribuée à la mère. Notre psalmiste avait sans cesse ce péché qui lui faisait face. On ne devait pas être plus tendre en Israël avec les enfants illégitimes qu’on ne l’est ailleurs. »

Si le Psaume 51 est bien de David, alors on peut en conclure que David est un enfant adultérin.

Quelques autres indices qui pourraient confirmer cette hypothèse  :

  • Lorsque Samuel est envoyé vers Isaï pour oindre roi un de ses fils (1 Samuel 16), Isaï ne lui en présente que sept ! Pourquoi ? Il « oublie » le plus jeune, affecté au soin des brebis. Il n’a pas envie de montrer au prophète le fils qui lui rappelle son péché.
  • Lorsque David rejoint ses trois frères aînés qui sont à la guerre, il est traité avec mépris par son frère Eliab (1 Sam. 17.27 à 29). Pourquoi ? Parce qu’il était un enfant illégitime.
  • David a une très mauvaise estime de lui-même  : « Qui poursuis-tu ? Un chien crevé, une puce. » (1 Sam. 24.15)  ; « Qui suis-je pour que je devienne le gendre du roi ? » (1 Sam.18.18) Pourquoi ? Il connaissait certainement ses origines.
  • La psychologie transgénérationnelle montre que des scénarios identiques se reproduisent d’une génération à l’autre  : David, fruit d’un adultère, commet l’adultère avec Bath-Schéba, dont il a un enfant qui ne survivra pas.