3. CONSIDERATIONS PRATIQUES

On a l’impression, à voir la manière dont certaines églises traitent les personnes divorcées, que celles-ci ont commis un péché impardonnable.

Le divorce est un péché pour celui ou celle qui a obtenu le divorce à tort (en péchant). Le péché de divorcer de son époux/épouse pour des motifs non bibliques est mal, parce que c’est une offense à l’égard d’un Dieu saint. Même quelqu’un qui a obtenu un divorce entaché de péché peut être pardonné, quand il y a repentance. Tout péché, quel qu’il soit, peut être lavé par le sang de Christ.

Les apôtres devaient avoir une conception du divorce sérieusement différente des dirigeants d’église actuels, qui l’incluent dans les péchés les plus haïssables.

Dans toute la liste des péchés abominables décrits en 1 Corinthiens 6 : 9 à 10, il n’est pas fait mention du divorce.

Ne vous y trompez pas : ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les homosexuels, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n’hériteront du royaume de Dieu.

Le remariage après le divorce

1 Corinthiens 7 : 27, 28 a établit le remariage après le divorce : Es-tu lié à une femme, ne cherche pas à rompre ce lien ; n’es-tu pas lié à une femme, ne cherche pas une femme. Si tu es marié, tu n’as point péché…

Le premier principe est simple : toute personne correctement divorcée et libre, peut se remarier.

En anglais, le mot lié est traduit par libéré, dans les deux cas luo.

Le divorce est sous-entendu dans les deux cas. La libération envisagée n’est pas la mort, mais celle consécutive à un divorce.

Paul autorise le remariage – même dans un temps de grandes persécutions – à ceux qui sont libérés des liens du mariage (c’est-à-dire divorcés). Ce n’est pas un péché.

Rien dans la Bible n’interdit le remariage des personnes divorcées sans contraintes, si ce n’est dans le cas des sacrificateurs, qui font exception à cette règle. (Ezéchiel 44 : 22)

Le divorce et le remariage du pasteur ou de l’ancien

Il faut que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule femme, sobre, modéré, réglé dans sa conduite, hospitalier, propre à l’enseignement. (1 Timothée 3 :2)

S’il s’y trouve quelque homme irréprochable, mari d’une seule femme, ayant des enfants fidèles, qui ne soient pas accusés de débauche ni rebelles. Car il faut que l’évêque soit irréprochable (Tite 1 : 6).

Ce que Paul souligne ici, ce n’est pas combien de fois l’homme a été marié, car dans ce cas, il utilise le mot grec gameo, qui signifie : marié une seule fois, encourageant la monogamie.

L’Ancien Testament autorisait la polygamie, néanmoins, dans la Genèse, Dieu parle de deux personnes qui font une seule chair, pas plus. Elle continuait à se pratiquer chez les Juifs, les Grecs et les Romains même à l’époque du Nouveau Testament.

La qualification d’un serviteur de l’église est d’être non seulement irréprochable, mais qu’il reçoive un bon témoignage de ceux du dehors (1 Timothée 3 : 7).

Les circonstances du divorce et /ou du remariage peuvent être telles que, pendant des années, une personne ne pourra être qualifiée pour servir dans l’église en raison d’une mauvaise réputation qu’elle porte.

Mais la personne n’a peut-être pas péché du tout en obtenant son divorce ou, si elle a une bonne réputation de ceux du dehors, l’église n’a pas le droit d’interdire ce que Dieu permet.

La position égale de l’homme et de la femme dans le divorce

A la différence de l’Ancien Testament, il n’y a plus ni Juif, ni Grec, ni homme, ni femme. Dans les questions fondamentales du mariage, la femme possède les mêmes droits et les mêmes libertés que l’homme lorsque la fidélité conjugale est violée. L’indication de Marc 10 : 12  et l’incontestable égalité qui ressort de 1 Corinthiens 7 : 15 doivent être interprétées à la lumière de ce principe général.

Une réconciliation hypothétique

Si la femme est séparée de son mari, qu’elle demeure sans se remarier, ou qu’elle se réconcilie avec son mari. (1 Corinthiens 7 : 11)

Certaines personnes espèrent en une réconciliation toujours possible; d’autres chrétiens, après un temps de deuil, vont s’ouvrir à la possibilité de se remarier. Ils s’appuient sur 1 Corinthiens 7 : 15

En pareil cas le frère et la sœur ne sont pas liés pour avoir la liberté de se remarier.

X. Lacroix, un moraliste catholique dit : Parfois, mieux vaut se séparer que de se détruire.

Le catholicisme est plus opposé au divorce qu’à la séparation des corps.

Le ministère pastoral en cas de divorce

La responsabilité de la mission pastorale est de tenter une réconciliation entre conjoints par une reconnaissance des torts réciproques, un engagement à rester avec son conjoint pour le meilleur et pour le pire, une prise en compte des intérêts des enfants.

Mais il existe des situations insoutenables, mettant la vie d’un conjoint et des enfants en danger, nécessitant soit une séparation des corps, soit un divorce, avec comme objectif :

Entre deux maux, choisir le moindre.

Le divorce, une faute sans rémission ?

Sur quels critères l’église peut-elle juger le bien-fondé d’un remariage, alors que, dans la mésentente conjugale, toutes les situations de figure sont possibles ?

Dans certaines églises rigoristes, aucune personne divorcée ne peut enseigner et avoir une quelconque responsabilité dans l’église.

Il faut réaliser que les nouveaux convertis, qui arrivent dans les églises évangéliques, ont des chances d’être divorcés et/ou remariés.

Au-delà du « droit ecclésiastique », existe, dans la grâce, un espace de recommencement auquel l’église doit faire honneur, d’autant plus si le conjoint divorcé manifeste une prise de conscience (erreur de jeunesse, immaturité) et même un repentir qui soit sincère devant Dieu.

Un refus catégorique et rigoriste à l’égard du remariage cause du tort au témoignage de l’église.

Le divorce pour adultère dissout le mariage, le conjoint innocent peut donc se remarier. Le remariage du conjoint infidèle n’est pas illégitime et adultère, mais il n’est pas possible de le déclarer légitime non plus. Un divorcé adultère qui se remarie ne peut être considéré comme ayant commis un nouvel adultère par son remariage, ni comme vivant désormais dans l’adultère. La discipline de l’église ne peut censurer l’acte du remariage comme tel, mais elle ne peut pas proclamer que ces sortes de remariages soient légitimes. Elle ne peut y apposer le sceau de sa bénédiction.

L’imperfection persistante de tout chrétien

Le mal et le péché restent une des composantes de la réalité personnelle et conjugale des croyants, avec l’église doit composer, la perfection de l’amour chrétien n’étant pas garanti au sein des relations interpersonnelles du couple.

Le sens de la célébration religieuse du mariage

Quel est le sens de la bénédiction nuptiale ?

Acte d’engagement, de témoignage et de bénédiction devant l’église, reconnaissance publique de la conformité de cette union avec l’institution du mariage telle que Dieu l’a définie et bénie.

Une célébration religieuse lors du remariage des divorcés est-elle possible ?

Des positions fermées à celles plus libérales, tous les compromis sont envisageables.

Deux conditions sont requises : placer symboliquement cette union sous le signe du repentir et du pardon.

  • Le conjoint divorcé manifeste une prise de conscience et un repentir face à l’échec de son premier mariage, pour pouvoir placer la nouvelle union sous le signe du pardon et de la grâce, sans reproduire les erreurs du passé.
  • La célébration religieuse de ce second mariage inclut la notion de repentir du conjoint divorcé, sous l’évocation du pardon et de la grâce en Jésus-Christ.

Les formes de célébration sont très variables, déterminées par la culture et par l’histoire du nouveau couple.

Survivre après le divorce

Le plus difficile à assumer devant Dieu est plus la position de la personne coupable que celle de la victime. Sentiments de culpabilité, d’impuissance sont son lot au quotidien, écharde dans la chair à laquelle Dieu répond en lui donnant son pardon et sa paix.

Expérience de vie qui rend l’individu plus réceptif aux problèmes des autres, dont il enrichira son ministère par de l’aide compatissante et compétente.