2. LE DIVORCE ET LE REMARIAGE

Qu’est-ce que le divorce ?

Un divorce est la rupture et la répudiation de l’alliance par laquelle les deux parties ont promis de s’assurer mutuellement le compagnonnage.

Dans l’Ancien Testament, le terme divorce signifie couper (Deutéronome 24 : 1-4 ; Esaïe 50 : 1 ; Jérémie 3 : 18).

Dans le Nouveau Testament, il signifie se défaire de, éloigner, écarter, envoyer, libérer ou renvoyer.

La notion de la rupture et de la séparation qui en résulte entre les parties est dominante.

Le concept du divorce dans l’Ancien Testament

L’origine du divorce remonte à la nuit des temps. Il est une institution humaine, reconnue par la Bible, mais non institué par Dieu.

La femme répudiée est exposée à commettre l’adultère en se remariant. C’est ce péché-là que Jésus condamne dans son discours, mais la faute première est imputée au mari.

Le remariage de la femme répudiée est un adultère pour elle et pour celui qu’elle épouse, parce qu’aux yeux de Dieu, le premier mariage reste valable : le divorce ne l’a pas dissous.

La femme demeure l’épouse de celui qui l’a répudiée, le mari ne pouvant pas se remarier non plus. Le remariage d’un homme qui a répudié sa femme sans motif légitime est illégitime.

Le concept biblique du divorce est déjà établi déjà en Deutéronome 22 : 19, 29  et en Deutéronome 24 : 1 à 4 : Lorsqu’un homme aura pris et épousé une femme qui viendrait à ne pas trouver grâce à ses yeux, parce qu’il a découvert en elle quelque chose de honteux, il écrira pour elle une lettre de divorce, et, après la lui avoir remise à la main, il la renverra de sa maison.

« La première partie de Deutéronome 24 (protase) comprend les trois premiers versets, qui forment une proposition conditionnelle, la proposition principale (apodose) n’étant amenée qu’au début du verset 4. Le but principal de la loi est d’interdire le remariage après le divorce. Si un homme répudie sa femme et qu’elle se remarie, cet homme ne peut en aucun cas la reprendre pour femme.

Dans ces versets le droit au divorce n’est pas établi ; seule est affirmée l’interdiction d’une nouvelle union avec la femme répudiée, lorsque celle-ci s’est remariée après le divorce, même si le second mari l’a répudiée à son tour ou s’il est mort. Les quatre versets constituent un ensemble, dont les versets un à trois forment la protase, et se bornent à décrire le cas en question ; et le verset 4 contient l’apodose énonçant la loi qui se rapporte au point traité. »

(Biblical Commentary on the Old testament, Commentaires sur l’Ancien Testament, C.F. Keil et F. Delitzch, trad. angl.,vol. III, p. 416s.,Edimbourg 1880).

Les références faites à ce passage du Deutéronome confirment son importance dans l’économie de l’Ancien Testament :

Es. 50 : 1 // Jér. 3 : 1 // Matt. 5 : 31// Matt. 19 : 7-8// Marc 10 : 3-5.

Moïse élargit le divorce en Deutéronome 24 : 1 à 4 à d’autres motifs que l’adultère. La femme peut être répudiée par l’époux lorsqu’il trouve en elle quelque chose d’inconvenant (erwath dabar, littéralement : la nudité d’une chose, répugnant, repoussant, tout ce qui pourrait faire honte au mari) ou qu’il cesse de l’aimer (approuver).

Il ne fait pas allusion à l’adultère ou à une impureté sexuelle, quels qu’ils soient (Deut. 22 : 23 – 27 ; Nombres 5 : 11- 31 ; Deut 22 : 13 – 21 ; Deut. 22 : 23 – 24 ; Deut 22 : 25 – 27 ; Deut. 22 : 28-29) , puisque la loi prévoyait la lapidation dans la plupart des cas.

Le mari accrédite juridiquement cette répudiation par une lettre.

Une femme divorcée et remariée ne peut jamais revenir près de son premier mari, parce que son second mariage l’a souillée (huttammâ’âh).

Si la femme n’a pas égard à la souillure et revient près de son premier mari, quand bien même son second mari mourrait, c’est une horreur (tôcêvâh) devant l’Eternel : elle charge le pays d’un péché.

La lettre de divorce

La lettre de divorce, obligatoire en cas de renvoi, était un document légal qui freinait les décisions intempestives. Pour la femme, elle attestait qu’elle était dorénavant libre de toute obligation conjugale envers le mari qui la répudiait, protégeant sa situation matérielle et sa réputation en cas de remariage.

La procédure du divorce dans l’Ancien Testament

A l’époque mosaïque, le divorce était un acte légal formant une procédure en trois étapes :

  1. Une lettre de divorce était écrite et rédigée clairement, faisant d’elle une affaire légale : (Deutéronome 24 : 1 et suivants ; Jérémie 3 : 8, etc.)
  2. La lettre devait être remise personnellement par la personne qui divorçait entre les mains de l’autre partie.
  3. La personne divorcée devait être renvoyée de la maison et la quitter.

La Bible ne donne pas d’exemple de lettre de divorce.

Conclusion

L’économie mosaïque tolérait le divorce, sans toutefois l’agréer ou l’approuver comme prérogative du mari.

L’approbation du divorce ne contredit pas l’institution du mariage, puis que Dieu déclare en Malachie 2 : 13-16 : Je hais la répudiation, dit l’Eternel, le Dieu d’Israël.

Dieu hait le divorce et ne l’a pas institué, mais il le reconnaît et le réglemente sous certaines circonstances légitimes prescrites par la Bible. Bien que Dieu haïsse le divorce, en raison du péché à la base de chaque divorce qui en est la cause, tout divorce n’est pas un péché.

Le divorce dans le Nouveau Testament

Jésus dit que le divorce constitue un changement dans l’ordre établit par Dieu : C’est à cause de votre dureté de cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; au commencement, il n’en était pas ainsi. (Matthieu 19 : 8)

Le lien conjugal a des limites. Mieux vaut rompre le lien conjugal que de subir un divorce permanent au nom de : ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas (Matt. 19 : 6).

Le concept du divorce est biblique. La Bible reconnaît et réglemente le divorce, sans le condamner et sans le dénoncer pour autant.

Quoique, comme nous l’avons déjà vu, Dieu dise : Je hais le divorce (Malachie 2 : 16)

Il déclare aussi : Quoique j’aie répudié l’infidèle Israël à cause de tous ses adultères, et que je lui aie donné sa lettre de divorce… (Jérémie 3 : 8)

Sous certaines formes, pour certaines personnes et dans certains cas, le divorce est approprié, puisque Dieu s’est trouvé impliqué dans une procédure de divorce avec Israël.

Dieu hait les effets du divorce, ses causes et les raisons qu’il ne peut pas approuver, mais il ne condamne pas les procédures du divorce en soi, en tant que processus.

Le premier passage du N. T. qui concerne le divorce est en Matthieu 5 : 31-32, appelé la clause exceptionnelle du divorce, l’infidélité conjugale.

Entre l’aile restrictive limitée à la clause d’exception d’infidélité conjugale et l’aile libérale qui accepte tout au nom de la compassion, Jésus limite la légitimité de la séparation à un seul cas très particulier et spécifique. Ce n’est que s’il y a inconduite, infidélité conjugale, que Jésus reconnaît le droit au remariage et uniquement à la partie lésée.

Il a été dit : que celui qui répudie sa femme lui donne une lettre de divorce. Mais moi, je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour cause d’infidélité (porneia), l’expose à devenir adultère, et que celui qui épouse une femme répudiée commet adultère. (Matthieu 5 : 31)

Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour un motif quelconque ?

(Matthieu 19 : 3)

Jésus relève les principes de l’institution du mariage tels que décrits en Genèse 2 et expose les conditions de péché sans lesquelles il ne serait jamais question de divorce.

Pourquoi donc… Moïse a-t-il prescrit de donner à la femme une lettre de divorce et de la répudier ? (Matthieu 19 :7,8)

Question qui peut être interprétée par les pharisiens ainsi : Si vraiment le mariage est indissoluble, comment se fait-il que Moïse commande le divorce ?

Jésus répond : C’est à cause de la dureté de votre cœur (pros tèn skèrokardian humôn, compte tenu de, en face de la dureté de votre cœur) que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; au commencement, il n’en était pas ainsi. (Matt. 19 :.8)

La seule institution violée par la perversité morale des Israélites est celle du mariage en Genèse 1 : 27 et 2 : 24.

Moïse a prescrit (énéteilato, ordonner) le divorce. Jésus le permet (épétrepsen) : il ne tolère en aucun cas que Moïse ait pu ordonner le divorce. Il est admis dans l’économie mosaïque à cause de la dureté de cœur des Israélites. C’était le mépris de l’ordre divin : Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni ! Cet impératif condamne le divorce, parce qu’il est la rupture d’un lien formé par Dieu.

Au commencement, cette permission n’existait donc pas.

Mais je vous dis que celui qui répudie une femme… (Matthieu 19 : 9)

Mais je vous dis que celui qui répudie une femme, sauf pour infidélité (porneia), et qui en épouse une autre, commet un adultère. (Matthieu 19 : 9)

Jésus n’oppose pas sa loi à la loi de l’Ancien Testament, il oppose la portée et la signification vraies de la loi de l’Ancien Testament, telles qu’il les restaure, aux perversions et distorsions que pharisiens et rabbins avaient introduites.

Ces deux expressions, sauf pour infidélité et en épouse une autre se retrouvent en Matthieu 5 : 32, en Marc 10 : 11 et en Luc 16 : 18. Ce n’est qu’en Matthieu qu’elles sont liées et que la question de la légitimité ou de l’illégitimité du remariage après le divorce est traitée de manière inéluctable.

L’homme qui répudie sa femme, sauf pour infidélité, et qui en épouse une autre, commet adultère.

Le problème, en Matthieu 19, est de savoir quelle est la portée de la clause d’exception : le mari innocent a-t-il le droit de se remarier, après avoir répudié sa femme pour cause d’adultère ?

Il ne s’agit pas, dans ce texte, de la seule répudiation comme en Matt. 5 : 31-32 et Marc 10 : 2-12, mais de la répudiation et du remariage de l’homme.

Dans les trois cas, le verbe répudier est le même : apoluô, qui rompt le lien conjugal. Si le divorce brise le lien de mariage, le remariage ne saurait dès lors être considéré comme un adultère.

La séparation des corps sans dissolution du mariage

L’idée de séparation comme moindre mal que le divorce est inconnue dans la Bible. Le mot séparation (chorizo) dans le Nouveau Testament se réfère toujours à la séparation par le divorce.

La Parole de Dieu ne prévoit la séparation autrement que par la dissolution du lien conjugal. L’institution divine est que ceux qui sont unis par le mariage sont tenus d’accomplir toutes leurs obligations conjugales jusqu’à ce que le lien soit rompu, soit par la mort, soit par la dissolution pour motif légitime. Aucun des deux époux n’a le droit de se séparer volontairement de son conjoint, négligeant ses devoirs conjugaux. A moins que le mariage soit dissous pour des motifs légitimes, les époux sont tenus de vivre ensemble.

Par ailleurs, il existe des circonstances où l’un des deux époux peut être contraint à une séparation de fait : guerre, maladie physique ou mentale de l’un des deux conjoints, emprisonnement, etc.).

En 1 Corinthiens 7 : 10, la femme reçoit le commandement de ne pas se séparer de son mari par le divorce, et le mari le commandement de ne pas divorcer, quitter (en divorçant) sa femme.

Conclusion

Selon Matthieu 19, la répudiation dissout le lien conjugal ; elle a pour conséquence que l’homme est libre de se remarier, sans encourir la responsabilité d’un adultère. Le divorce dissout le mariage : l’homme et la femme cessent d’être des époux l’un envers l’autre.

L’infidélité est le seul motif qui permet à l’homme de répudier sa femme : il n’a pas l’obligation de la répudier non plus. L’important dans ce passage est de noter que le mari n’a pas le droit de répudier sa femme pour aucun autre motif.

L’essentiel de l’enseignement de Jésus est qu’il n’existe pas pour un homme qu’un seul motif légitime de divorce : l’infidélité conjugale. Tout autre raison autre que l’adultère est péché manifeste et doit être condamné comme tel dans notre jugement moral et dans nos lois.

Dans l’économie que le Christ instaure, l’adultère n’est plus puni de mort. Jésus abroge le châtiment mosaïque et il légitime le divorce pour adultère. Mais la tolérance mosaïque du divorce est supprimée : le jugement moral et les exigences morales sont plus strictes.

Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point adultère.

Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis adultère avec elle dans son cœur. (Matthieu 5 : 27, 28)

Quelle attitude avoir face à l’épreuve de l’adultère ?

Plusieurs attitudes peuvent animer la foi du croyant qui est victime d’infidélité conjugale. Faire de l’infidélité une cause obligatoire de divorce serait faire mentir la miséricorde infinie de Dieu.

Le divorce est autorisé en cas d’adultère, mais n’est pas exigé. Suite à une repentance du conjoint fautif, un homme ou une femme peut pardonner à son partenaire et entrer dans un processus de réconciliation.

Si le conjoint fautif ne veut pas se repentir et se réconcilier, les enseignements de Matthieu 18 sont à retenir : il subira l’exclusion de l’église et sera considéré comme un païen et un péager.

La pratique du divorce pour adultère était approuvée de Dieu dans l’Ancien Testament. Le Christ n’a pas introduit de nouvelle loi dans ce domaine en Matthieu 5 : 31.

Et Jésus n’a pas jugé la femme adultère et l’a renvoyée, pardonnée, à ses devoirs de fidélité. (Jean 8 : 1 à 11).

Alors Jésus se relève, et questionne la femme : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ?

Elle répondit : Non, Seigneur.

Et Jésus lui dit : Je ne te condamne pas non plus ; va, et ne pèche plus (hamartanô). (Jean 8 : 11)

« Il convient de rendre à hamartanô à la fois sa teneur étymologique et sa portée théologique. Littéralement, on peut traduire : ne manque plus le but ! ne te trompe plus de chemin, ne dévie plus ! ne commets plus de faute ! (…) va, et à partir de maintenant, sois quelque part ! ne t’égare plus dans une vie où tu es nulle part, où tu n’es pas toi, toi en vérité, toi en sûreté, toi en relation vivante avec les autres et avec l’Autre ! »

(Moi, je ne juge personne, Lytta Basset, p. 119)

L’enseignement de Marc 10 : 2-12 et Luc 16 : 18

Les pharisiens l’abordèrent ; et, pour l’éprouver, ils lui demandèrent s’il est permis (épétrepsen, autoriser) à un homme de répudier sa femme. Il leur répondit : Que vous a prescrit (énéteilato et entolé, commander) Moïse ?

Selon Marc, Jésus parle de commandement, et les pharisiens d’autorisation, l’inverse de ce qui est écrit en Matthieu 19.

Jésus pense à l’ensemble de la révélation mosaïque en Marc, dans le sens : quelle était sur ce point la législation mosaïque ? Jésus emploie le mot commandement pour désigner les dispositions légales prises par Deutéronome 24, sans déclarer pour autant que le divorce soit obligatoire.

Marc et Luc omettent de mentionner : sauf pour inconduite.

Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère, et quiconque épouse une femme répudiée par son mari commet un adultère. (Luc 16 : 18)

Ces trois passages des évangiles ne sont pas contradictoires.

En Matthieu 19 : 3-9 et Marc 10 : 2-12, l’accent est mis sur l’abrogation de la permission de la loi de Moïse de Deutéronome 24. La loi de Moïse ne prévoyait pas de divorce en cas d’adultère, mais la lapidation du conjoint infidèle. Matthieu et Marc annulent la permission de divorcer donnée pour d’autres motifs donnés dans le Deutéronome.

Marc et Luc mettent l’accent sur ce fait : la tolérance que sous-entendait Deutéronome 24 est supprimée, Matthieu 19 n’y change rien.

Le droit pour l’homme de répudier sa femme pour adultère n’est pas mentionné en Marc et Luc, mais ils ne le nient pas non plus.

Comme Marc et Luc ne parlent pas du divorce pour adultère, ils ne signalent pas non plus le droit au remariage après un divorce. Ce silence quant au divorce rend impossible toute allusion au remariage. Ils se préoccupent de l’abrogation de certaines dispositions mosaïques relatives au divorce et de mœurs courantes dans la société de l’époque.

Matthieu fait de même et nous apprend en plus qu’un homme peut répudier sa femme pour adultère et qu’il peut en épouser une autre, s’il a divorcé pour ce motif.

Marc 10 :12 signifie que la même loi s’applique autant à la femme qu’à l’homme, sans traiter le problème de l’adultère, puisque Marc ne l’évoque pas.

Seul Marc mentionne le divorce demandé par une la femme :

Si une femme quitte son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère. (Marc 10 : 12)

Dans l’Ancien Testament, il n’était pas prévu que la femme demande le divorce. Exerçant son autorité, dans le Nouveau Testament, Jésus permet non seulement à l’homme de répudier sa femme pour infidélité, mais aussi à la femme de répudier son mari pour le même péché.

L’enseignement de Paul

A ceux qui sont mariés, j’ordonne, non pas moi, mais le Seigneur, que la femme ne se sépare point de son mari (si elle est séparée, qu’elle demeure sans se marier ou qu’elle se réconcilie avec son mari), et que le mari ne répudie point sa femme.

Aux autres, ce n’est pas le Seigneur, c’est moi qui dis : Si un frère a une femme non-croyante, et qu’elle consente à habiter avec lui, qu’il ne la répudie point : et si une femme a un mari non-croyant, et qu’il consente à habiter avec elle, qu’elle ne répudie point son mari. Car le mari non-croyant est sanctifié par la femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par le mari ; autrement vos enfants seraient impurs, tandis que maintenant ils sont saints.

Si le non-croyant se sépare, qu’il se sépare ; le frère ou la sœur ne sont pas liés dans ce cas-là. Dieu nous appelés à vivre en paix. Car que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? Ou sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme ? (1 Corinthiens 7 : 10-15)

Les deux groupes de 1 Corinthiens 7

1er groupe : le divorce chez les croyants

A ceux qui sont mariés, j’ordonne, non pas moi, mais le Seigneur, que la femme ne se sépare point de son mari (si elle est séparée, qu’elle demeure sans se marier ou qu’elle se réconcilie avec son mari), et que le mari ne répudie point sa femme.

Si nous ne voulons ni mépriser les enseignements de 1 Corinthiens 7, ni les opposer aux prescriptions de Matthieu 5 : 32 et 19 : 9, il nous faut conclure que Paul ne s’occupe pas ici du cas d’adultère, bien qu’en en connaissant les principes. La prescription du Seigneur pour le cas d’adultère n’a rien à voir avec les versets 10 et 11 de 1 Corinthiens 7.

Paul écrit à des croyants qui connaissent les exigences de l’éthique chrétienne concernant le mariage.

Que la femme ne se sépare point de son mari (si elle est séparée, qu’elle demeure sans se marier ou qu’elle se réconcilie avec son mari), et que le mari ne répudie point sa femme.

L’interdiction est basée sur le même principe que l’enseignement du Seigneur : l’homme et la femme forment une seule chair et, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare donc pas. Ici, le droit de se séparer n’est pas accordé à la femme, ni à l’homme celui de partir ou de répudier.

Paul déclare : s’il y a séparation de fait, certaines dispositions doivent être observées. Que le lien rompu soit restauré. S’il ne peut l’être, il ne saurait à aucun prix y avoir remariage.

Paul réitère les principes relatifs au divorce, tels que le Seigneur les a exposés à ses disciples quand il était avec eux.

Jésus, d’après ces enseignements de 1 Corinthiens 7, interdit aux croyants de divorcer l’un de l’autre, sauf pour péché d’adultère.

Si l’église appliquait au divorce une restriction limitative et littérale à l’infidélité conjugale, elle devrait considérer le divorce comme illicite dans les autres situations.

Bien que le commandement de ne pas se séparer par le divorce (chorizo) soit maintenu, Paul reconnaît que le divorce peut être dû à une désobéissance coupable et il met en garde contre d’autres complications résultant de péchés supplémentaires.

Dans toutes les situations dans lesquelles la poursuite de la vie conjugale devient dangereuse pour le conjoint et les enfants (violences conjugales, enfants maltraités et abusés, alcoolisme), rendant la vie conjugale plus perverse qu’un divorce, Jésus le légitime.

La séparation par le divorce conduit à un état où la femme (ou l’homme) est considérée comme non- mariée (agamos). De ce fait, Paul enjoint : qu’elle demeure sans se marier.

Il n’y a rien là de la séparation légale ou autre, telle que nous la connaissons aujourd’hui, sans divorcer. Le principe de la séparation-plutôt-que-le-divorce ne résout rien, ne gère pas les conflits, mais les évite, laisse tout en suspens et milite contre la vraie paix. Toute séparation de cette sorte est strictement interdite en 1 Corinthiens 7 : 5.

Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun d’accord pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente à cause de votre incontinence.

Ce passage ne signifie pas que la femme divorcée ne doit pas rester non mariée en soi – c’est-à-dire sans être mariée à qui que ce soit, y compris à son mari. Si elle demeure sans se marier un temps, c’est afin d’assurer la possibilité d’une réconciliation avec son conjoint et de reprendre une vie conjugale sur des bases plus solides. Tout mariage à un autre empêche cette possibilité de réconciliation.

Si la femme est séparée de son mari, qu’elle demeure sans se remarier, ou qu’elle se réconcilie avec son mari. (1 Corinthiens 7 : 11)

Certaines personnes espèrent en une réconciliation toujours possible, d’autres chrétiens, après un temps de deuil, vont s’ouvrir à la possibilité de se remarier. Ils s’appuient sur 1 Corinthiens 7 : 15 : en pareil cas le frère et la sœur ne sont pas lié, pour avoir la liberté de se remarier.

X. Lacroix, un moraliste catholique dit : Parfois, mieux vaut se séparer que de se détruire.

Notons en passant que le catholicisme est plus opposé au divorce qu’à la séparation des corps.

Le divorce rompt l’accord contractuel d’alliance entre deux conjoints. De ce fait, il est erroné de parler de couples divorcés comme étant encore mariés aux yeux de Dieu. Dieu les appelle non-mariés (agamos), afin de nous guider dans nos rapports les uns avec les autres.

Quand Jésus dit : Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni (Matthieu 19 :6 ; Marc 10 : 9)

Il ne nous met pas en garde contre cette impossibilité.

Si la femme est la femme d’un autre, elle n’est plus la femme du premier mari et ne peut plus le redevenir.

2ème groupe : le divorce chez les couples au joug étranger : les mariages mixtes

Dans l’exercice de son autorité apostolique, Paul peut affirmer : Si quelqu’un croit être prophète ou spirituel, qu’il reconnaisse que ce que je vous écris est un commandement du Seigneur. (1 Corinthiens 14 : 37)

Les cas auxquels Paul fait allusion ici sont ceux où l’un des conjoints est chrétien et l’autre incroyant.

Aux autres, ce n’est pas le Seigneur, c’est moi qui le dis : si un frère a une femme non-croyante, et qu’elle consente à habiter avec lui, qu’il ne la répudie point : et si une femme a un mari non-croyant, et qu’il consente à habiter avec elle, qu’elle ne répudie point son mari. Car le mari non-croyant est sanctifié par la femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par le mari ; autrement vos enfants seraient impurs, tandis que maintenant ils sont saints.

Si le non-croyant se sépare, qu’il se sépare ; le frère ou la sœur ne sont pas liés dans ce cas-là. Dieu nous appelés à vivre en paix. Car que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? Ou sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme ? (1 Corinthiens 7 : 12 à 15)

Paul aborde en 1 Corinthiens 7 : 12 à 16 un problème que Jésus n’a pas évoqué : le conjoint qui devient croyant, alors que son partenaire ne l’est pas. Paul n’exige pas la réconciliation, comme c’est le cas pour un couple de croyants.

Ici, il est recommandé au croyant de faire tout son possible pour sauvegarder le mariage pour le bien de son partenaire non-croyant, dans l’espoir qu’il en viendra à connaître le Christ.

Mais si le non croyant n’est pas d’accord de poursuivre le mariage, le divorce devient alors une alternative acceptable.

Dans les circonstances ou le non-croyant veut se libérer de son mariage, Paul dit : si le non- croyant se sépare, qu’il se sépare (verset 15).

Quand il n’y a pas de consentement (accord) de la part du non-croyant de poursuivre le mariage (versets 12, 13), mais a le désir de le dissoudre, le chrétien ne doit pas s’opposer à la séparation du divorce.

L’état du croyant après le divorce est la libération de toutes ses obligations maritales et n’est pas obligé à la réconciliation en pareil cas :

Le frère ou la sœur n’est pas lié (douloo,asservir) en pareil cas.

La difficulté, dans cette interprétation de ce qu’on a nommé le privilège paulinien est de définir la limite au-delà de laquelle l’opposition religieuse du conjoint ne serait plus tolérable ou porterait atteinte, de façon insupportable, à la fidélité due au Christ, une limite qui, de surcroît, ne se situera pas toujours au même niveau pour tous.

Cette distinction entre les deux groupes distincts de 1 Corinthiens 7 en fait un passage essentiel sur le divorce.

Jésus n’a jamais eu l’intention d’avoir eu le dernier mot sur le divorce ; il parlait dans un contexte que nous devons reconnaître aujourd’hui.

L’approche de Dieu pour les deux groupes n’est pas le même. Les résultats de conciliation, aboutissant à la réconciliation, peuvent différer, demandant des solutions finales différentes s’il s’agit de croyants ou de non-croyants.

La raison rattachée au commandement est : Dieu nous a appelés à vivre en paix. (1 Corinthiens 7 :15)

Dans l’église primitive, il était courant qu’une personne se convertisse à la foi chrétienne, tout en étant déjà mariée. L’union conjugale reste intacte et doit être considérée comme telle, puisque le conjoint incroyant est sanctifié par la présence même du croyant. Le lien nuptial, lorsqu’il est sanctifié par la foi chrétienne, fût-ce celle d’un seul conjoint, possède une puissance salvatrice. Le Christ n’a pas admis le divorce pour incompatibilité spirituelle.

Les enfants qui n’ont qu’un parent croyant sont placés dans la même situation de sanctification que ceux qui ont les deux parents croyants.

Si le conjoint incroyant ne tolère pas les convictions religieuses de son partenaire et demande la rupture du lien conjugal, l’apôtre incite le croyant à accepter la séparation, puisque Dieu nous appelle à vivre en paix (verset 15). Ceci établit une hiérarchie entre nos différents attachements terrestres.

Si quelqu’un vient à moi et ne renonce pas à sa femme… il ne peut être mon disciple. (Luc 14 : 26)

Romains 7 : 1 – 3

Ignorez-vous, frères – car je parle à des gens qui connaissent la loi – que la loi exerce son pouvoir sur l’homme aussi longtemps qu’il vit ? Ainsi, une femme mariée est liée par la loi à son mari tant qu’il est vivant ; mais si le mari meurt, elle est dégagée de la loi qui la liait à son mari. Si donc, du vivant de son mari, elle devient la femme d’un autre homme, elle sera appelée adultère ; mais si le mari meurt, elle est affranchie de la loi, de sorte qu’elle n’est point adultère en devenant la femme d’un autre.

« Il faut placer la lecture de ce chapitre dans le contexte paulinien. Paul a été circoncis suivant les termes de la loi, il était un pur israélite attaché à la stricte observance des préceptes pharisiens, un modèle de piété légale juive et un pourfendeur d’hérésie. On ne détecte aucune faille chez cet homme animé d’un zèle excessif pour la tradition de ses pères.

(Galates 1 : 14).

Il en vient, au chapitre 7, à décrire la condition du chrétien libéré de la loi pour servir sous le régime nouveau de l’Esprit (v. 1 à 6). «  (Le Dieu des premiers chrétiens, Daniel Marguerat, p.109)

La loi dont il est question ici est la loi mosaïque. C’est par l’exemple du mariage que Paul illustre d’abord notre assujettissement à la loi, puis notre libération par le sacrifice de Christ.

Paul pose une loi fondamentale du mariage, dont l’application est aussi universelle que le principe général, selon lequel la loi exerce son autorité sur une personne aussi longtemps qu’elle vit. Elle en justifie an aucun cas pour la femme la violation de la fidélité conjugale, c’est-à-dire l’adultère. Mais il est inutile ici d’envisager l’éventualité d’une violation perverse de la sainteté du mariage, puisqu’on invoque la loi qui régit l’institution du mariage.

Pourquoi cette loi concerne-t-elle exclusivement la femme en Romains 7 ?

Dans l’exemple choisi, l’idée centrale et doctrinale est que la femme est libérée de la loi qui l’unit à son mari s’il vient à mourir, et qu’elle a la liberté de devenir la femme d’un autre. Doctrinalement, le croyant est affranchi de la loi par la mort de Christ, afin qu’il puisse appartenir à un autre : au Christ ressuscité. Seule la femme peut donc représenter le croyant, puisque, dans l’union du croyant avec Christ, Christ prend la place de l’époux.

Le remariage après la mort du conjoint

Bibliquement donc, le remariage n’est pas prohibé après la mort du conjoint.

Mais si le mari meurt, elle (la femme) est affranchie de la loi, de sorte qu’elle n’est point adultère en devenant la femme d’un autre. (Romains 7 : 3b)

Paul entrevoyait même la possibilité de tentations, de scandales, de médisances, de charges placés sur l’église pour venir en aide aux veuves, sauf si elles se remariaient ! (1 Timothée 5 : 3 à 16)

A tel point qu’il ordonne aux veuves qui souffrent de désirs sexuels non assouvis : A ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, je dis qu’il leur est bon de rester comme moi. Mais, s’ils manquent de maîtrise d’eux-mêmes, qu’ils se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler. (1 Corinthiens 7 : 8,9)