QUELQUES FAUSSES CROYANCES SUR LA VIOLENCE CONJUGALE

 

© Cosette Fébrissy, Jaques Poujol, Valérie Duval-Poujol

Pages extraites de leur livre « Violences conjugales – Accompagner les victimes »,

Empreinte Temps Présent, 2020, avec autorisation.

Disponible sur le site de la librairie 7ici ou par mail.

 

Si la victime ne quitte pas son conjoint maltraitant, elle n’est pas vraiment victime.

Il est très dangereux de partir, d’où l’immense difficulté pour beaucoup de victimes de le faire. Une femme ne part définitivement qu’après cinq à sept « fuites-retours » et la certitude que son conjoint ne changera pas.

 

Il n’y a pas de violence conjugale dans notre Église.

Nous l’avons dit et constaté : il s’en trouve dans toutes les Églises, et même chez des couples de responsables et de pasteurs.

 

Il était ivre, en colère, il venait de perdre son travail.

L’alcoolisme, le chômage, le stress ne sont pas la cause fondamentale des violences, qui se produisent. Un homme choisit de maltraiter sa compagne parce qu’il n’a pas exclu cette possibilité.

 

Elle a dû le provoquer.

Une femme n’est jamais responsable si un homme choisit de la brutaliser. Cela sous-entend que certains comportements pourraient mériter cette attitude.

 

J’ai du mal à la croire ; elle exagère forcément.

Il est essentiel de croire une victime d’agressions lorsqu’elle parle, car vous pourriez être la première personne à qui elle se confie. Croyez-la !

 

Il s’est converti, il s’est repenti, cela ne se reproduira pas.

Un agresseur fait souvent semblant de regretter. Ne croyez pas ces simulacres de remords. Ces hommes sont des acteurs, maîtres en manipulation.

 

Le mariage, c’est pour le meilleur et pour le pire.

Dans cet adage, le « pire » signifie les épreuves de la vie, et non les maltraitances du mari.

 

Un homme frappe sa femme, c’est une affaire privée, ne nous en mêlons pas.

Au contraire, c’est une infraction à la loi que vous devez signaler[1]. La non-assistance à personne en danger consiste à s’abstenir de porter secours à quelqu’un qui est en détresse. Si la femme refuse d’être secourue, c’est parce qu’elle est sous emprise.

 

Il ne l’a frappée qu’une fois, ce n’est pas un drame.

Toute agression est grave, parce qu’elle démontre le passage à l’acte et le franchissement légitimé d’un interdit. Une première fois, c’est une fois de trop !

 

À force d’amour, tu réussiras à le changer.

L’amour est incapable de faire évoluer le conjoint violent. C’est la justice et le respect de l’autre qui doivent précéder toute relation.

 

Une chrétienne doit toujours rester avec son époux.

C’est faux et criminel ! La sécurité physique et psychologique de la femme et des enfants passe avant tout. Il y a des lignes rouges à ne pas dépasser dans toute relation.

 

La prière seule suffira pour que cesse son calvaire.

La prière est utile, mais ne suffira pas à mettre fin à cet enfer. Moïse n’a pas pu changer le cœur endurci de pharaon ; Samuel a échoué à changer le roi Saül.

 

Un mari violent peut être un bon père, le lien père-enfants doit être maintenu.

C’est faux ! L’enfant se construit par identification à ses parents et a besoin de modèle pour se construire. Un enfant témoin de violence conjugale est une victime.

 

La femme qui n’est pas soumise à un mari violent est animée d’un mauvais esprit d’insoumission.

Cet enseignement de groupes extrémistes est contraire à la pensée de la Bible.

[1] Art. 223-6, 434-1, 434-3 du Code pénal.