POSER DES LIMITES A VOS ENFANTS

Extrait du livre « OSER S’AFFIRMER, L’ART DE FIXER DES LIMITES A AUTRUI », Henry Cloud et Peter Townsend, Empreinte Temps présent, 2002. Disponible sur le site de la librairie 7ici ou par mail.

Aline ne s’arrête plus de pleurer. Mère de deux jeunes enfants d’âge préscolaire, elle ne s’est jamais imaginé qu’elle sortirait de ses gonds, perdrait le contrôle d’elle-même et userait de violence physique. Pourtant, une semaine plus tôt, elle a attrapé son petit Patrick, âgé de trois ans, et l’a secoué. Elle a hurlé contre lui. Du plus fort qu’elle a pu. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois. Cela lui est déjà arrivé au cours de l’année écoulée. La seule différence, et elle est de taille, c’est que cette fois-ci, Aline a presque blessé physiquement son fils. Elle est horrifiée.

Cette expérience a tellement secoué Aline et son mari Gérald, qu’ils ont pris rendez-vous pour m’exposer ce qui est arrivé. La jeune femme est profondément honteuse et se sent terriblement coupable. En me racontant l’incident, elle évite de me regarder en face.

Les heures qui ont précédé l’emportement d’Aline vis-à-vis de Patrick ont été extrêmement pénibles. Elle et son mari se sont disputés au petit déjeuner. Il est parti à son travail sans lui dire au revoir. Ensuite, leur cadette Héléna, âgée d’un an, a renversé les céréales sur le sol. Et Patrick a décidé ce jour-là de faire tout ce qu’on lui a dit de ne pas faire depuis trois ans. Il a tiré la queue du chat, a réussi à ouvrir la porte d’entrée, et à sortir sur la rue. Il a barbouillé le mur blanc de la salle à manger avec le rouge à lèvres de sa mère. Il a fait tomber sa petite sœur.

Ce dernier geste a fait déborder la coupe d’Aline. Héléna était étendue par terre, et criait tandis que son frère la regardait fièrement du haut de sa grandeur d’un air satisfait. C’en était trop pour Aline qui a vu rouge et a foncé droit sur son fils. Vous connaissez le reste de l’histoire.

Après qu’elle se soit un peu calmée, je demande à Aline comment elle et son mari corrigent habituellement leur garçon quand il fait des bêtises.

– Nous ne voulons pas perdre l’amour de notre enfant, ni réprimer les élans de son esprit, répond Gérald. Il nous semble que toujours interdire, c’est être négatif. Alors nous avons commencé à le raisonner. Il nous arrive de le menacer en lui disant: «Tu n’auras pas ta glace ce soir». Parfois, nous le félicitons pour ce qu’il fait de bien. Et nous feignons de ne pas voir son mauvais comportement, en nous disant que ça passera.

– Ne dépasse-t-il pas les bornes?

Les deux parents acquiescent. Aline prend la parole.

– Vous ne le croirez pas, mais c’est comme s’il ne nous entendait pas. Il continue de faire ce qu’il a décidé, et cela jusqu’à ce que mon mari ou moi explosions et nous mettions à hurler contre lui. Il me semble que nous avons un enfant à problèmes.

– Effectivement, il y a certainement un problème quelque part, dis-je. Peut-être votre garçonnet a-t-il été habitué à ne réagir qu’à la colère incontrôlée. Parlons un peu des limites qu’il faut imposer aux enfants…

De tous les domaines dans lesquels il est important d’établir des règles, nul n’est plus crucial que celui de l’éducation des enfants. La manière dont envisageons les limites et l’éducation de l’enfant aura une profonde influence sur son développement et sur sa personnalité, sur sa façon d’acquérir des valeurs et de travailler en classe, sur ses futures amitiés, sur son choix d’un conjoint et sur sa vie professionnelle.