LES DIFFERENTS DEGRES D’AIDE A UNE PERSONNE

© Jacques et Claire Poujol. Pages extraites de leur livre «L’accompagnement psychologique et spirituel, guide de relation d’aide», Empreinte Temps Présent, 2007. Disponible sur le site de la librairie 7ici ou par mail.

Il y a une différence entre le témoignage, l’accompagnement, l’encouragement, l’entretien pastoral, la cure d’âme, et la relation d’aide.

1. Le témoignage

Je témoigne de ce que Jésus-Christ a fait pour moi et en moi. Tout chrétien est apte à témoigner, même si un minimum de formation à la communication peut être profitable.

2. L’accompagnement

J’accompagne l’autre dans ce qu’il vit. Je suis à côté de lui, ma présence l’aide et le sécurise, par exemple lorsqu’il doit subir un examen médical pénible ou angoissant.

3. L’encouragement

J’apporte une présence de Dieu, une parole de Dieu à quelqu’un qui vit un moment difficile. Ma présence lui rappelle celle de Dieu. Tout le monde devrait être capable d’encourager l’autre, de prier pour lui, d’être avec lui.

Ces trois premiers degrés ne nécessitent pas de connaissance particulière, mais demandent :

  • Une sensibilité au Saint-Esprit
  • Une sensibilité à l’autre et du tact
  • La confiance en Dieu
  • Un amour véritable du prochain

J’accompagne l’autre, sans chercher à lui faire comprendre pourquoi et comment il fonctionne. Je ne touche pas au fonctionnement et à la structure de sa personnalité.

4. L’entretien pastoral

Typiquement spirituel, c’est une prédication personnalisée qui peut éventuellement être suivie d’une relation d’aide.

5. La cure d’âme

Elle était en principe la spécialité des responsables d’églises ou des pasteurs. L’expression « cure d’âme » semble un peu vouloir dissocier l’âme du corps, ce qui serait une erreur théologique. De nos jours et de plus en plus, la cure d’âme se fait dans les entretiens pastoraux ou les relations d’aide.

6. La relation d’aide

Celle-ci remonte à l’Antiquité. L’homme a toujours cherché à communiquer à l’autre ses difficultés. Tout processus d’aide s’inscrit dans le champ du langage et Socrate déjà, selon ses propres termes, était « accoucheur d’âmes », il visait à révéler les personnes à elles-mêmes.

Mais c’est un de ses contemporains, Antiphon d’Athènes (480-421 avant J.C.), qui semble être le plus proche de la notion de relation d’aide. Il faisait parler son patient de ses souffrances et reprenait ensuite le contenu et le style de ses paroles, avant de procéder à un « recadrage » en lui donnant une autre vision de la réalité. L’enseigne de sa maison à Corinthe, près de l’Agora, annonçait qu’il « avait le pouvoir de guérir avec des mots ».

Ce pouvoir thérapeutique de la parole se trouve mentionné à maintes reprises dans la Bible et ceci bien avant Antiphon. Citons Proverbes 12.18 : « La langue des sages apporte la guérison. »

La relation d’aide s’apprend. Elle fait appel à des connaissances spirituelles et psychologiques ainsi qu’à des techniques particulières que l’on doit apprendre. On ne s’improvise pas praticien de relation d’aide. Un aidant « peut aider », mais s’il est « peu aidé », il peut peu ! On doit comprendre comment l’autre fonctionne et travailler essentiellement à ce niveau.

La relation d’aide est enseignée dans le monde séculier depuis quelques années déjà, par exemple aux travailleurs sociaux. C’est un domaine connu qui a ses auteurs, ses classiques, ses fondateurs. Comme toute branche des sciences humaines, elle connaît un grand développement, et l’Eglise est bien entendu influencée par cette expansion.

Voici quelques définitions :

  • L’aide est l’action d’intervenir en faveur de quelqu’un qui éprouve des besoins (de se dire, de se comprendre, de se prendre en charge), en joignant nos efforts aux siens.
  • La relation est le lien unissant le conseiller au client afin de pouvoir mettre l’aide en action.
  • Une relation d’aide est par conséquent le fait de s’engager dans une séquence d’interventions verbales ou non verbales dans le but de rendre plus faciles au client l’expression, la compréhension et la prise en charge de son vécu.

La relation d’aide ne s’intéresse pas uniquement au spirituel de l’autre (ni à son inconscient) mais à son conscient. Elle n’a d’ailleurs pas comme but principal de rendre les personnes plus « spirituelles », mais plus humaines.

Elle consiste à aider l’autre dans ses relations à lui-même, aux autres et à Dieu, toutes ces relations étant en interaction.

  • Le conseiller, contrairement à ce qu’indique son nom, ne conseille pas ! Le terme « aidant » serait plus approprié.
  • Le client : nous préférons ce terme à celui de « patient », à connotation trop passive. Le client a en effet une certaine liberté, il choisit, décide du contrat, des buts, etc. Ce terme a une connotation plus active.