L’ANIMUS ET L’ANIMA

© Jacques et Claire Poujol, Conseillers Conjugaux et Familiaux. Pages extraites de leur livre «Vivre à deux – bien communiquer, gérer les conflits», Empreinte Temps Présent, 2012. Disponible sur le site de la librairie 7ici ou par mail.

 

Depuis toujours on a mis en avant les différences entre l’homme et la femme.

Mais le secret de l’harmonie conjugale réside peut-être dans le fait que les hommes développent le pôle féminin (la sensibilité) qui existe aussi en eux, et que les femmes développent aussi leur pôle masculin (la force). Etre un homme, ce n’est pas seulement être fort, mais aussi être vulnérable. Etre une femme, ce n’est pas seulement être vulnérable, c’est aussi être forte.

Jung a bien mis en évidence ce concept de l’Animus et de l’Anima.

Pour Jung, deux archétypes caractérisent particulièrement la conception de l’inconscient : l’Animus, qui est le pôle masculin chez la femme, et l’Anima, qui est le pôle féminin chez l’homme.

La masculinité, qui est active, pénétrante, perçante, fécondante, agressive, rationnelle, pensante, dure, appartient à la psyché consciente de l’homme, alors que ses qualités féminines sont inconscientes.

De même la féminité, qui est souple, pénétrée, fécondée, irrationnelle, intuitive, sentimentale, tendre, douce, accueillante, appartient à la psyché consciente de la femme, alors que ses qualités masculines sont inconscientes.

Un homme a donc des qualités masculines conscientes et des qualités féminines inconscientes (son Anima). C’est la mère qui la première pétrit son Anima chez son fils.

Une femme a des qualités féminines conscientes, et des qualités masculines inconscientes (son Animus). La formation de l’Animus dépend du père, de la sensation qu’éprouve la fille envers le père, symbole de la puissance et l’art de s’imposer.

L’Animus et l’Anima appartiennent au non-révélé, ils sont notre face dissimulée, la vie privée de notre esprit. Ils sont masqués par le rôle social, la persona, selon le terme de Jung, c’est-à-dire l’image de soi que nous donnons aux autres.

Notre société favorise le refoulement de l’Anima chez l’homme : un homme ne doit pas pleurer, il n’a pas d’intuition, n’est pas sentimental, est très rationnel…

Heureusement, si un homme fait un « travail sur soi » psychologique et cesse de refouler son Anima, s’il intègre et accepte son pôle féminin en lui, l’Anima va peu à peu émerger : il devient plus intuitif, moins rationnel, se permet d’éprouver des sentiments, retrouve les qualités féminines en lui.

Notons que Jésus a intégré parfaitement dans sa personnalité son pôle masculin et son pôle féminin, à l’image d’ailleurs de Dieu qui est Père avec un « cœur » de mère.

Quant à la femme, l’Animus est sa partie extravertie, créative, le pôle de la raison et de la pensée. Si la femme fait un « travail sur soi » psychologique, intègre son Animus inconscient, alors elle devient une femme autonome, créative, calmement active, capable de raisonner, sans agressivité.

En conclusion le travail sur soi, que ce soit pour un homme ou pour une femme, amène à devenir un être total et équilibré. Cela signifie rétablir les liens profonds entre la masculinité et la féminité qui se trouvent en tout homme et en toute femme.

C’est être complet en soi-même.

Dans le couple, notre conjoint n’est alors plus le « complément de ce qui nous manque », puisque nous sommes complets, mais un « supplément ». C’est le secret d’un couple harmonieux : deux êtres complets.