La personnalité du père abuseur

Dans les histoires individuelles et particulières de ces pères abuseurs, on trouve souvent «l’indifférenciation »…

Mais quelles que soient ces histoires, de toute évidence, pour le père qui commet un abus sexuel sur son enfant ou celui dont il a la garde et la responsabilité :

  • L’interdit de l’inceste n’a pas été intégré. S’il n’y a pas de transgression, il n’y a pas de culpabilité, ou pour le dire autrement, pas de prise de conscience des conséquences de ses actes.
  • Le père abuseur se situe hors temps, dans l’intemporalité, puisque ce qui est bafoué en premier lieu, c’est la filiation : la fille prend la place de la mère dans le désir du père, la place privilégiée auprès du père. Inversion des rôles et places qui revient à une négation de la chronologie.
  • Le père abuseur se situe hors contexte. Le déni en acte des rôles familiaux, de la hiérarchie à l’intérieur de la famille révèle et confirme une négation du contexte « famille ». La famille n’est plus un lieu de protection et de croissance mais un groupe fermé dont personne ne peut s’échapper sans drame.
  • Le père abuseur se situe hors contrôle. Le père décrit son désir de sa fille comme une impulsion irrésistible. L’intensité de l’excitation est telle qu’on peut dire que le père abuseur est alors sous l’emprise de cette excitation : sa fille devient un objet de fascination. Et il n’est que rarement question de besoins ou de frustrations sexuelles pour le père. Si le père ne peut dire non, ne peut résister à cette fascination, nous pouvons faire l’hypothèse que ces situations réactivent des ancrages sensoriels extrêmement forts, des apprentissages émotionnels où il apparaît que la dynamique entre amour filial et amour sexuel a dû se structurer de façon confuse, indifférenciée, si ce n’est dans une sorte de collusion.

Mais l’emprise ne se résume pas à cet aspect d’impulsivité. Nous la voyons à l’œuvre dans toute l’organisation relationnelle, dans le jeu que le père va utiliser pour mettre sa fille « sous influence », comme dans toutes les relations familiales : secret, silence, complicité et déni.