LA PARANOÏA DES GROUPES SECTAIRES TOTALITAIRES ET DE CERTAINS RELIGIEUX

de Pascal Zivi

Pascal Zivi réside au Japon depuis 25 ans ; il est psychothérapeute, spécialisé dans l’aide aux victimes du Moonisme.

 

Les groupes sectaires totalitaires sont dirigées par des gourous qui pour la plupart du temps dans leurs manières de faire et de parler à leurs adeptes ont des comportements bizarres et dangereux.

Un gourou de groupe sectaire totalitaire a toujours des tendances paranoïaques. Malheureusement il n’y a pas que les gourous de ces groupes qui sont paranoïaques. Dans toutes les religions nous rencontrons des personnes qui bien qu’elles ne soient pas des gourous ont le même comportement paranoïaque. Ces personnes se rencontrent aussi dans toute la chrétienté.

Dans son livre « La mécanique des sectes », document Payot, Monsieur Jean Marie Abgrall psychiatre, criminologue au sujet de la paranoïa d’un gourou explique :

« Il n’y a pas de gourou sans paranoïa. C’est cette psychose qui lui donne le sentiment d’être différent du reste de l’humanité. C’est elle aussi qui va lui donner la conviction qu’il a un rôle de leader et de guide à jouer. Il s’agit là d’une pathologie de la personne caractérisée par quatre critères que la psychiatrie connaît depuis longtemps: l’hypertrophie du moi, la fausseté du jugement, la méfiance et la psychorigidité….

1. L’hypertrophie du moi

Il s’agit du classique moi-je. La totalité du monde doit se trouver a l’affût des désirs du gourou, qui deviennent l’expression de la volonté divine, et de sa pensée, qui devient le reflet de la vérité absolue. Construction égocentrique qui voue aux gémonies tout ce qui n’est pas a lui : ‘Hors de moi point de salut’ (ou hors de ma manière de voir les choses). En toute modestie, Moon se présente à ses disciples comme « le plus grand homme de l’univers, un géant, le prince de Dieu envoyé à la plénitude des temps ».

C’est ce caractère para-divin qui lui donne l’impression d’être éternel et lui permet de s’imposer à ses disciples, car il défie la mort et nie le caractère limité de son influence spatiale et temporelle. C’est ce sentiment d’éternité qui autorise la création de rituels sacrificiels morbides et qui explique en partie la dévotion des disciples. Une dévotion qui peut les entraîner dans la mort….

2. La fausseté du jugement

Pour faire sourire, les discours des gourous n’en sont pas moins porteurs d’illogismes et d’absurdités aux conséquences dramatiques tels que le meurtre ou le suicide. Le faux jugement s’alimente de superstitions, de paralogisme, d’incompréhension du réel et d’interprétations abusives. Il tend à remplacer les éléments de cohérence de la société par l’incohérence du discours sectaire. C’est lui qui représente le fondement de la secte. Faire la preuve de l’incohérence du jugement d’un gourou entraîne la remise en question de la secte, car c’est s’attaquer à l’épine dorsale du système, à la crédibilité du leader, a la valeur même des idées qui cimentent le groupe. Ces aberrations de jugement se retrouvent dans tous les secteurs de la pensée, et c’est autour d’elles que se construisent les raisonnements paralogiques de la secte ; ce sont elles qui secrètent des vues contraires à la logique la plus élémentaire…

3. La méfiance

La mise en accusation par l’extérieur suscite chez le gourou un sentiment de défiance à l’égard de tous, sentiment qui va être renforcé par le fait que ces disciples sont convaincus qu’il est persécute à cause de son savoir et de son pouvoir. Il existe un auto-entretien de la méfiance, véritable phénomène de feed-back entre disciples et gourou. La soumission des premiers persuade le second qu’il est dans le droit et le juste chemin ; en retour, il les entretient dans la conviction délirante que le monde extérieur les persécute. Cette méfiance peut s’exercer à l’égard d’une communauté donnée ou l’ensemble de la population ou, mieux encore, envers les alentours cosmiques dans lesquels serait immergée la secte… Cette dynamique de méfiance généralisée est à la base d’un système manichéen sur lequel va reposer la psycho-dynamique du groupe et son leader, et qui va culminer dans des délires paranoïaques…

4. La psychorigidité

Quels que soient les arguments développés à l’encontre de sa pensée, le gourou est pénétré de la conviction que seul son raisonnement est fiable, et que lui seul détient la vérité. Rien ni personne ne le fera changer d’avis. Pour lui, le discours tenu par la société et visant à le contrarier n’est que l’expression de la bêtise humaine. Non seulement les arguments qui lui sont contraires ne le font pas ciller, mais au contraire ils alimentent ses thèmes et le poussent à des raisonnements paralogiques ; l’opposition rencontrée n’est que le signe de l’incompréhension du monde, incapable à ses yeux, d’analyse sereine…… » ( Fin de la citation d’Abgrall)

J’ai rencontré des chrétiens qui ont des tendances paranoïaques comme Monsieur Jean-Marie Abgrall l’explique. En général ces chrétiens croient qu’ils ont reçu de Dieu un ou des dons spéciaux. Grâce a ces dons ils pensent détenir la vérité et que seuls leurs raisonnements sont fiables. Il n’y a que leur interprétation de la Bible qui est juste. Dans leur délire paranoïaque ils utilisent les paroles de la Bible toujours en dehors de leurs contextes pour juger, condamner, excommunier, faire de la discrimination, des abus spirituels. S’ils rencontrent une opposition de certaines personnes, ils deviennent menaçants. Ils harcèlent ces personnes, par lettres, téléphone, e-mail..etc. Ils peuvent aussi demander à des amis (amies) qui partagent leurs idées de les aider pour faire le harcèlement. Bien entendu il font cela au nom de Dieu et du Christ et pour se justifier ils utilisent les paroles de la Bible. Certains de ces chrétiens peuvent parfois utiliser la violence.

Comme le dit Monsieur Jean-Marie Abgrall : « Non seulement les arguments qui leur sont contraires ne les font pas ciller, mais au contraire ils alimentent leurs thèmes et les poussent à des raisonnements paralogiques ; l’opposition rencontrée n’est que le signe de l’incompréhension du monde, incapable, à leurs yeux, d’analyse sereine… »