LA FRIGIDITÉ ET L’ANORGASMIE

© Jacques et Claire Poujol, Conseillers Conjugaux et Familiaux. Pages extraites de leur livre « Vivre à deux – bien communiquer, gérer les conflits », Empreinte Temps Présent, 2012. Disponible sur le site de la librairie 7ici ou par mail.

1. La frigidité

Ne confondons pas la frigidité, qui est le manque de désir, avec l’absence de plaisir (l’anorgasmie) ou avec l’impuissance (troubles de l’érection). Elle peut avoir toujours existé, ou bien apparaître au cours de la vie.

Le désir sexuel est une force, une énergie liée à la recherche du plaisir. Il s’alimente à deux sources, une interne (le fantasme), l’autre externe (la personne qui va créer les stimulations sensorielles).

Selon un sexologue, le désir est par essence triangulaire. Il nous situe toujours par rapport à l’objet convoité et par rapport au rival, imaginaire ou réel.

L’objet du désir, dit ce sexologue, perd sa valence érotique dès lors qu’il n’est plus transfiguré par la lutte implacable contre les mille avatars du rival. Possédé, maîtrisé, maté, il est réduit à ses propriétés objectives. D’où l’indifférence sexuelle des couples assoupis dans le ronronnement quotidien… On ne désire pas tant l’objet qu’on ne redoute de le voir possédé par autrui… Le désir dépend donc avant tout de l’imaginaire érotique. Celui-ci, véritable zone érogène psychique, s’articule électivement autour de fantasmes de manque et de rivalité.

B. Chez l’homme

L’homme frigide ne prend pas d’initiatives érotiques. Le manque de désir chez l’homme est un phénomène nouveau. Aujourd’hui le fait de ne plus avoir à conquérir la femme peut lui ôter une partie de son désir.

Selon un rapport (Masters et Johnson, Les réactions sexuelles, Laffont), six facteurs sont responsables de la perte du désir chez l’homme :

  • la monotonie qui naît de la répétition
  • les soucis professionnels ou financiers
  • la fatigue physique ou mentale, l’anxiété, la dépression
  • l’excès de nourriture ou de boisson
  • les infirmités physiques ou mentales de l’un des époux
  • l’appréhension de l’échec dans le rapport sexuel

Pour fuir l’intimité sexuelle, l’homme trouve un travail de nuit, reste tard devant la télévision qui est parfois le troisième partenaire du couple ; il travaille sur ses dossiers, s’en va à une réunion, etc.

Mais le manque de désir existe davantage chez les femmes.

B. Chez la femme

La femme frigide est indifférente, voire hostile aux demandes sexuelles de son mari. Vingt pour cent des femmes subissent les relations sexuelles avec passivité. « Je ne suis pas portée sur la chose », disent-elles. Les tâches ménagères, la dépression, la migraine, les maux de ventre, n’importe quelle maladie, servent de prétexte, conscient ou inconscient, pour dissimuler l’hostilité ou le refus de l’acte sexuel.

Les causes de la frigidité féminine sont entre autres la haine de son corps, le dégoût de la sexualité suite à des abus sexuels, des facteurs hormonaux, la grossièreté ou la violence du conjoint (le viol conjugal existe), un manque de dialogue au sein du couple, la ménopause, les suites d’I.V.G., d’accouchement…

Le manque de désir sexuel dans un couple crée un climat conflictuel menant parfois jusqu’à la rupture. Ou bien certains continuent à cohabiter sans avoir de rapports sexuels, bien que restant unis par des liens affectifs.

La frigidité peut se soigner auprès d’un médecin sexologue ou d’un psychothérapeute. Selon l’origine du manque de désir, on mettra en place un traitement médical ou psychologique. Il suffit parfois de déculpabiliser la personne par rapport à la sexualité, en ôtant toute la connotation de péché qui lui a été inculquée pendant son enfance.

Le manque de désir de l’un des partenaires entraîne souvent une baisse du désir chez l’autre, car notre désir se nourrit du désir que l’autre éprouve. Si le mari voit que son épouse ne le désire pas, il sera atteint dans son amour-propre et dans son propre désir. C’est donc un cercle vicieux.

Pour pallier cette panne sèche, certains thérapeutes conseillent de « jouer » à éprouver du désir. Cela suffit parfois à le recréer, un peu comme on amorçait les anciennes pompes à eau en y versant un seau d’eau.

2. Le manque de plaisir

L’anorgasmie touche en grande majorité les femmes, un homme parvenant en général sans difficulté (s’il n’est pas impuissant) à l’orgasme. Deux tiers des consultations des femmes de vingt à quarante ans chez un sexologue ont pour objet la rareté ou l’absence d’orgasmes. Comme la frigidité, ce trouble existe parfois depuis toujours, ou bien apparaît à une période précise de la vie.

Les causes en sont souvent l’insuffisance des préludes amoureux. Lorsque les amants ne consacrent que dix minutes aux préludes, 40% des femmes atteignent l’orgasme. Alors que 60% d’entre elles y accèdent quand ces caresses préliminaires durent plus de vingt minutes.

Parmi les autres causes, citons les séquelles d’affections dans la zone génito-urinaire, l’éjaculation prématurée du mari qui provoque la colère de la femme, la méthode du coït interrompu qui laisse la femme frustrée et inquiète (« Va-t-il se retirer à temps ? »), l’inaptitude à s’abandonner aux sensations érotiques, le sentiment d’être observée par son mari (« Y arrivera-t-elle aujourd’hui ? »), le fait de s’interdire d’éprouver du plaisir par culpabilité, par suite d’une éducation trop stricte, etc.