LA DÉCLARATION DU CAP SUR LES SOINS ET LA RELATION D’AIDE

 

Cette déclaration émane d’échanges parmi les participants concernés de différents pays, langues et générations du Département « Soins et Relation d’aide considérés comme une Mission » du 3ème Congrès de Lausanne, qui a eu lieu du 16 au 25 octobre 2010 à Cape Town en Afrique du Sud.

Notre espoir est que cette déclaration stimule la discussion des praticiens et des éducateurs, et conduise à un plus grand engagement envers les énormes besoins partout dans le monde. Nous vous invitons à participer à ce dialogue.

Introduction

Nous vivons dans un monde de souffrances et de brisements comme jamais auparavant. Ces conditions humaines comprennent différents types et niveaux de souffrances sociales et psychologiques qui sont souvent minimisées, négligées ou, parce qu’elles dépassent ce que les chrétiens locaux peuvent maîtriser à notre époque, sont délaissées ou traitées selon des perspectives hors contexte. Nous croyons que ces négligences sont à la fois injustes et coûteuses pour les personnes et la société. Pratiquement tous les problèmes importants de la santé publique dans le monde ont une dimension psychosociale. Il n’y a pas de santé complète sans composantes physique, communautaire et psychologique.

Dans le même temps, il y a souvent un manque de ressources et de formation pour produire des changements, en comparaison de l’abondance de l’Occident. Par exemple, en termes de statistiques sur le nombre de travailleurs de la santé mentale par habitants, l’Organisation Mondiale de la Santé indique que les ressources sont 250 fois plus importantes dans certaines parties du monde comparées à d’autres. Il est impératif que nous répondions à ces besoins, en cohérence avec nos engagements chrétiens, selon des approches sensibles à la culture, holistiques, systémiques et collaboratives.

Notre espoir est que cette déclaration encourage la création d’une nouvelle façon de considérer le partage du savoir, la formation et la pratique des professionnels de la santé mentale, des laïques et des pasteurs, selon les quatre dimensions suivantes :

1. « Chrétienne »

  • Nous croyons que la vraie guérison comprend la réconciliation avec Dieu, avec soi, avec son prochain, avec son ennemi, et avec la création au travers de Christ.
  • La santé, la guérison, la restauration, la paix, la liberté, l’harmonie et la joie sont des dons de Dieu, tels qu’ils ont été manifestés par la vie, la mort et la résurrection de Christ, guidés et rendus capables par le Saint-Esprit.
  • Nous sommes engagés, en tant que participants de l’Eglise Chrétienne Universelle, à suivre Jésus dans le service tous les hommes partout dans le monde, afin qu’ils se développent à tous points de vue, y compris psychologiquement et spirituellement.
  • Nous croyons, comme chrétiens, que nous sommes appelés à prier et à travailler pour réaliser les plans de Dieu.
  • Nous croyons, en accord avec la justice biblique, que les ressources et les initiatives pour faire face aux besoins humains de base et promouvoir le bien-être psychologique devraient être encouragés, fournis et distribués de façon plus équitable dans le monde.
  • Une perspective véritablement chrétienne sur la psychologie nous appelle à la compassion et à la recherche de la justice et la réconciliation, dans notre plaidoyer, notre pratique, formation et recherche.
  • De notre point de vue, aucun domaine de la science, de la société et de la culture n’est parfait ou neutre. Il est essentiel de reconnaître, évaluer de façon critique et répondre aux choix éthiques implicites, à toute forme de pouvoir et / ou à toute oppression qu’ils contiennent.

2. « Globale et systémique »

  • La création de Dieu reflète un dessein de systèmes interdépendants, et nous sommes ainsi conduits à comprendre globalement la totalité de la personne ou d’un système, dans un contexte de souffrance et de guérison.
  • Nous reconnaissons l’existence du mal dans le monde, qui peut être manifesté de diverses manières par le péché personnel, des catastrophes naturelles, des esprits et des puissances mauvaises, et par le mal dans la société. Les conséquences peuvent perdurer durant des générations. De plus, nous croyons que les brisements ou les pathologies humaines sont complexes, enracinées dans un mal d’origine structurelle et systémique, dans des conflits spirituels et des choix personnels, et encore par des influences biologiques, psychologique et sociales. Nous reconnaissons le besoin d’études plus poussées dans ces domaines, enseignés que nous sommes par les savants et les praticiens dans les disciplines de la théologie, du ministère pastoral, de la médecine et des sciences sociales, parmi d’autres, et des diverses perspectives culturelles.
  • La pathologie, la spiritualité, le traitement et la guérison doivent être compris tout à la fois selon des perspectives individuelles et collectives.
  • Bien que l’accent du monde occidental sur l’individu ait sa place dans certains contextes, nous croyons qu’il peut parfois miner les engagements communautaires. Par conséquent, nous encourageons les approches holistiques et systémiques.
  • La prévention de la détresse bio-psycho-socio-spirituelle et la promotion du bien-être de la personne et de la communauté humaine sont pour nous des priorités critiques.
  • De plus, nous donnons la priorité aux plus vulnérables dans la société, comprenant les pauvres et les défavorisés, et à ceux qui les servent par le don d’eux-mêmes.

3. « Indigène »

  • Nous croyons que la capacité de créer les différentes cultures du monde est un don créationnel de Dieu pour l’humanité. Un travail fondamental pour les chrétiens indigènes impliqués dans la guérison est de discerner et s’engager selon la manière dont Dieu est déjà à l’œuvre dans chaque culture.
  • Nous croyons qu’il est important d’honorer la valeur, dans le processus de la guérison, des rites indigènes, des pratiques et de l’histoire d’une culture, dans la mesure où ils sont compatibles avec les théologies chrétiennes et bibliques, sur le plan indigène local. Ainsi la communauté globale devrait :
    • Développer une perspective favorisant la relation et la formation dans les communautés locales.
    • Être encouragée à développer des perspectives psychologiques, des théories, des modèles et des ressources culturellement appropriés et bibliquement congruents.
    • Être rendue capable de développer des centres de formation, et
    • Être invitée à participer à un échange mondial de leurs connaissances et expériences.
  • Nous remarquons que la psychologie occidentale a été largement adoptée comme modèle de compréhension humaine dans beaucoup d’institutions enseignant la psychologie et la relation d’aide partout dans le monde. Cependant, parce que nous sommes convaincus que Dieu est présent avec sa puissance de guérison dans chaque communauté humaine, nous encourageons un processus qui accorde de la valeur et intègre des compréhensions indigènes locales de la personne et de communauté civile.
  • C’est pourquoi nous cherchons à développer des modèles globaux (holistiques) de psychologie et de psychothérapie utilisant des modèles indigènes chrétiens du fonctionnement humain, de la plénitude et de la résilience. Ils seront définis avec soin à partir de la compréhension des diverses psychologies dans le monde.

4. « Collaborative »

  • Nous sommes engagés dans une collaboration mondiale pour la formation et le savoir de tous ceux qui sont impliqués dans les professions d’aide, telles que les praticiens de la santé mentale, les éducateurs, les travailleurs sociaux, les laïques et les pasteurs.
  • Nous croyons que le chemin vers cette plénitude passe par une relation collaborative dans laquelle l’aidant et la personne aidée / ou la communauté sociale en besoin sont transformés.
  • Nous respectons le fait que les chercheurs locaux, les leaders, et les communautés devraient en fin de compte déterminer eux-mêmes les buts de leurs recherches, leurs méthodes de récolte d’informations, et la manière dont ces résultats psychologiques seront utilisés.
  • Nous reconnaissons et cherchons à répondre en partenariat au besoin urgent de formations de niveau universitaire pour des personnes qualifiées, mais dans l’incapacité d’avoir accès à ces programmes.

Un appel à répondre

Nous vous invitons à envoyer votre réponse à cette déclaration à :

www.careandcounselasmission.org

Nous espérons stimuler une consultation globale sur ce sujet important. Nous croyons qu’il a des implications importantes sur comment nous effectuons notre travail de soins pastoraux et relation d’aide, et également comment nous formons les autres. Vous pouvez copier, distribuer et citer des extraits de cette Déclaration, avec la mention appropriée.

Pour plus d’information, contactez :

Bradford M. Smith, président de « Care and Counsel as Mission Initiative »

careandcounsel@gmail.com

ACC Europe / 21 février 2011

(traduction B. Bally)