LES DIFFERENTES FORMES DE VIOLENCE CONJUGALE

 

© Cosette Fébrissy, Jaques Poujol, Valérie Duval-Poujol

Pages extraites de leur livre « Violences conjugales – Accompagner les victimes »,

Empreinte Temps Présent, 2020, avec autorisation.

Disponible sur le site de la librairie 7ici ou par mail.

 
 
Selon certains chiffres : en France, au cours d’une année, environ 220 000 femmes de 18 à 75 ans sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles, commises par leur partenaire actuel ou leur ex-conjoint. Trois sur quatre de ces femmes subissent ces agressions de manière répétée. Si l’on inclut les violences verbales, psychologiques, économiques ou spirituelles, on compte plutôt deux millions de femmes violentées ; seules 14 % portent plainte.

Voici les différentes formes de violence qu’un conjoint, ou un ex, peut faire subir :

  • verbale (la plus banalisée) : hurler ou marmonner, proférer des obscénités, insulter, être sarcastique, faire du chantage, ordonner avec brutalité, garder le silence.
  • psychologique (la plus subtile) : humilier, déstabiliser, critiquer, se moquer, être cynique, menacer, être indifférent ou négligent, culpabiliser, manipuler, punir, isoler, contraindre… Cette violence est difficile à détecter, car elle ne laisse aucune trace. « Il ne me frappe jamais, mais ses paroles agissent comme un collier-étrangleur autour de mon cou », dit une femme.
  • physique (la plus médiatisée) : bousculer, mordre, cogner contre le mur, traîner par les cheveux, donner des coups, lancer des objets, brûler les seins, le cou, étrangler, taillader, pousser dans l’escalier, blesser avec une arme, séquestrer, tuer… ou s’en prendre aux enfants, à l’animal de compagnie, à un proche. La société avait tendance à banaliser cette maltraitance : « une dispute qui a mal tourné », « c’est un crime passionnel ».
  • financière/économique (répandue mais méconnue) : exercer un contrôle sur l’argent au centime près, rendre la conjointe dépendante, lui refuser de l’argent. Si elle est salariée, lui imposer les charges incompressibles, lui faire contracter des dettes sans son consentement ; l’empêcher d’avoir son compte bancaire ; la forcer à travailler ou l’en empêcher ; exiger sa paie.
  • sexuelle (la plus taboue) : forcer sa femme à avoir des rapports sexuels, avec lui ou d’autres personnes ; imposer des actes dégradants ; l’obliger à regarder des scènes pornographique ; la contraindre à avorter ou au contraire à faire un enfant.
  • administrative : confisquer papiers d’identité, livret de famille, permis de conduire, carte Vitale, bulletins de salaire, diplômes, falsifier des signatures.
  • sociale (elle isole) : déménager dans une maison loin de tout ; l’empêcher de contacter sa famille, ses amis ; contrôler ses courriels, ses appels téléphoniques, détruire son portable ou le faire surveiller.
  • spirituelle : lui assener des interdictions, en les légitimant par des versets bibliques manipulés et compris hors contexte, l’empêcher de participer à des rencontres, se présenter comme le mari modèle dans les milieux qu’ils fréquentent.

Ces actes répétitifs constituent un processus permanent de domination de la conjointe. C’est l’agresseur le responsable de l’abus, pas la victime. Ce n’est nullement le symptôme d’une communication déficiente chez un couple en difficulté ; c’est un comportement inacceptable, sévèrement puni par la loi.