LA DÉPRESSION MASQUÉE

Les symptômes somatiques sont presque constants au cours des dépressions manifestes : ils sont souvent précoces, précédant le trouble de l’humeur lui-même et universels. Il s’agit le plus souvent de fatigue, de troubles du sommeil, de troubles digestifs, de diminution de l’efficience intellectuelle.

On réserve le terme de dépression masquée, ou équivalent dépressif aux cas où l’affect dépressif, la douleur morale n’est pas ressentie et/ou exprimée comme telle ; la souffrance ne se communiquant que sous forme de plaintes somatiques qui peuvent ainsi masquer longtemps un état dépressif authentique.

Les plaintes somatiques les plus fréquemment observées au cours de ces dépressions masquées sont une sensation de fatigue, des algies notamment des douleurs précordiales et des douleurs abdominales et des paresthésies.

Le diagnostic de dépression masquée doit être systématiquement évoqué devant un tableau d’asthénie et de douleurs sans lésion organique authentifiable. Il est difficile et repose sur plusieurs éléments :

  • la notion d’antécédents dépressifs caractérisés, personnels ou familiaux.
  • un entretien approfondi à la recherche des signes discrets d’un trouble de l’humeur que le patient n’exprime pas spontanément.

Certains éléments cliniques sont en faveur de ce diagnostic :

  • une tendance inhabituelle au pessimisme,
  • un désintérêt pour les activités habituelles,
  • une sensation anormale de fatigabilité physique et psychique.
  • l’horaire des troubles : insomnie de la seconde partie de la nuit (qui s’oppose aux insomnies d’endormissement des états anxieux)
  • une recrudescence matinale des troubles somatiques
  • l’aspect de  » crise  » par rapport au vécu habituel du patient
  • la disproportion entre les symptômes somatiques présentés et leur retentissement sur l’activité générale du patient.

L’efficacité du traitement antidépresseur est souvent remarquable avec disparition complète des phénomènes algiques. Elle vient alors confirmer le diagnostic ; la guérison permet alors parfois au patient de révéler secondairement la thématique dépressive qui sous-tendait ces plaintes somatiques.