4. Le développement des limites chez l’enfant
Apprendre à l’enfant à respecter des limites, c’est l’aider à se responsabiliser. En lui montrant les bienfaits et les limites de la responsabilité, nous lui faisons découvrir l’autonomie, nous le préparons à assumer ses devoirs d’adulte.
L’Écriture s’étend longuement sur le rôle des principes dans l’éducation. C’est ce que nous appelons généralement la discipline ou la correction. En hébreu comme en grec, le mot traduit par «discipline» signifie «enseignement». Cet enseignement comporte un aspect positif et un aspect négatif.
Les facettes positives de la discipline sont la combativité, la prévention et l’instruction. Discipliner positivement, c’est faire asseoir l’enfant pour lui enseigner une tâche et lui montrer comment l’accomplir. Les pères doivent élever leurs enfants «en les corrigeant et en les avertissant selon le Seigneur» (Éphésiens 6.4). Dans son aspect négatif, la discipline comprend la correction, le châtiment et l’exposé des conséquences. Pour apprendre la leçon de la responsabilisation, l’enfant doit subir les conséquences de ses actions. «Celui qui abandonne le chemin sera sévèrement puni» (Proverbes 15.10).
Une bonne éducation met en œuvre la prévention et la correction, la première par la formation et la pratique, la seconde par l’exposé des conséquences. Prenons un exemple. Vous fixez à 22 heures au plus tard l’heure du coucher de votre enfant de quatorze ans. «Tu auras ainsi assez d’heures de sommeil pour être en forme à l’école», lui dites-vous. C’est l’aspect positif de la discipline. Supposons qu’un jour, votre adolescent traîne jusqu’à 23 heures 30. Le lendemain vous lui déclarez: «Puisque tu ne t’es pas couché à l’heure convenue hier, je t’interdis l’usage du téléphone aujourd’hui.» C’est l’aspect négatif de la discipline.
Pourquoi faut-il manier à la fois la carotte et le bâton pour apprendre à fixer de bonnes règles? Parce que Dieu lui-même se sert des épreuves et des erreurs pour nous faire grandir. Nous progressons vers la maturité en recevant des informations, en les appliquant plus ou moins bien, en commettant des erreurs, en tirant les leçons de nos erreurs et en faisant mieux la fois suivante.
La pratique est indispensable dans tous les domaines de la vie, pour apprendre à skier, à faire une dissertation, à maîtriser l’ordinateur. Nous avons besoin de nous exercer pour arriver à nouer des relations d’amour avec notre prochain et pour apprendre à diriger des études bibliques. Il en est de même pour notre croissance émotionnelle et spirituelle. «La nourriture solide est pour les adultes. Par leur expérience, ils ont entraîné leur conscience à faire la différence entre le bien et le mal» (Hébreux 5.14). La pratique est importante pour apprendre à suivre des principes et à se responsabiliser. Les erreurs sont nos maîtres.
La discipline est une limite externe destinée à favoriser le développement des limites internes chez nos enfants. Elle procure la sécurité en attendant que l’enfant ait assez de personnalité pour s’en passer. Une bonne discipline développe chez l’enfant une structure interne plus solide et l’incite à se responsabiliser davantage.
Ne confondons pas discipline et punition. Cette dernière sanctionne une mauvaise action. Légalement, le châtiment est le prix pour la transgression de la loi. La punition ne laisse cependant pas beaucoup de place à la pratique. Elle n’est pas un bon maître. Le prix est trop élevé: «Le salaire du péché, c’est la mort» (Romains 6.23) et «Celui qui suit toute la loi, mais qui désobéit à un seul commandement est coupable envers toute la loi» (Jacques 2.10). Le châtiment ne laisse pas beaucoup de place à l’erreur.
La discipline agit autrement. Elle n’est pas le paiement pour un méfait. Elle correspond à la loi naturelle établie par Dieu: nous récoltons les conséquences de nos actions.
La discipline diffère de la punition parce que Dieu a cessé de nous punir. Le châtiment a pris fin à la croix pour tous ceux qui acceptent Christ comme leur Sauveur personnel: «Sur le bois de la croix, il a porté lui-même nos péchés dans son corps» (1 Pierre 2.24). Par ses souffrances, Christ a payé la dette de nos méfaits.
Par ailleurs, la discipline et la punition ont un rapport différent avec le temps. La punition concerne le passé. Elle fait payer à l’individu ses offenses passées. Le châtiment qui est tombé sur Christ était le paiement de notre péché. La discipline, elle, s’intéresse à l’avenir. Les leçons qu’elle nous inculque nous aident à ne pas refaire les mêmes erreurs. «Mais Dieu, c’est pour notre bien qu’il nous corrige, il veut nous rendre saints, comme lui» (Hébreux 12.10).
En quoi cela nous aide-t-il? Cette pensée nous rend libres de faire les mêmes erreurs sans craindre une condamnation, et sans avoir peur de perdre notre communion avec Dieu: «Maintenant, ceux qui sont unis au Christ Jésus ne peuvent plus être condamnés» (Romains 8.1). La libération opérée par la croix nous permet de nous exercer sans devoir payer un prix exorbitant en cas d’échec. Le seul danger que nous courons est celui des conséquences, pas celui du rejet et du jugement.
Imaginons une mère qui dit à son enfant de dix ans: «Tu m’as répondu effrontément. Je ne t’aime plus.» Le petit se trouve d’emblée dans la peau du perdant. Il risque de se révolter et de compromettre le lien qui compte le plus pour lui, ou de se plier et devenir obéissant en apparence, en sacrifiant toute possibilité d’apprendre l’art de dialoguer et de faire valoir son point de vue. Les choses sont tout à fait différentes si la mère lui dit: «Je t’aimerai toujours, car c’est une constante de mon cœur. Mais si tu me réponds de nouveau sur ce ton, tu seras privé de vélo pendant trois jours.» La relation mère-enfant est sauve. Le petit n’est pas rejeté ni condamné. Il est placé devant un choix: se contrôler ou subir les conséquences de son emportement, mais sans risque de perdre l’amour de sa mère et la sécurité qu’elle lui procure. La pratique de la discipline est le chemin vers la maturité; c’est apprendre à manger de la nourriture solide.