3. Le contexte culturel

La culture est l’ensemble des coutumes liées à la vie quotidienne (alimentation, monnaie,..) et aux grandes étapes de la vie (mort, mariage, naissance). L’étude des mœurs de l’époque biblique permet de répondre à la même question récurrente de savoir comment les premiers auditeurs à qui étaient destinés le texte le comprenaient. Mieux connaître le contexte culturel présente plusieurs avantages.

A. Mieux comprendre des textes qui sinon resteraient obscurs

Prenons le cas de la dot. Pourquoi Léa et Rachel déclarent-elles, au moment de quitter leur père Laban: «Ne nous a-t-il pas traitées comme des étrangères puisqu’il nous a vendues? Et de plus, il a mangé notre argent.»? L’usage à l’époque voulait que le père de la future mariée ne garde pas entièrement la dot donnée par le futur époux, mais qu’il la cède à sa fille en partie ou totalement au moment du mariage. La dot était donc certes donnée au père mais revenait à la fille en cas de problème, par exemple si elle perdait son mari. C’est pour ces raisons que Léa et Rachel en veulent à leur père Laban. Elles lui reprochent de ne pas avoir observé la tradition car lui seul a profité du travail de Jacob remplaçant la dot. Du coup, elles se retrouveraient sans rien en cas de difficultés.

B. La connaissance des données culturelles permet d’affiner l’interprétation

C’est le cas de la célèbre parabole des talents. Le lecteur du 21ème siècle ne voit pas trop ce à quoi correspond la somme d’un talent confié au serviteur par le maître, ni même deux talents. Or cette somme est colossale! Elle représente l’équivalent d’environ 460 000 euros! Cela en dit long sur la générosité et la confiance du maître, image de Jésus. Un autre exemple est celui de la résurrection de Lazare. Ce n’est pas un hasard si le Christ attend le quatrième jour pour ressusciter son ami de Béthanie. En effet, selon la tradition juive, il n’y avait plus aucun espoir de voir une personne apparemment décédée revenir à la vie après un délai de trois jours. Or pour Lazare, les trois jours sont bien écoulés, le miracle de Jésus en est d’autant plus manifeste.

C. Elle permet d’éviter les contresens

Ainsi un prédicateur contemporain prêchant sur le récit des Rameaux et l’arrivée de Jésus à Jérusalem sur un âne, expliqua que l’âne représentait la Rolls-Royce de l’époque, ce qui montrait à quel point Dieu bénit matériellement ceux qui lui obéissent. Or ce geste est un accomplissement, une référence à Zacharie 9,9: «Voici ton roi, il vient à toi, il est humble et monté sur un ânon, le petit d’une ânesse». Comme le montre la référence à Zacharie, c’est la notion de roi humble et non violent qui prime dans le choix d’un ânon et non celle d’un millionnaire!

Lorsque Jésus parle du «trou d’une aiguille», selon certaines interprétations, ce serait le nom d’une porte de Jérusalem par laquelle les chameaux pouvaient seulement entrer à genoux, à grand peine. Or il n’y a aucune preuve archéologique de ce fait. Jésus veut effectivement dire qu’il serait impossible à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu, d’où la remarque qu’il ajoute: «Cela est impossible aux hommes mais pas à Dieu.»

Les contresens sont aussi nombreux concernant cet autre texte de Jésus: «Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes.» Ce texte est souvent perçu comme accablant. Or si on considère le poids d’un joug, pièce de bois reliant deux animaux et qu’on le rapporte au poids de ces bêtes, comparativement à notre poids, un joug ne pèse pour nous pas plus qu’un litre d’eau! Il s’agit donc dans ce texte non d’une obéissance écrasante mais d’une communion, d’une marche ensemble sur le chemin de la vie.