2. La vie

A. Accepter sa souffrance

La souffrance n’est pas une fin en soi ! Ce n’est pas la mort, c’est une épreuve, un moment difficile à passer. Mais le plus dur, c’est de l’accepter surtout quand elle perdure ! Accepter la disparition d’un proche, accepter un handicap (physique ou moral), accepter une maladie, reconnaître et accepter les blessures d’enfance qui remontent dans notre quotidien, c’est très difficile ! Mais Dieu aide.

Le terme « accepter » n’est pas concevable avec la souffrance ! Et c’est là, que nous arrivons à un choix décisif de combat : combattre la souffrance par différents remèdes afin d’éviter la cause, et aussi la combattre sur les conséquences qu’elle peut nous infliger. Les causes sont multiples, nombreuses et le plus souvent inévitables ! Les causes ne peuvent pas être améliorées, mais les conséquences peuvent l’être à condition d’accepter de combattre.

B. Le combat, c’est la vie

Qui que nous soyons, nous ne pouvons pas passer à côté d’une souffrance quelle qu’elle soit. La vie est un combat, qu’on le veuille ou non ! Nous naissons dans la douleur, nous naissons dans le combat. La douleur suscite le combat, le combat mène à la vie. Le combat, c’est le travail de l’acceptation de la vie. Si nous n’acceptons pas de souffrir, alors nous mourons. La naissance est le fruit d’un travail collectif de la mère et l’enfant. Et quel fruit extraordinaire !

Et dans les épreuves, c’est pareil, c’est un travail collectif combattant le mal qui nous aide à vivre, à « sur-vivre ». Même si on se sent seul, Dieu est avec nous, Il est à nos côtés. Et nous avons à nos cotés, un Dieu d’Amour, créateur du bien et vainqueur du mal. C’est pour ça qu’Il est la résurrection et la vie ! Il suffit de l’accepter et d’y croire, alors nous trouverons le réconfort. Mais si nous ne voulons pas combattre, alors nous mourons. Dieu nous laisse libres, car Il ne veut en aucun cas nous manipuler. « Je laisse devant toi la vie et la mort, choisis la vie » (Deut 3 :15 – 19)

Accepter la souffrance, ce n’est pas être d’accord avec elle, c’est vivre avec, et non pas mourir avec. Comment construire un lendemain quand on a perdu un être aimé? « En faire son deuil», définition du petit Robert : « c’est se résigner à en être privé ». La vie est faite de deuils permanents plus ou moins importants, pour nous entraîner dans une marche combative et vivante ! Voilà le plan de Dieu pour nos vies, c’est que nous ressuscitions avec Lui et au-delà de la souffrance. Si Dieu ne peut pas empêcher la souffrance pour le moment, c’est sans doute qu’elle nous est utile pour que nous puissions voir Sa Puissance de Vie. Et aussi lui-même n’en est pas épargné !

C. La pudeur de Dieu

Quand on souffre, on a tendance à s’en prendre à Dieu ; pourtant on a du mal à s’imaginer que Dieu souffre aussi de notre douleur, car il nous a engendrés et il compatit avec nous. Il souffre aussi quand on lui tourne le dos, quand on l’ignore. Dieu aimerait que nous le reconnaissions comme un Père aimant et protecteur et non comme un juge tout-puissant qui nous manipule. Notre image de ce Dieu d’amour est souvent fausse et déformée. Comme un Père, Il souffre de nos critiques et nos rejets.

Quand notre enfant est souffrant, nous voudrions lui prendre son mal afin qu’il en soit délivré. Et quand nous-même nous souffrons, nous ne voulons pas le transmettre à notre enfant, nous évitons de lui montrer. Et pour Dieu, c’est la même chose ; dans son immense amour pour nous, Il nous accompagne et souffre avec nous. Dans sa grande discrétion, Il s’efface et se retire, pour éviter de nous faire partager sa douleur. La pudeur de Dieu est une marque d’Amour, que l’on a du mal à percevoir.

D. La souffrance de Dieu

Dieu nous a créés homme et femme, à son image (Gen 1 : 27). Dieu a voulu partager avec nous son image, sa ressemblance ; Il veut que nous soyons comme Lui, unis dans Sa joie, Sa Paix et son Amour. L’homme a été créé pour échanger avec Dieu sa glorieuse béatitude. Mais l’homme a voulu encore plus, savoir encore plus, il a goûté au mal. Et c’est à ce moment-là, que Dieu a connu la souffrance, cette terrible souffrance de la séparation d’avec ses enfants bien-aimés. « Alors ils entendirent la voix de l’Eternel Dieu qui parcourait le jardin vers le soir, et ils se cachèrent ». Ce fut l’appel d’un père qui a perdu ses enfants. Sans aucun doute, Dieu a pleuré, son coeur s’est déchiré, et quand il a vu la trahison de ses enfants envers Lui, il a été déconcerté : « qu’avez-vous fait ? »

Son coeur s’est déchiré, désormais il n’y aura plus ce face à face dans cet échange d’amour. L’humanité toute entière fut extirpée du sein même de Dieu ! Dieu a souffert le premier, Il n’a pas souffert seulement pour Adam et Eve, mais pour toute l’humanité. Alors comme un père, Il s’est mis en colère, et les a chassés loin de Sa Face. Quelle souffrance pour cet immense amour donné et piétiné ! Mais Il a respecté le choix de ses enfants, Dieu les a laissés libres ! Les hommes ont toujours le choix, mais leur curiosité se tourne plutôt vers des passions mortelles et destructives. Notre chair est faible, nous préférons nous occuper de notre petit confort que de regarder la souffrance de Dieu.

Nous préférons trouver un remède pour calmer nos maux, que de trouver un moyen pour échanger quelques mots avec Notre Père. La maladie qui nous ronge et qui fait souffrir Dieu, c’est l’orgueil. Voilà la terrible souffrance de Dieu ! Il sait que notre orgueil est notre mort. Notre orgueil est la cause de la souffrance de Dieu, la conséquence nous sépare de Dieu.

E. Le combat de Dieu

Dieu ne s’est pas voilé la face, il ne s’est pas apitoyé sur son sort, il ne nous a pas rejetés et oubliés ! Il nous aime plus que tout, et Dieu a été le premier qui a accepté cette souffrance, de la combattre afin de nous sauver.

Alors Il est venu nous chercher. Dieu s’est fait chair, Dieu s’est fait faible. Il nous a rejoints dans notre humanité, et en plus de sa souffrance il a vécu notre souffrance. Il a choisi de la combattre avec pour seule arme, son Amour. Il a aimé, aimé et encore aimé, et l’orgueil l’a bafoué, cloué et tué. Il est mort.

Dieu connaît la mort, il connaît le deuil et la souffrance que ça représente. Il a vécu trois jours dans le néant, le lieu de la souffrance absolue, où l’on gémit et où on grince des dents ! Dieu a été aux enfers !!!…. et Il a continué à combattre, à aimer. Grâce à cet amour qui surpasse tout, trois jours après, Il est ressuscité, Il est revenu victorieux du royaume des morts.

F. L’Amour, l’arme de Dieu

C’est par Son amour que nous pouvons nous aussi être plus forts que la souffrance. L’Amour seul résiste à la souffrance et la transforme. C’est dans son immense pardon, que Dieu nous donne la possibilité de reprendre ce face à face nourri de bienfaits, par le seul chemin de Jésus. C’est là le point culminant de la foi chrétienne, c’est notre espérance dans l’Amour.

Il y a une force qui nous soutient, nous tient, et nous dépasse, c’est celle de l’Amour que Dieu a pour chacun de nous. Ce Dieu qui se donne, ce Dieu qui est partage, ce Dieu qui aspire à une relation intime avec nous, ce Dieu qui attend patiemment le regard de son enfant tourné vers Lui. Ce père qui souffre et qui attend la venue de Son fils perdu.

G. Le pardon dans la justesse de l’Amour

Comme le fils prodigue, demandons pardon à Dieu. Demander pardon est une réconciliation à l’Amour. Pardonner est une libération dans l’amour. « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Ne nous soumets pas à la tentation, et délivre-nous du mal ». Le pardon nous mène à la délivrance ; il nous évite de retomber dans une mauvaise voie ; le pardon nous écarte de la tentation. C’est par le chemin du pardon que la souffrance du coeur se transforme en Amour, en Amour juste et vrai. L’amour ne peut se satisfaire sans la vérité ; aimer avec précision, droiture et clairvoyance. La justice de Dieu ce n’est pas seulement le jugement de Dieu, mais c’est aussi la justesse dans le sens même de la vérité.

« L’amour se réjouit dans la vérité » (1 Cor. 13 : 6 b) La vérité nous l’acquérons dans la souffrance, mais l’Amour nous aide à surpasser notre souffrance.

Souvent on se dit, plus on aime, plus on souffre ! Alors on se protège de l’Amour. On décide de lever le pied, on se retire. Car trop d’Amour peut nous faire mal, et notre Père le sait bien, c’est pour cela qu’Il attend patiemment, et qu’il agit avec tendresse et guérit avec douceur. C’est à nous à dire ce simple « Oui », « Oui Seigneur, j’accepte ton Amour, j’accepte de me mettre en marche, et ainsi de vivre ce combat quotidiennement avec Toi. »

Les conséquences de la rupture finale avec l’Amour n’ont plus lieu d’être. Une nouvelle séquence va reprendre, une vie en relation bénie va naître.

Dieu ne peut pas nous éviter de souffrir pour le moment.

Sinon nous serions comme dans une bulle, surprotégés, et vaccinés de tout !… Une bulle a un espace assez restreint ! L’Amour sans la Liberté n’a pas lieu d’être et la liberté provoque la souffrance. Aimer actuellement sans souffrir, ce n’est pas possible, car nous sommes dans un monde coupé de Dieu. Dieu seul est la source de l’Amour, et Il est dans chacun de nous. Quand on aime, on s’expose à la souffrance. Le cantique de Marie résonne encore aujourd’hui : « on m’appellera bienheureuse… » et pourtant une épée a transpercé son coeur !

« Mais la souffrance d’aujourd’hui n’est rien comparée à la gloire que Dieu nous montrera plus tard » (Rom 8 : 18 et Apoc. 21 : 4). Là-haut, nous aimerons sans la moindre souffrance, car il n’y aura plus aucune séparation. Jésus, notre Messie, nous a délivrés de cette coupure avec Dieu et nous permet de nouveau un face-à-face avec notre Père, notre Créateur. « Nul ne vient au Père que par moi ».

Quelle est notre image du Messie ?

Nous avons tendance à faire comme les Juifs du temps de Jésus ; ils étaient en attente d’un Messie qui les délivrerait des Romains. Puis quand ils se rendirent compte que Jésus faisait des miracles, des guérisons, des foules entières venaient pour être rassasiées et guéries. La foule de Jérusalem l’acclamait comme un Roi par des chants de joie, lui rendit gloire pour tous les prodiges qu’il a faits !

Trois jours après, cette même foule l’a exécuté ! Elle le voyait prisonnier des Romains, impuissant, et ne pouvant même pas se sauver lui-même ! Cette foule s’est désintéressée de Lui, car Jésus ne pouvait plus rien leur apporter. Toute cette population avait mis son espoir en lui, et le voir si chétivement vêtu et se laisser massacrer sans rien dire… ça, personne n’a pu le supporter, pas même ses disciples !

Et nous aujourd’hui, peuple chrétien, peuple appartenant au Christ, peuple de la nouvelle Jérusalem, comment sommes-nous ? Où en sommes-nous avec notre Messie ? Sommes-nous pareils que ce peuple d’Israël ? Nous exigeons du Christ notre guérison, nous voyons en Lui un avantage dont nous tirons profit : la guérison ! Est-ce réellement ça la Bonne Nouvelle ?

Un Messie qui nous débarrasse de tout ce qui nous encombre ou nous diminue, pour nous rendre beaux, forts, libres ?…. Jésus-Christ est venu pour que nous ayons la vie en abondance. De quelle abondance s’agit-il ? Santé ? Richesse ? Intelligence ?

Certes Jésus guérit encore aujourd’hui, mais cela n’est rien en comparaison de l’abondance qu’Il nous promet et qu’Il nous donne, si nous en prenions conscience.

H. La vie en abondance

La Bonne Nouvelle, c’est qu’il nous donne la vie en abondance, afin que notre paix soit immense et notre joie soit parfaite. Nous allons retrouver cette image parfaite de Dieu, ce face-à-face permanent avec ce Père si aimant et si juste !

On peut être souffrant dans un lit ou sur une chaise roulante et avoir la vie en abondance ! On peut être en deuil et avoir tout perdu, maison et famille, et avoir la vie en abondance ! Oui ! Peuple de Dieu, voici la force de la Bonne nouvelle ! Jésus ne peut pas empêcher la souffrance pour le moment, mais Il peut la surpasser par la force de son Amour, de Sa Paix et de Sa joie. Ne restons pas enfermés en bougonnant à longueur de temps sur notre sort, en critiquant la cause de notre souffrance, « c’est à cause de ci, c‘est à cause de ça », mais acceptons de combattre afin que cette conséquence devienne une vie bénie !

Les guérisons et les miracles de Jésus ne sont que des étincelles de la lumière de la Gloire de Dieu ! Imaginez la suite !…. Jésus est venu nous apporter la Bonne Nouvelle, c’est celle de connaître Dieu, non à la manière des hommes mais à la manière de Dieu.

Laissons-nous surprendre d’une nouvelle manière, à croire et à connaître Dieu. Celle de renaître avec Dieu, celle de revivre avec Dieu. Vivre et croire en Dieu dans notre condition humaine, avec nos problèmes et nos souffrances, et par-dessus tout, réaliser combien Dieu est bon ! Combien la vie qu’il nous a donnée est belle à prendre et combien son amour surpasse tout, même la souffrance.

« Mes frères et soeurs chrétiens, quand vous rencontrez des difficultés de toutes sortes, soyez très heureux. Vous le savez, si votre foi reste solide dans les difficultés, celles-ci vous rendent plus résistants. Il faut que vous résistiez jusqu’au bout, alors vous serez vraiment parfaits et vous ne manquerez de rien. » (Jacques 1 : 2-4)