1. La souffrance

Souffrance ! Quel mot redoutable !

On a du mal à digérer la souffrance ; on ferme les yeux ; on évite un face à face avec elle. Elle nous horripile, elle nous fait peur. On la redoute, on l’ignore, on ne la reconnaît pas, on la sous-estime.

« Ça va passer, …. Ça ira mieux, … Il y a pire que ça !…. »

Que de mots, de phrases, d’expressions qui essaient de calmer, de rassurer, mais qui souvent enfoncent, et amplifient l’existence même de la souffrance.

Car la souffrance existe, et c’est bien là le problème ! Elle existe de différentes formes, de différentes couleurs, de différentes expressions, morale, physique, ou spirituelle ! Elle est inscrite dans nos gènes, elle est naissance et mort, elle fait partie de la vie. Nous ne pouvons pas lui échapper, ce serait une utopie que de croire de vivre sans elle ! …

Et pourtant la souffrance attire, le vice du voyeurisme est très prisé de nos jours, à condition d’être confortablement assis et protégé derrière notre téléviseur ! Compatir à distance nous donne bonne conscience ! Notre petit écran nous asservit de mets succulents d’horreur et de violence. Un film sans un drame ne fait plus d’effets. Notre société ne peut plus s’en passer ! Le malheur des autres est attractif, mais quand il passe de l’autre coté, il devient réellement intolérable ! Et notre ego en prend un coup !

Alors on se dit pourquoi ? Pourquoi la souffrance ? À quoi sert-elle ? Pourquoi agit-elle de la sorte ? … Comment se positionner face à cet adversaire si redoutable ? Quelle arme faut-il prendre pour la combattre ? Doit-on se laisser faire et rester sa victime ? Se plaindre indéfiniment toute notre vie ? Ou doit-on se battre à bras le corps avec un sentiment de toute-puissance héroïque ?

À force de parler d’elle ainsi elle va prendre de l’importance, de la puissance ! Alors que faut-il faire ? On l’ignore, on rêve, … Mais ça ne dure pas longtemps car elle a vite fait de nous rattraper !

Et c’est quand on n’en peut plus que l’on s’adresse à Dieu. Mais avant de lui demander son aide on Lui demande pourquoi. Et souvent on le lui demande avec hargne et colère. On ne comprend pas ! On lui demande des comptes ! Mais quels comptes ?… Est-ce Lui qui est à l’origine de nos souffrances ? Est-ce Lui qui les a créées? Nous voulons absolument comprendre, comprendre Dieu ! Savoir ce qu’Il fait, ce qu’Il pense, savoir pourquoi il a fait ce monde ? En réagissant ainsi, nous continuons à manger au fruit défendu. Nous critiquons Adam et Eve, mais nous continuons à faire comme eux, à vouloir être l’égal de Dieu ! Pour comprendre, l’homme a besoin de base, l’origine du bien, l’origine du mal.

Dieu est à l’origine du bien, pas du mal !…

Alors le mal d’où vient-il ? Si la Bible ne nous en parle guère c’est qu’il y a une raison ! Et si nous voulons absolument savoir d’où vient ce mal, alors nous nous enfonçons et nous nous séparons de Dieu. (Gen 2 : 17). Dieu a créé la lumière et Il sépara la lumière d’avec les ténèbres. Dieu a créé la lumière dans les ténèbres. Dieu n’a pas créé les ténèbres, elles y étaient déjà ! (Gen 1 : 1-5) Dieu crée et sépare. Il est celui qui domine, Il est celui qui a le dernier mot. Il est le Tout-puissant ! Il est celui qui est !

Alors s’Il est le Créateur, s’Il est le tout puissant, pourquoi est-ce qu’il n’empêche pas la souffrance ? Et bien, tout simplement parce qu’il ne peut pas, pour le moment. « Il essuiera toute larme de leurs yeux, il n’y aura plus de mort, il n’y aura plus de deuil, ni lamentation, ni douleur. Les choses anciennes auront disparu. (Apoc. 21 : 4). Et nous vivons actuellement dans « les choses anciennes ».

Le pasteur Alain Houziaux disait : « Dieu ne peut pas empêcher la souffrance, car Dieu c’est la force de la vie, de la résurrection, et cette force ne peut pas empêcher qu’il y ait des microbes, des cataclysmes, des rages de dents et des camps de concentration. Certes, Dieu est tout-puissant, mais le propre de la toute-puissance de Dieu, n’est pas d’empêcher les maladies, c’est de pouvoir ressusciter la vie, l’amour et même le rire et la joie en dépit des souffrances. »

Voilà une arme que Dieu nous tend : la vie, l’amour, la joie. C’est cela la toute-puissance de Dieu. Cette puissance qui nous fait vivre malgré tout, cette puissance qui nous fait aimer, qui nous fait rire ! C’est la puissance de la résurrection de la Vie, malgré nos souffrances. Et pour cela, il nous faut nous remettre à Dieu, Lui demander son aide, lui demander sa force de vie, sa force d’amour, sa force de joie. Puiser en Lui toutes forces de vie. De nous-mêmes nous ne pouvons rien. La souffrance nous amène à réaliser notre condition humaine, notre simple condition humaine !

A. Humilité

Cela peut-être une des premières utilités de la souffrance. Elle nous apprend à être humble. Elle nous apprend à comprendre les autres. Quand on est passé par la souffrance, on sait ce que c’est que d’être faible, aigri et même égoïste. Elle nous apprend à devenir humble vis-à-vis de soi-même et compréhensif vis-à-vis des autres. C’est l’expérience de la souffrance qui rabote notre ego, nos jugements tout faits et trop rapides !

B. L’expérience de la souffrance

C’est l’expérience de la souffrance qui nous rend humains et qui nous fait perdre notre dureté. Elle nous rapproche de notre réalité humaine. Elle nous fait passer si on le veut bien, dans la purification. Mais c’est ce passage-là qui est difficile, surtout quand la souffrance perdure dans le temps ! Comment tenir sans se révolter, sans se poser des questions ? Comment garder notre calme quand la douleur nous ronge ? Comment l’accepter sans se révolter ?

C. La révolte

La révolte me paraît nécessaire, tout en restant vigilant car elle peut nous faire basculer dans un colère excessive et non maîtrisée. Il est important de ne pas se tromper d’adversaire. La révolte est contre la souffrance et non contre Dieu. Se révolter contre Dieu, contre le bien, est à rejeter. La révolte contre le mal est à maintenir ; voilà comment on peut garder une part de révolte dans l’acceptation. S’il n’y a pas de révolte, il n’y a pas de combat, s’il n’y a pas de combat, c’est la mort. La vie n’est-elle pas un combat ? Le combat nous permet de séparer le bien du mal.

La souffrance nous induit la révolte. La révolte nous extirpe les maux par nos mots et ainsi elle nous permet d’accéder à une communication vers nous-même et vers Dieu dans une vérité humble.

D. Autres utilités

Dans 1 Pierre 1 : 22, il est écrit : « En obéissant à la vérité, vous êtes devenus purs pour aimer sincèrement vos frères et soeurs en Christ. » La vérité n’est pas de dire « j’ai raison, l’autre a tord ». La vérité, nous y accédons dans l’humilité envers nous-même, notre prochain et envers Dieu et ensuite nous sommes libres d’aimer en toute sincérité. La vérité nous rend libres. La souffrance nous mène à l’essentiel, elle nous rend sincères et vrais.

 Voici une autre utilité de la souffrance. Elle forge et épure nos convictions. C’est dans la Foi et l’espérance que sera notre force. Tous les gens persécutés pour leur foi, ont été d’autant plus enracinés dans leur conviction, dans leur amour pour Dieu.

E. Autres questions

Encore une question que l’on peut se poser : « Pourquoi Dieu a-t-Il permis que son Fils Jésus ait subi autant de souffrances, de violences et d’humiliations ? Comment un père peut-il laisser souffrir son fils de la sorte ? » C’est une question qui revient souvent ! Et bien je reprendrai la question autrement : pourquoi Jésus a-t-Il choisi une vie d’homme de condition simple (charpentier) avec une souffrance extrême (la crucifixion) ? Il aurait pu venir dans la peau d’un gourou, assis dans la position du lotus, en lévitation au-dessus des douleurs et des souffrances de toutes sortes. Il aurait pu venir dans la peau d’un super héros, monsieur « je sais tout, j’ai peur de rien »! Aurait-il pu répondre encore aujourd’hui à nos questions face à la souffrance et à la mort ? …. En aucun cas !…

Il aurait été plus réconfortant pour nous d’avoir pour exemple et pour modèle un Jésus-Christ qui nous montrerait comment on peut dépasser la souffrance, voire même la supprimer !

Dieu s’est mis à notre niveau, dans notre condition humaine. Il s’est fait chair, ainsi Il peut nous comprendre et nous accompagner dans toutes nos épreuves les plus insignifiantes de notre vie et les plus difficiles. Il est passé aussi par la mort. Il est descendu aux enfers, il y a vécu pendant 3 jours ! Il sait ce que c’est que de mourir !

F. Bonne Nouvelle

Mais la Bonne Nouvelle qui est proclamée encore aujourd’hui, c’est sa résurrection !

Jésus a vaincu la mort et la souffrance!

Mais Il est ressuscité avec les cicatrices des tortures qu’il a subies. Les ténèbres sont toujours là, mais Il est venu nous apporter la lumière. Il nous accompagne dans nos souffrances pour le suivre sur le chemin de la résurrection. Et c’est petit à petit dans notre vie que Jésus nous invite à vivre la résurrection dans notre quotidien, en relation avec lui et avec les autres.

Ne nous laissons pas envahir pas le malheur et la souffrance, imprégnons-nous de son amour, de sa joie et de sa paix en toute circonstance.

« Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort » (1Cor 15 : 26) et la souffrance également. « Il essuiera toute larme de leurs yeux, il n’y aura plus de mort, il n’y aura plus de deuil, ni lamentation, ni douleur. Les choses anciennes auront disparu. » (Apoc. 21 : 4)